Le groupe d’échange grandes cultures Mayenne-Sarthe

Publié le : 7 juin 2017

Fin 2010, des polyculteurs-éleveurs de la Mayenne et de la Sarthe décident de se réunir pour échanger sur la gestion des grandes cultures en bio. Tous ont des animaux : volailles, porcs ou bovins mais pratiquent des rotations plutôt céréalières avec une faible part de prairie. C’est la recherche de la maîtrise des adventices et du maintien de la fertilité qui est le moteur de ce groupe d’échange, qui rassemble actuellement une vingtaine de producteurs.

Gérer les adventices, sécuriser les rendements

Tout commence fin 2010 quand des producteurs de la Mayenne et de la Sarthe passés en bio depuis plusieurs années s’aperçoivent d’une augmentation des adventices. Et ce, notamment pour les systèmes de cultures passés autour de 1998 à dominante cultures et céréales sans désherbage mécanique. Au-delà de la gestion des adventices, l’objectif des producteurs est plus largement la sécurisation des rendements et leur augmentation. Dans un contexte local où les agriculteurs biologiques sont déjà minoritaires, la plupart des bio proches ont des systèmes bovins très herbagers où ces questions se posent moins. D’où l’importance de former un groupe sur un territoire plus vaste pour regrouper les compétences céréalières bio, qui sont dispersées. Le Civam Bio 53 et le GAB 72 co-animent le groupe, réparti sur les deux départements.

Pour ce faire, le groupe se retrouve plusieurs fois par an pour des journées bout de champs et des formations avec la venue d’intervenants agronomes. Chaque fin d’année année, une rencontre « bilan de campagne et projet » a lieu. C’est l’occasion pour chacun de revenir sur ses réussites et échecs de l’année et de demander l’avis des pairs sur des questions restées en suspens. Ce moment est aussi consacré à la définition collective du programme du groupe pour l’année suivante : thématiques techniques, formats, etc.

2012 : entrée dans Ecophyto DEPHY FERME

En 2012, un cap est franchi avec l’entrée du groupe dans le dispositif Ecophyto DEPHY FERME, qui permet d’allouer au groupe davantage de temps du salarié du Civam Bio 53 : un mi-temps est consacré à l’animation du collectif et au suivi individuel de 8 membres du groupe. Ceci permet aussi de réaliser des actions de communication et de valorisation des activités et des compétences du groupe vers l’extérieur. Le groupe est reconduit dans Ecophyto 2 en 2016.

Des voyages d’études pour apprendre en convivialité

A partir de 2013, les producteurs décident d’étendre le champ des visites à d’autres départements et régions lors de voyages d’études. Le premier en 2013 est l’occasion de visiter une CUMA de tri en Vendée sur une journée. En 2014, un voyage de deux jours amène à nouveau les producteurs en Vendée, puis en Loire-Atlantique, dans le Morbihan et finit par une démonstration en Ille-et-Vilaine sur le chemin du retour. En 2015 le groupe part en région Centre. En 2016 c’est la Normandie et la Vienne. Et Les Deux-Sèvres sont au programme pour la fin juin 2017.

Ces moments sont l’occasion de rencontrer d’autres groupes de céréaliers locaux mais aussi et surtout de partager des moments de convivialité entre les producteurs du groupe.

Des formations enrichissantes

Des formations ont été organisées pour le groupe, avec de nombreux intervenants spécialistes. Notamment autour de l’approche BRDA-Hérody pour analyser le comportement des sols ou encore avec des pionniers des TCS (techniques culturales simplifiées ou superficielles) et du sans labour. En effet, ce dernier point est aussi une piste de réflexion pour plusieurs producteurs du groupe : comment se passer du labour en bio tout en conservant une pression en adventices acceptable.

Partager les compétences

Aujourd’hui, une vingtaine de producteurs participent au groupe, avec un noyau présent à toutes les réunions et des personnes participant occasionnellement. On observe un renouvellement des membres : certains membres ne participent plus, parmi eux certains ont déjà trouvé les réponses qu’ils cherchaient, d’autres approchent de la retraite et prennent du recul. En même temps, d’autres producteurs, passés plus récemment en bio ou en projet d’installation, rejoignent le groupe, avec les mêmes questions et de nouvelles. Les expériences des anciens profitent ainsi aux nouveaux arrivants et le passage de compétences se fait naturellement au sein du groupe.

« J’ai eu beaucoup de réflexions techniques [suite à la conversion] : labour ou non labour, etc. L’important est de se former. Échanger est aussi essentiel. Avec le groupe Ecophyto j’ai acquis des compétences en binage, ceux qui sont plus pointus sur certains points aident les autres… »

Philippe Girardeau, producteur dans la Sarthe, en bio depuis 2009

DEPHY, réseau de Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en PHYtosanitaires

Le réseau DEPHY FERME est constitué, au 1er novembre 2016, de 245 groupes d’agriculteurs, et regroupe au total 2880 agriculteurs engagés volontairement dans la réduction des produits phytosanitaires. Il constitue une action phare du plan Ecophyto, qui vise à réduire l’utilisation des pesticides de 50% à l’horizon 2025, tout en maintenant une agriculture économiquement performante.

Répartis sur l’ensemble du territoire, les 245 groupes DEPHY sont constitués en moyenne d’une douzaine d’agriculteurs, accompagnés par des « ingénieurs réseau » de différentes structures : chambres d’agriculture, groupements d’agriculteurs bio, CIVAM, coopératives/ négoces, etc.

Le réseau DEPHY ferme couvre l’ensemble des systèmes de production et des filières. Sur 245 groupes, 134 groupes rassemblent des fermes en grandes cultures ou polyculture/élevage.

L’agriculture bio dans le réseau DEPHY :

  • 610 fermes en Agriculture Biologique font partie du réseau DEPHY (sur 2880)
  • 21 groupes DEPHY (sur 245 groupes) sont accompagnés par des GAB, groupements d’agriculteurs bio
  • Il est fréquent d’avoir des groupes DEPHY qui regroupent des agriculteurs bio et non bio, constituant  un lieu d’échange

En 2016 le réseau DEPHY s’est élargi :

  • 67 groupes se sont réengagés
  • 14 groupes se sont arrêtés
  • 90 nouveaux groupes ont déposé une candidature

Cette action (le réseau DEPHY) est pilotée par le ministère chargé de l’agriculture et le ministère chargé de l’écologie, avec l’appui financier de l’Agence Française de la Biodiversité par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses, attribués au financement du plan Ecophyto.

Article rédigé par Thomas Queuniet du Civam Bio 53