Quel accompagnement des projets d’installation en maraichage bio sur petite surface ?

Publié le : 24 octobre 2017

Les projets d’installation en maraichage sur petite surface sont de plus en plus nombreux depuis quelques années. Cela s’explique en partie par une forte médiatisation autour du mouvement de la permaculture et aussi par l’implication de mouvements citoyens dans la mise en place des AMAPs depuis 15 ans. En mars 2017, un séminaire réservé aux professionnels de la formation, de l’installation agricole et de l’accompagnement de projet a été organisé à la Ferme du Bec Hellouin. De nombreux conseillers et animateurs de GAB y étaient présents. Retours sur les réflexions issues de cette journée et les pistes de travail à explorer pour mieux prendre en compte les attentes et les spécificités des projets de microfermes en permaculture.

Installation en microfermes bio et permaculture

La permaculture suscite un vif intérêt chez de nombreuses personnes, notamment non issues du milieu agricole. La ferme du Bec Hellouin (Normandie) est sous les projecteurs depuis la publication d’une étude pilotée par l’INRA, qui montre des résultats économiques remarquables mesurés sur une surface très réduite. Le maraîchage sur petite surface apparaît donc comme accessible à tous : besoin en foncier très réduit, investissements de départ faibles, vulgarisation des techniques culturales…

Les fermes qui s’inscrivent dans ces modèles ont généralement une surface cultivée de quelques milliers de mètres carrés : de 1000 m² à 1 ha par personne. Les légumes sont cultivés en associations et se succèdent très rapidement : un légume est implanté avant que celui en place ne soit récolté, etc. L’outillage est essentiellement manuel, il n’y a pas de tracteur ou parfois un motoculteur. Du matériel spécifique a été développé, comme un semoir de précision 6 rangs. Avec l’irrigation, les serres représentent finalement le principal investissement à l’installation.

Au-delà de ces aspects techniques, ces projets se caractérisent par des valeurs fortes : l’autonomie du système, le respect du vivant se traduisant par une absence ou peu travail du sol, une volonté de préserver et d’enrichir la biodiversité…

Le monde agricole a pu être perturbé par ces projets relativement nouveaux, car ils proposent un modèle différent. Ces porteurs de projets sont parfois vus comme des « rêveurs », loin des réalités du métier de maraicher diversifié. Mais n’oublions pas que les premiers agriculteurs bio, il y a quelques décennies, ont suscité les mêmes réactions auprès du monde agricole de l’époque ! Voici quelques pistes de réflexion sur le sujet pour changer de regard sur l’accompagnement de ces nouveaux arrivants dans l’agriculture…

Des projets pas toujours simples à accompagner

Malgré cet engouement, différents obstacles sont rencontrés dans l’accompagnement de ces futurs agriculteurs, parmi lesquels :

  • Une difficulté à positionner le projet entre vocation privée d’autonomie alimentaire et entreprise professionnelle ;
  • Un manque de connaissance des techniques culturales en général mais aussi propres à la permaculture ;
  • Des difficultés à « rentrer dans les cases », par exemple auprès de la MSA ;
  • Des porteurs de projets qui veulent parfois se détacher du circuit d’installation traditionnel (formation BPREA, parcours JA, etc.) et qui ne sont pas forcément connus ou accompagnés par des structures agricoles ;
  • Des difficultés d’accès au foncier permettant un projet agricole viable ;
  • Un manque de références et de repères technico-économiques pour des projets sur petites surfaces : temps de travail, chiffre d’affaires, etc. .

Des pistes de solutions pour sécuriser les installations

L’objectif du séminaire était d’aborder ces différents points de blocage, et d’envisager des pistes de travail. Quelques points ont ainsi été évoqués :

  • La formation, qui doit rester un pilier central de l’installation agricole. Les BPREA en maraîchage devraient intégrer, pour la rentrée 2017, un module sur la permaculture, afin de s’adapter à cette nouvelle demande.
  • L’expérience avant installation, qui reste indispensable dans tout projet agricole, d’autant plus lorsque les porteurs de projets ne viennent pas du milieu agricole. Cela soulève cependant des freins, comme la difficulté de trouver du salariat en maraîchage, ou l’absence de rémunération dans le cas des stages.
  • La production de références technico-économiques est nécessaire, pour aider non seulement les porteurs de projets à se situer, mais également les conseillers à accompagner la construction de projets viables. Des travaux sont déjà en cours dans les structures du réseau bio de plusieurs régions.
  • Le développement des espaces tests agricoles, pour permettre aux porteurs de projet de se tester avant de s’installer.
  • Les échanges et les transferts de connaissances entre agriculteurs (rôle central d’animation du réseau bio).
  • L’encouragement des porteurs de projets et maraîchers installés à intégrer le réseau bio.

De nombreux autres points sont à prendre en considération et les conseillers agricoles sont conscients du rôle qu’ils ont à jouer dans l’accompagnement de ces nouvelles formes d’agriculture. Le réseau FNAB travaille ces questions et continuera de le faire dans les années à venir. Vous avez un projet d’installation en micro-ferme, en permaculture  ? N’hésitez pas à contacter votre GAB local.

 

En savoir plus sur la permaculture & les microfermes bio :

Retrouvez la conférence de Kévin Morel lors du salon La Terre est Notre Métier 2016 sur le sujet :

 

Article par Antoine Marquet (Association Bio Normandie), relecture Diane Pellequer (FNAB).