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Un hiver doux de plus qui s’éloigne, voilà deux ans que les conditions climatiques n’aident pas à limiter les populations de parasites internes. Comment favoriser l’adaptation des bovins à un milieu riche en parasites ? Quels sont les outils d’aide à la décision à disposition des éleveurs pour la gestion des parasites ? Nous vous proposons quelques clés pour faire face à une famille de parasites très présents en cette saison : les strongles.
Les parasites vivent alternativement dans nos prairies et à l’intérieur des ruminants. De façon schématique, on peut distinguer deux grandes catégories de parasites : ceux qui vont de l’animal à l’herbe et de l’herbe à l’animal ; ceux qui passent par un « hôte intermédiaire » et dépendent donc de la présence de cet hôte, tels les petites et grandes douves, les paramphistomes, les tænias…
Les parasites qui préoccupent majoritairement les éleveurs en cette saison sont ceux au cycle simple appartenant à la grande famille des strongles et dont la charge parasitaire sur les pâtures augmente au fil du printemps.
Cette représentation du cycle est valable pour les strongles et trichostrongles digestifs dont la présence est classiquement évaluée par la coproscopie et dont les conséquences sur la santé de l’animal sont assez variables d’une espèce à l’autre. Les strongles respiratoires responsables de la bronchite vermineuse suivent un cycle proche.
Au fil du printemps, les bovins broutent de l’herbe où se trouvent les larves L3 (stade infestant), larves qui se transforment en adultes à l’intérieur de l’organisme (période prépatente), lesquels vont pondre des œufs une vingtaine de jours plus tard. Ces œufs évoluent ensuite en passant par les différents stades (œufs, L1, L2) pour devenir à leur tour des larves L3, entre une et trois semaines plus tard selon l’espèce de strongles et la température extérieure. Au fil de ces cycles de 4 à 6 semaines, le milieu s’enrichit donc de larves L3 qui survivent généralement plusieurs mois dans les conditions de température et d’humidité estivales. Les larves L3 se situent surtout au pied des herbes, à moins de 10 cm du sol, même si elles montent et descendent sur les tiges selon le degré d’humidité de l’herbe (elles sont plus hautes après la rosée du matin par exemple).
La phase extérieure est très dépendante de la température et certaines interventions peuvent aider à limiter la charge parasitaire. La rotation peut être intéressante mais un retour sur parcelle toutes les trois semaines (ce qui est souvent le délai optimal du point de vue de la pousse de l’herbe) est quasi-équivalent à un pâturage continu. Le tableau ci-dessous résume les conditions et actions influençant le degré d’infestation des prés.
Heureusement, les animaux apprennent à gérer ces parasites et une immunité se met progressivement en place à leur contact. Il ne s’agit pas d’un rejet total de type réaction vaccinale mais d’une forme de régulation de la quantité de strongles tolérés par l’organisme. Cette régulation s’apparente à une digue que l’animal édifie au fil du temps et qui permet de « contenir » une quantité « normale » de parasites. Une fois l’immunité acquise, dès lors que la présence de parasites ne dépasse pas cette quantité « normale », elle a des effets mineurs sur l’animal sauf si le soubassement de cette digue est fragilisé, ce qui peut arriver lors de maladies, de stress alimentaire important ou de mises bas.
Pour acquérir l’immunité, il faut du temps : au moins huit mois de contact permanent mais pas trop intense, soit deux saisons de pâturage ou une saison complète en système tout herbe s’il n’y a pas de traitement d’éradication de l’ensemble des parasites mis en place. Il faut en effet noter qu’un traitement rémanent qui détruit les parasites pendant un mois prolonge au moins d’autant, sinon plus, le temps nécessaire à l’installation de l’immunité.
Pour limiter la quantité de parasites, tout en permettant le contact continu, il est parfois utile de limiter la population active de vers à l’aide de traitements phytothérapiques. Ceux-ci n’éradiquent pas les parasites mais en restreignent le nombre. Dans les cas extrêmes, un traitement instantané allopathique avec une molécule à action courte peut être administré. En cas de bronchite vermineuse par exemple, l’effet pathogène est souvent trop marqué pour laisser évoluer la maladie et les défenses de l’hôte.
Pour les adultes, après cette éducation parasitaire des deux premières années, les strongles ne devraient plus être un problème, sauf en cas de stress physiologique trop intense comme un vêlage sur animal en très mauvaise santé ou une maladie débilitante.
Lors des deux premières années de pâture, les tests classiquement utilisés pour évaluer la situation parasitaire sont :
Les résultats de ces tests méritent néanmoins d’être interprétés au vu d’autres éléments. Par exemple, les seuils généralement admis pour le pepsinogène en élevage conventionnel sont souvent franchis lors de contrôles sur des animaux en système herbe. Ces animaux sont pourtant en bonne santé. Le risque de forme retard d’ostertagiose (formes enkystées qui se libèrent sous l’effet du stress ou quand la température extérieure remonte) n’en existe pas moins, mais l’attitude à adopter mérite d’être discutée.
Les mêmes réserves peuvent être émises sur les résultats des coproscopies qui peuvent être faussement rassurants (la ponte n’est pas forcément régulière) ou alarmants lorsqu’on est confronté à des strongles qui pondent beaucoup mais qui ne sont pas forcément très pathogènes (le nombre d’œufs émis par jour varie de 50 à 250 000 œufs selon les espèces de strongles). De plus, les résultats sont toujours en décalage de trois semaines par rapport à l’infestation car les L3 que le bovin a ingérées mettent trois semaines pour parvenir au stade de ponte.
C’est donc l’éleveur qui sera le juge de paix à partir d’une bonne connaissance des cycles et des facteurs de risque : animaux qui souffrent, diarrhées qui persistent au-delà de la courte période d’adaptation à un pâturage plus riche, poils décolorés, croissance en dessous de la normale… Les résultats des analyses doivent ainsi être pris avec du recul et considérés comme de simples aides à la décision.
Le rôle de l’éleveur est d’évaluer, selon les pâtures, le climat et la gestion des rotations, à quelle quantité de parasites est confronté son troupeau et comment il est préparé à y faire face. Le réseau FNAB est soucieux d’accompagner les éleveurs dans la gestion du parasitisme. Ainsi, le suivi sanitaire mis en place par le GAB 44 par exemple vise à permettre aux éleveurs, par le biais de formations et d’appui individuel, de maîtriser les facteurs d’évaluation des risques et les divers éléments de décision pour accompagner l’établissement de l’équilibre entre hôtes et parasites. Selon les régions, chacun peut trouver le partenaire compétent (vétérinaire, GAB…) pour l’accompagner dans cette démarche.
En élevage bio, une attention particulière est portée à la prévention des maladies : sélection des races, pratiques de gestion des élevages, qualité des aliments, densité adéquate et logement adapté.
L’utilisation de médicaments allopathiques de manière préventive est interdite. Lorsque des mesures préventives ont été mises en place mais s’avèrent insuffisantes, ils peuvent être administrés, si nécessaire, sous la responsabilité d’un vétérinaire, en soin curatif. Leur usage est cependant limité (trois traitements par an ou un traitement maximum pour les animaux vivant moins d’une année).
Les traitements antiparasitaires ne sont pas comptabilisés dans ce nombre limité de traitements allopathiques, ils sont administrables si nécessaire mais uniquement après constatation d’un problème sanitaire avéré sur un ou plusieurs individus ciblés. Leur emploi entraîne également le respect du doublement du délai d’attente légal avant commercialisation en bio des animaux ou de leurs produits (lait). Si ce délai n’existe pas, un délai minimal de 48 heures est appliqué.
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