L’élevage des génisses laitières sous la mère pendant 9 mois

Publié le : 31 janvier 2018

Les travaux de l’unité Inra Aster de Mirecourt confirment de nombreux avantages à cette pratique, constatés par les éleveurs qui élèvent leurs génisses sous nourrices pendant 9 mois. Le point sur les atouts et les difficultés de cette technique d’élevage.

© GAB 44

A la ferme expérimentale de l’unité Inra Aster de Mirecourt, un suivi expérimental a été mis en place en 2016, puis reconduit en 2017, sur l’élevage des génisses sous la mère. Les résultats de 2017 suivent les mêmes tendances que ceux de 2016.

Pourquoi certains éleveurs choisissent de faire élever leurs génisses par des vaches nourrices ?

La première réponse qui ressort du travail de l’INRA de Mirecourt concerne le temps et la pénibilité du travail pour nourrir les veaux en bâtiment ainsi que le coût économique de l’élevage d‘une génisse. L’expérience de quelques exploitations permettent de relever d’autres points positifs :

  • des veaux en meilleure santé : aucune diarrhée n’a été constatée à l’INRA de Mirecourt durant les 2 années d’essai ;
  • une plus grande robustesse des génisses ;
  • une meilleure immunité vis-à-vis des parasites prairiaux ;
  • un apprentissage des codes sociaux du troupeau ;
  • un système digestif plus rapidement adapté au pâturage ;
  • une croissance réalisée avec du lait produit avec de l’herbe et non directement avec des concentrés ;
  • une santé de la mamelle améliorée si les vaches nourrices ont des cellules…

Beaucoup d’avantages sont identifiés et se vérifient par les éleveurs qui mettent cette technique d’élevage en place, pour certains depuis plus de dix ans.

Résultats d’essais menés en 2016 et en 2017 à la ferme expérimentale de l’INRA de Mirecourt

Source : INRA ASTER-MIRECOURT /// En comparant l’élevage des veaux sous la mère et l’élevage au DAL, on constate une croissance plus importante chez les veaux élevés sous nourrices. Ces résultats d’expérimentation ont permis de confirmer les constats des éleveurs.

Pourquoi la plupart des éleveurs ne développent pas cette pratique d’élevage ?

Le principal frein concerne la gestion du travail, avec un temps non négligeable à consacrer à la surveillance et aux observations au champ, en particulier pour l’adoption des veaux par les vaches nourrices.

En effet, cette étape fondamentale peut être assez contraignante et durer plus ou moins longtemps. L’adoption d’un veau peut prendre 2 à 3 semaines mais la grande majorité des adoptions se produisent au bout d’une petite semaine. L’adoption de tous les veaux prendra plus ou moins de temps en fonction de la taille de l’élevage et de la (ou des) période(s) de vêlage choisie(s). Chaque vache aura ainsi entre 1 et 3 veaux à nourrir, selon sa production de lait, qui dépend du stade de lactation et de l’âge de l’animal. Il faut veiller à l’état des nourrices à la fin, notamment en cas de Prim’Holstein, pour qu’elles ne maigrissent pas trop (les croisées s’en sortent mieux, d’après les observations des éleveurs, des techniciens et vétérimaires).

Par ailleurs, certains éleveurs ont remarqué que les génisses devenaient d’un caractère plus sauvage, rendant par la suite leur manipulation difficile. Des problèmes de docilité et d’ambiance lors de la traite ont parfois été notés. Les éleveurs qui emploient cette technique s’accordent à dire qu’elle ne réduit pas sensiblement le temps de travail. Par contre, en plus des nombreux avantages déjà listés, la pénibilité peut être améliorée. Pour éviter le manque de docilité, la surveillance au champ est particulièrement importante : il faut passer au moins 5 à 10 minutes chaque jour pour que le contact soit établi entre l’éleveur et les génisses.

Le second frein à cette technique d’élevage se situe sur le plan financier. Enlever du troupeau en production plusieurs vaches a une incidence économique. Selon les élevages, différentes approches sont employées pour limiter cet impact : certains utiliseront prioritairement comme nourrices les vaches laitières à cellules, d’autres les vaches en fin de lactation, ou encore les plus vieilles qui ont « l’expérience » du troupeau et peuvent transmettre les « codes ».

Des étudiants de l’IUT d’Angers, dans le cadre d’un projet tuteuré en lien avec le GAB 44, ont noté un manque de connaissances techniques et d’expérimentation sur cette pratique d’élevage. Sur le plan économique, comme sur les aspects stratégiques et sociaux, les études sont encore plus rares. Le chantier est ouvert !

Enfin, au-delà d’une analyse purement technico-économique, la séparation de la mère et de la génisse après 9 mois de « bonheur » est difficile pendant 24h. Rien de tel que l’homéopathie avec IGNITIA en 15 ch !

Article d’Olivier Linclau, référent Santé animale pour la FNAB, salarié du GAB 44

Bibliographie :

  • Installation expérimentale de l’INRA ASTER-MIRECOURT – Laurent BRUNET & Florence HELLEC – Diaporama Réseau SAEB, 18 mai 2017
  • Etudiants IUT d’Angers : Bornet Frédérique, Viard Alice, Morandeau Morgane, Desaivres Jodie – Rapport projet tuteuré