Découvrez les pratiques et techniques par filière
Un groupe d’apiculteurs bio du Grand Est est allé à la découverte de l’apiculture biodynamique DEMETER dans la région de Stuttgart avec l’association Mellifera et la société Probiene-Summtgart. Favoriser les construction naturelles, gérer la multiplication des colonies sur la base de l’essaimage et avoir des pratiques apicoles durables sont des éléments essentiels de l’apiculture biodynamique.
Dans le cadre des journées techniques organisées au sein du réseau FNAB « Élever ses ruches en bio, c’est possible », un voyage d’étude sur la thématique de l’apiculture biodynamique a été organisé le 12 et 13 novembre dernier avec un groupe d’une dizaine d’apiculteurs du Grand Est en Allemagne, dans la région de Stuttgart.
« Les règles de l’apiculture biodynamique ont été formalisées seulement en 1995. Nous multiplions les colonies uniquement dans le cadre du processus d’essaimage, sans élevage de reines ni fécondation artificielle. Lors de la visite de printemps, nous récupérons les cellules royales pour produire un ou plusieurs essaims artificiels. Nous laissons aussi construire naturellement les abeilles leurs propres rayons à couvain, les cires gaufrées sont utilisables uniquement pour les hausses. Cette conduite augmente la santé et la vitalité des colonies », détaille Johannes Wirz de l’association Mellifera. Près de 130 colonies sont conduites en DEMETER depuis 1985 dans ce centre de recherche, de formation et d’expérimentation.
« Pour autant, une forme de sélection est possible, par exemple en éliminant les colonies à couvain plâtré, mais la multiplication s’inscrit toujours dans le cadre d’une dynamique d’essaimage des colonies. L’unité du nid à couvain est aussi importante à respecter, il faut éviter les espaces libres entre deux niveaux de cadres. Dans les ruches Dadant, comme la grille à reine est interdite, la reine à tendance à pondre en haut et en bas ».
Pierre Stephan, apiculteur à Lichtenberg (67), s’interroge sur la propension des abeilles à construire des cellules à mâle sur les bâtisses libres. « Nous cherchons dès la première année à obtenir 8 à 12 rayons complets en constructions naturelles, en intercalant des cadres vides et des cadres construits. Sur chaque rayon, on observe un peu de cellules à faux-bourdons, un taux de 20% sur l’ensemble est acceptable. » Contrairement aux « reines industrielles », les colonies issues de « reines adaptées aux conditions locales ont une meilleure longévité, sont plus dociles et plus productives », indique Johannes.
Tobias Miltenberger et David Gerstmeier, deux jeunes apiculteurs, ont créé Probiene-Summtgart et appliquent les règles DEMETER pour la production de miel au cœur de Stuttgart (700 000 habitants) avec leurs 70 colonies. Ils ont appliqué une méthode centrée sur les principes de durabilité des pratiques apicoles.
« Vous arrivez à dégager un revenu pour deux personnes avec 70 colonies ? », demande Dominique Ganter, apiculteur bio à Fréland (68). « Notre concept est bien de dégager les revenus des deux associés sur la production. Nous souhaitons progresser lentement dans la production du miel en construisant une clientèle qui valorisent nos produits. Nous proposons un abonnement semestriel avec 6 pots de 200g à 48€. Nous n’avons pas regardé le prix moyen du miel mais nous avons en premier lieu évalué nos besoins en terme de revenu, et calculer nos prix de revient selon nos choix de conduite des ruches, afin de valoriser la production en fonction de nos propres paramètres. A Stuttgart, nous avons produit 10 kg de miel par colonie en 2018, tout en laissant beaucoup de réserves pour les abeilles ».
