Maïs populations : des essais encourageants en Lorraine

Publié le : 6 juin 2018

15 variétés de maïs population ont été testées en Lorraine en 2017 dans le cadre d’une formation organisée par le CGA de Lorraine et L’Or des Graines. Les enjeux sont multiples, notamment la sélection des variétés adaptées au contexte pédo-climatique lorrain.

« C’est le plus beau Portuffec que j’ai jamais vu ! », s’exclamait Valérie Abatzian devant la parcelle de multiplication de Denis Colin, à Azerailles. Et pourtant, Valérie a vu de nombreux maïs populations : elle a travaillé sur la plateforme historique d’AgrobioPérigord, qui teste des dizaines de
variétés depuis 16 ans ; et elle a également accompagné des groupes d’éleveurs dans la Loire passionnés de maïs population.

« Portuffec », c’est le nom de l’une des 15 variétés testées en Lorraine en 2017, dans le cadre d’une formation organisée par le CGA de Lorraine et L’Or des Graines. Quant aux « parcelles de multiplication », il s’agit de petites parcelles de 1500 m², qui sont situées à 300 m minimum de tout autre maïs. Elles permettent de produire de la semence, éventuellement de la sélectionner, tout en gardant une pureté variétale. En 2017, 10 variétés ont été multipliées, dont quelques-unes ne donneront que quelques grains pour continuer (dégâts de sangliers, sécheresse…).

Bien que tout le monde soit enthousiaste devant la hauteur et la beauté des épis du Portuffec, certains paysans étaient plus circonspects quant
à l’avenir des maïs populations en Lorraine : les précocités seront-elles suffisantes ? Les rendements seront-ils à la hauteur des hybrides ?

Deux vitrines permettent de se faire une idée du potentiel, notamment celle mise en place chez Philippe l’Hôte à Domèvre. Côté rendement, certaines populations sont proches de ce que peut donner un hybride en ensilage (Aguartzan, Portuffec, Bogdan…). En grain, l’Aguartzan et le Portuffec sortent également du lot, avec tout de même 10 à 15 qx de moins que l’hybride (67 qx/ha). Précisons que ces 2 variétés ont été fournies
par l’ADDEAR de la Loire, et cultivées à moyenne altitude depuis 3-4 ans : elles ont donc été sélectionnées par des paysans en contexte climatique proche de celui de la Lorraine. Les autres viennent soit du semencier suisse Sativa, soit d’AgrobioPérigord : ces dernières partent donc avec un « handicap climatique ».

Ne négligeons pas le facteur « sol » : en conditions « idéales », le Portuffec à Azerailles a été mesuré à plus de 90qx/ha. Côté précocité, l’hybride très précoce (Syrius, indice 240) est ressorti avec une humidité grain de 24% fin octobre (récolte manuelle). Deux populations originaires du Nord (Wagonville) et d’Allemagne (Weihenstephaner) sont assez proches avec respectivement 28 et 25% d’humidité.

Ces perspectives encourageantes seraient inexistantes sans l’implication active des 19 agriculteurs du groupe. Rejoignez-les en 2018 !

Article rédigé par Bio en Grand Est, initialement paru dans les Lettres AB n°2 – déc.2017