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Contre le varroa, des apiculteurs ont testé la méthode consistant à bloquer la ponte de la reine au moyen d’une cage de petite taille avant un double traitement flash à l’acide oxalique (AO) en saison estivale. Quels facteurs de réussite ont-ils identifiés ?
Une commande groupée de cagettes à reines de type « Scalvini » a été proposée au sein du réseau FNAB par l’intermédiaire d’Agribio 13 : plus de 6500 cagettes ont été commandées par une soixantaine d’apiculteurs d’un très large quart sud-est de la France, mais aussi du sud-ouest (avec le concours de l’ADAM et de l’ADAQ), ainsi que d’Alsace (via l’OPABA), profitant ainsi de tarifs attractifs.
Ce format de cage (70mm/70mm, épaisseur 17 mm, alvéoles réduites dans le fond de la cage) permet à la reine de continuer son activité de ponte sans que les larves ne parviennent à maturité, évitant ainsi de perturber la colonie en pleine saison estivale.
Pour ceux qui ont déjà mis en place les cagettes et réalisé les 2 traitements AO, généralement par sublimation, le bilan est très largement positif, sans que celui-ci n’ait été conjugué à aucun autre traitement. Ils estiment que la pression du Varroa a été fortement diminuée, voire quasiment supprimée. Tous ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis de la méthode, et la recommanderaient sans hésiter à un confrère. En revanche, tous ont mentionné des difficultés et en particulier :
La mise en cage s’est effectuée entre la fin juillet et la mi-août. La durée d’encagement a été en moyenne de 21,02 jours. Les traitements AO ont été pratiqués au moment du décagement, puis répliqués 3 à 6 jours plus tard. A noter le témoignage de certains apiculteurs conventionnels qui disent mettre en place cette technique dans le cadre d’une démarche de transition progressive vers la bio.
– Le marquage systématique des reines,
– Une bonne organisation du chantier et des ruchers, de façon à optimiser le travail et limiter les essaimages naturels,
– Effectuer le travail collectivement avec d’autres apiculteurs compétents pour optimiser la rapidité de l’intervention,
– La mise en place d’un système de comptage de Varroa efficace après traitement,
– Une optimisation de l’élevage de reines afin de répondre aux besoins,
– Favoriser les échanges entre apiculteurs ayant testé cette technique.
Jorris Van Bergen et Philippe Chavignon apiculteurs au rucher Bio des Gorges de Daluis à Guillaumes dans les Alpes Maritimes, ont pris part à la commande collective et mis en œuvre la technique.
« Nous avons appliqué la méthode à 55 ruches sur un rucher qui en compte 78 (NDLR : l’exploitation en compte entre 150 et 200 au total). Travaillant essentiellement avec des abeilles « noires », la raison principale de cette application partielle de la technique était la crainte que les ouvrières deviennent agressives envers les reines. C’est d’ailleurs arrivé dans 3 cas : une a été retrouvée morte dans la cage, et deux autres ont disparu peu après la libération.
La mise en cage a été effectuée avant la fin de la miellée de lavande, et les reines ont été libérées le 5 août, après 21 jours de blocage de la ponte. L’acide oxalique a été appliqué en une seule fois, car notre vieux sublimateur n’a pas fonctionné au moment de libérer la reine. Nous avons donc emprunté un appareil à une collègue apicultrice pour effectuer le traitement quelques jours plus tard. L’efficacité a été très bonne malgré tout, un comptage a postériori ayant révélé un taux d’infestation de 0 à 0.5 varroas pour 100 abeilles, alors que sur les autres ruches, ça tournait autour de 3 ou 4 pour 100. »
« J’ai clairement vu la différence entre les ruches traitées et non traitées », dit Jorris. « Quelques semaines après la libération, on a trouvé un très beau nid de couvain, comme si la période d’encagement avait redonné du dynamisme à la reine, même si, par la suite, on est rapidement revenu à la normale. En résumé, la méthode nous semble très satisfaisante. L’année prochaine, nous la généraliserons à toutes les colonies sans hésiter ! »
Au niveau des autres traitements, Jorris estime raisonnable de continuer à appliquer un acide formique au moins au printemps. Quant au Thymol, il n’est d’ores et déjà plus utilisé du tout sur l’exploitation.
Article rédigé par Rémi Veyrand, Agribio13