La production de bœufs en race allaitante

Publié le : 2 mai 2017

La production de viande pour le marché bio fait partie des principaux enjeux de l’élevage bovin allaitant bio. Il est pourtant possible de valoriser les bovins mâles dans les circuits de l’agriculture biologique pour la production de bœufs. Cette production, bien commercialisée en filières bio, permet en outre de valoriser les surfaces en herbe. Voyons les différents choix techniques que l’éleveur doit faire pour produire des bœufs.

© Bio Centre

Mettre en place un atelier d’engraissement en élevage allaitant

L’éleveur doit tout d’abord étudier la faisabilité d’intégrer cette production dans sa ferme :

  • de quelles surfaces fourragères dispose-t-il ?
  • y a-t-il suffisamment de surface en bâtiment pour réaliser l’engraissement ?
  • a-t-il la possibilité de produire sur la ferme des céréales et des protéagineux ?
  • y a-t-il des débouchés pour les bœufs dans sa région ?

Afin de conserver l’autonomie alimentaire de l’atelier bovin allaitant, l’éleveur peut être amené à diminuer le nombre de vaches au profit des animaux à l’engraissement. Le cas échéant, la production de bœufs peut lui permettre d’optimiser son temps de travail, dans la mesure où l’engraissement est moins consommateur de main d’œuvre que la conduite des vaches.

Les bœufs sont conduits au moindre coût, dans un objectif de valoriser au maximum l’herbe. Ainsi, les croissances hivernales sont limitées alors qu’on recherche une forte croissance des animaux pendant la période de pâturage, l’herbe étant l’aliment le moins cher. Les croissances hivernales seront limitées à 600 grammes par jour maximum, afin de profiter de la croissance compensatrice au pâturage suivant. Celle-ci pourra atteindre plus de 1 000 grammes par jour au printemps uniquement avec l’herbe. Un niveau de croissance trop élevé pendant l’hiver conduirait à une mauvaise valorisation du pâturage au printemps suivant. En plus, une croissance hivernale soutenue nécessite une complémentation à base de concentrés qui augmenterait les coûts de production.

Choisir sa conduite d’élevage

La période et le poids d’abattage

Les propositions de conduites suivantes (abattage à 36 mois et abattage à 40 mois), autour desquelles des variantes sont possibles, visent à optimiser les niveaux de croissance en fonction de l’objectif de poids à atteindre à la vente. Les deux cas présentés sont adaptés aux races Charolaises, Salers, Aubrac et à leur croisement. Pour la Limousine et la Blonde d’Aquitaine, il faut prévoir davantage de concentrés surtout en finition.

Ces deux exemples sont réalisés à partir d’une naissance en fin d’hiver. Ils diffèrent par l’époque de vente : dans le premier cas, avec un abattage à 36 mois, les bœufs sont vendus en début d’hiver (janvier), alors que dans le second exemple, les bœufs ont 40 mois à l’abattage et sont commercialisés au printemps.

Les bœufs abattus à 40 mois ne ressortent pas au printemps qui précède l’abattage. En effet, la période de finition ayant commencé, si les bœufs sortaient, ils perdraient le poids et l’engraissement acquis en début de finition. Avec les types génétiques dont on dispose en France, il est impossible de finir des bœufs uniquement avec le pâturage de printemps. C’est envisageable avec des génisses.

Il est aussi possible de coupler ces deux types de conduites afin d’étaler les ventes de bœufs. On peut également avoir deux époques de vêlage (automne et printemps), ce qui facilite l’étalement des ventes de bœufs et permet plus facilement d’avoir une finition en période de pâturage (une complémentation en concentré restera nécessaire).

Les périodes de vente des bovins doivent être réfléchies avec l’acheteur afin de vérifier que les prévisions de sortie d’animaux correspondent aux besoins de la filière, sachant que la production de génisses peut venir compléter les périodes de vente des bœufs.

Exemple 1 : naissance en hiver, abattage à 36 mois,
pour un poids de carcasse autour de 420 kg

Exemple 2 : naissance en hiver, abattage à 40 mois,
pour un poids de carcasse autour de 450 kg

La conduite alimentaire

Pâturage :

Pour obtenir les croissances indiquées au pâturage, il est nécessaire de mettre en place un pâturage tournant : maximum 6 jours sur la même parcelle, sachant qu’un temps de pâturage de 2 jours par parcelle améliore encore la pousse de l’herbe.

Rations hivernales :

La ration du premier hiver est constituée de 6 Kg de foin et de 0,8 Kg d’un mélange orge-féverole (ou autre mélange céréales-protéagineux) par animal et par jour. Autrement, elle peut être basée sur 3 Kg de foin et 6 Kg d’enrubannage (à 50 % de matière sèche), sans apport de concentré.

La ration du deuxième hiver peut être constituée de 9 Kg de foin (soit à volonté) par animal et par jour et 0,6 Kg d’orge-féverole (ou céréales-protéagineux). On peut aussi faire une ration comprenant 4 Kg de foin et 8 Kg d’enrubannage et ne pas ajouter de concentré.

Finition :

La phase de finition dure 4 à 5 mois avec un concentré constitué uniquement de céréales, qui suffisent à équilibrer la ration. Il est intéressant d’utiliser un mélange de céréales (orge, épeautre, triticale), qui seront aplaties pour une meilleure assimilation.

La finition peut être basée sur le foin comme unique fourrage. Dans ce cas, pendant la finition, la ration est complétée par du concentré dont la quantité est plafonnée à 5,5 Kg par jour, en commençant par en distribuer 3 Kg par jour et en augmentant de 1 Kg par semaine. Dans le cas d’une ration avec de l’enrubannage, les céréales sont plafonnées à 4,5 Kg par animal et par jour.

Qualité et quantités :

Pour réaliser ces rations, il est nécessaire d’avoir un foin et/ou un enrubannage de bonne qualité. Il est préférable de ne pas dépasser 3 Kg de concentré par repas et par animal et de donner le foin en premier.

La castration

La castration peut être réalisée à 2 époques, avec une méthode différente :

Étant donné les ralentissements de la croissance constatés dans les deux cas, il n’y a pas de différence de poids final entre les animaux castrés à 1 mois et ceux castrés autour de 10 mois.

 

Article rédigé par Jean-Marie Mazenc (Bio Centre).