Favoriser l’usage des plantes en élevage

Publié le : 15 mai 2019

Pour répondre à un besoin et une demande grandissante d’utilisation des plantes par les éleveurs pour le soin aux animaux, un groupe de travail, le collectif « Plantes en élevage », a été formé et coordonné par l’ITAB dans le but de proposer une liste de plantes utilisables en élevage, ainsi qu’un nouveau cadre réglementaire adapté à ces usages.

Un usage croissant par les éleveurs

Une réglementation inadaptée

Entre complément alimentaire et médicament vétérinaire

Les spécialités à base de plantes sont souvent classées dans la catégorie des compléments alimentaires. Mais dès lors qu’une substance à base de plantes fait l’objet d’une allégation thérapeutique, qu’elle soit écrite ou orale, elle passe dans la catégorie du médicament vétérinaire, ce qui nécessite une autorisation de mise sur le marché (AMM). Par ailleurs, l’automédication est interdite en élevage. L’usage des plantes par les éleveurs à des fins thérapeutiques (préventives ou curatives), « propres à guérir ou à soulager les maladies », est donc illégale sans prescription vétérinaire.

En absence d’AMM, les vétérinaires peuvent délivrer des mélanges à base de plante sous forme de préparations magistrales. Mais les conditions réglementaires de réalisation des préparations magistrales rendent quasiment impossible cette réalisation. De fait, la réglementation actuelle rend impossible l’usage des plantes en élevage.

En contradiction avec le cahier des charges bio

Ces difficultés sont d’autant plus difficiles à comprendre que ces spécialités à base de plantes font partie des alternatives à privilégier dans le soin des animaux en agriculture biologique. En effet, le règlement européen qui encadre le cahier des charges de l’agriculture biologique précise que les produits phytothérapiques, les produits homéopathiques et les oligo-éléments doivent être utilisés de préférence aux médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou aux antibiotiques (articles 23-24 du RCE 889/2008). Elles représentent de vraies alternatives à l’usage d’antibiotiques et d’antiparasitaires, et à ce titre permettraient de répondre aux objectifs des plans Ecoantibio (cf. article « Phytothérapie : quel contexte réglementaire en Agriculture Biologique ? »).

Proposition d’une nouvelle catégorie juridique, les préparations naturelles traditionnelles

Face à cette situation de blocage, le collectif « Plantes en élevage » propose de créer une nouvelle catégorie dans le code rural, celle de « préparation naturelle traditionnelle », composée exclusivement de substances naturelles à usage biostimulant. Les procédés par lesquels seraient obtenues les préparations naturelles traditionnelles devraient être accessibles à tout utilisateur final et consisteraient en des moyens simples clairement définis dans la loi.

Cette proposition juridique permettrait :

  • de sécuriser juridiquement des pratiques assez répandues en élevage
  • de clarifier le cadre dans lequel se déroulent les formations
  • de recourir à ces préparations de manière autonome
  • de conserver ces préparations dans le domaine public
  • d’apporter un cadre complémentaire à celui du médicament vétérinaire.

Liste de plantes à effet biostimulant

Des plantes « adaptogènes »

Une liste de substances naturelles à effet biostimulant a été réalisée à dire d’experts. La liste de plantes à effet biostimulant comprend environ 223 plantes utilisées fréquemment en élevage. Elle est composée des plantes à usage alimentaire chez l’homme, de plantes couramment consommés par les animaux et des plantes utilisées en phytothérapie humaine. Leurs modalités d’utilisation (partie, conditions…) et leurs références dans la pharmacopée ont été précisées.

Ces plantes sont dites « adaptogènes », c’est-à-dire qu’elles favorisent l’adaptation des animaux et de l’homme à leurs conditions de vie, en particulier quand elles sont difficiles, variables, sélectives, ou compétitives. Ces plantes « adaptogènes » au sens initial ont ainsi des actions bénéfiques dans les situations de stress qui peuvent être aussi bien d’ordre physique que psychique (forte sollicitation, compétition, changement…).

Élaboration de la liste

La méthode retenue pour élaborer cette liste a intégré :

  • Des critères d’inclusion : type d’extrait, partie de la plante, références aux listes existantes, pharmacopée française (PHF), utilisation en soin humain, commentaires liés à la pharmacopée…
  • Une mise en parallèle avec la liste issue de législations existantes dans d’autres pays (Canada)
  • La liste des plantes inscrites au tableau 1 dans le règlement (UE) n°37/2010 de la Commission du 22 décembre 2009, relatif aux substances pharmacologiquement actives et à leur classification en ce qui concerne les LMR (limites maximales de résidus) dans les aliments d’origine animale.

Cette liste de plantes n’a donc pas vocation à être restrictive mais vise à proposer une majorité des plantes utiles en élevage.

Composition de la liste

1. Plantes à usage alimentaire chez l’homme

  • Aliments : artichaut, ortie, pissenlit, etc.
  • Épices : ail, thym, romarin, basilic, menthe, cannelle, origan, girofle, sarriette, serpolet, fenugrec, etc.
  • Huiles essentielles : basilic, girofle, menthe, cannelle, lavande, laurier, romarin, thym, etc.

2. Plantes couramment consommées par les animaux

Ortie, pissenlit, achillée millefeuille, verge d’or, absinthe, feuilles de noyer ou de frêne, rameaux de pin, de cyprès, de genévrier, etc.

3. Plantes utilisées en phytothérapie humaine

En plus de toutes les plantes déjà citées, on peut rajouter le teatree, le palmarosa, le niaouli, le ravintsara, le pin sylvestre, l’eucalyptus globuleux, etc.

Pour aller plus loin

Le contenu de cette page a été rédigé par le collectif « Plantes en élevage » au-travers d’une plaquette de présentation de sa démarche que vous pouvez télécharger en cliquant ici. Si vous souhaitez consulter la liste des 223 plantes à usage biostimulant en élevage, vous la retrouverez également sur le site de l’ITAB en cliquant ici.

Le site Our Living Word détaille les problématiques posées par l’inadaptation de la réglementation sur l’usage des plantes et substances à base de plantes pour la santé animale : http://www.ourlivingworld.eu

Un dossier complet y est présenté pour approfondir le sujet, notamment à destination de la presse, intitulé « Santé en élevage : Comment le durcissement actuel de la réglementation entrave le développement des méthodes naturelles et l’évolution des éleveurs vers des pratiques agroécologiques ». Vous y trouverez aussi une pétition. Et si vous le souhaitez, vous pouvez aussi rejoindre l’initiative citoyenne ICI VIE « pour l’impératif du vivant et de l’écologie ».