Focus sur la gestion d’un cheptel de 1 000 ruches bio dans le Morvan

Publié le : 8 février 2018

Aux portes du Morvan, Pascal et Jonathan sont associés depuis 2011 au sein du GAEC VIGNAUD-MARQUES avec 1 000 ruches en production. La gestion d’un tel cheptel nécessite de l’organisation, de la rigueur, et pas mal de bonne humeur. Ils partagent avec nous leur expérience.

Crédit : Interbio Franche-Comté

Comment envisagez-vous la sélection sur votre élevage ?

« Nous menons 1000 colonies en production et 300 essaims en hivernage. Nous fonctionnons beaucoup au ressenti même si nous notons des informations sur les ruches. Nos observations se croisent et convergent pour déterminer notre sélection. La sélection est concomitante à l’élevage. Nos premières cellules amorcent le début de la sélection. L’objectif est d’augmenter la production tout en maintenant notre cheptel afin d’arriver à une meilleure rentabilité. Nous avons un maximum de colonies autour de l’exploitation issues de bonnes lignées qui assurent la fécondation de nos futures reines. Nous arrêtons l’élevage quand les mâles commencent à disparaitre. Ce travail de sélection reste difficile et requiert du temps. Nous avons une marge de progression au niveau des mâles. Et les conditions météorologiques de ces dernières années n’ont pas facilité la gestion du cheptel. »

Quels sont vos critères de sélection ?

« Nous recherchons comme beaucoup d’apiculteurs une abeille rustique, non essaimeuse, ayant une bonne capacité d’amassage et douce.

Le cheptel a évolué d’une abeille locale « noire » pour se diriger aujourd’hui vers une hybridation entre Caucasienne, Anatolienne, Carniolienne et Buckfast. Nous apportons du « sang neuf » tous les ans via des colonies appelées souches (achats ou échanges).

Les races Caucasienne, Anatolienne et Carniolienne ont été choisies pour leur rusticité importante en apiculture bio : économie en nourrissement, dynamisme plus important au printemps, résistance aux maladies, etc. La Buckfast quant à elle nous amène la population, la douceur et la capacité d’amassage. Par le croisement de ces différentes races, nous essayons d’obtenir notre abeille « made in Morvan ». »

Si vous deviez-nous résumer une « saison type » dans le Morvan ?

« En janvier, nous commençons par l’entretien des ruchers, la fabrication de ruches et la préparation du matériel destiné à l’élevage. En février, les provisions des nucléis hivernés sont à surveiller.

Début mars, on réalise la visite de sortie d’hiver : grattage propolis et nettoyage des colonies mortes. On peut nourrir certaines colonies si besoin.

A partir du 10 avril, commence les premiers essaims : des cadres de couvains sont prélevés dans les colonies les plus précoces. On effectue deux passages sur les ruches pour la confection des essaims. Dans ces premiers essaims sont introduites les reines de l’année précédentes hivernées dans les nucs (Haussettes D6 ou Miniplus). La reine est encagée lors de la réunion pour une meilleure acceptation. Après 2 à 3 semaines d’empilage, la ruchette est bonne à être enruchée (au moins 4 cadres de couvain et sera prête pour la miellée de l’acacia). Le nucléus est dépilé et divisé en 2.

Les premiers greffages ont lieu début avril, et s’enchaînent suivant les besoins, en général tous les 5 jours. Chaque série de greffage comprend environ 50 cellules et sont introduites dans deux éleveuses. Au total 4 éleveuses sont utilisées et peuvent être complétées par des ruches orphelinées s’il y a besoin de plus de cellules. S’agissant des nucléis, 4 rotations sont effectuées sur les killers et deux rotations sur les haussettes (80) peuvent être faites. Un rucher de 25 ruches est destiné au remplissage des killers (100) et à la confection d’essaims sur un cadre de couvain. Les reines sont destinées uniquement à l’auto-renouvellement, nous fonctionnons dans la mesure du possible en circuit fermé.

« Nous recherchons l’autonomie et utilisons donc très peu d’intrants sur l’exploitation. »

Les mois d’avril/mai sont cruciaux sur l’exploitation, les colonies sont dégonflées en couvain, cette intervention a un double enjeu : le maintien du cheptel et le contrôle de l’essaimage puisque nous ne cassons pas les cellules. L’enruchement des essaims nécessite du temps également. En plus des travaux d’élevage, une transhumance est réalisée sur la miellée d’été (375 ruches) et il faut assurer la récolte et le travail de miellerie. Nous essayons de renouveler les reines tous les deux ans, même si quelques-unes nous échappent faute de temps. La moitié des essaims reçoivent des cellules, les 80/100 premiers des reines hivernées. En fin de saison, les changements de reines dans les ruchers et les essaims de juillet reçoivent des reines fécondées suivant la disponibilité.

Après la récolte d’été, un traitement varroa à l’acide formique est réalisé (2 passages à une semaine d’intervalle). Puis un nourrissement est fait en 3 passages. Cette année, 6 tonnes de sucres ont été nécessaires pour 1000 ruches, 300 essaims et 100 nucléis hivernés.

Au 15 septembre, le nourrissement est terminé, un troisième passage est effectué si nécessaire à l’acide formique. Les orphelines sont démolies et les ruches sont grattées.

Enfin en décembre, un dernier traitement à l’acide oxalique par dégouttement est réalisé. »