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François Foucaud s’est installé sur le tard comme apiculteur professionnel en 2014 après 30 ans d’apiculture de loisir. Il a choisi le statut de conjoint collaborateur de son épouse Laure, elle-même exploitante d’un petit verger diversifié.
Je me suis installé en 2014. J’ai développé mon cheptel régulièrement depuis 2014, en mettant dès le début l’accent sur l’élevage. Grâce à plusieurs stages à l’ANERCEA, j’ai eu l’occasion de développer cette activité pour mes propres besoins et ceux de clients extérieurs.
Pourquoi une installation en bio ?
Après de nombreuses années passées à exercer différents métiers comme salarié (semences, développement économique local, bureau d’études pêche maritime), j’ai eu envie à 51 ans de me lancer dans l’aventure de l’installation. L’apiculture que je pratiquais depuis longtemps était une passion de toujours et, encouragé par de nombreux amis, j’ai décidé de franchir le pas. Le choix du bio s’est imposé naturellement, le verger de mon épouse était déjà certifié et je souhaitais pratiquer une apiculture la moins chimique possible.
François Foucaud
Pour ma part, j’ai subi ces 3 dernières années une mortalité hivernale qui reste trop élevée due au varroa. La réponse vient sans doute d’un meilleur suivi de l’infestation au cours de l’année et de la mise en œuvre de techniques de blocage de ponte printanier ou estival… des techniques que je compte appliquer cette année
Les abeilles que j’utilise sont majoritairement issues de reines croisées Noires X Buckfast, selon les recommandations du Frère Adam. Ces abeilles sont assez autonomes et si elles n’ont pas l’explosivité des Buckfast pures, elles restent très dynamiques et me semblent mieux adaptées pour l’apiculture bio. Pour l’élevage, j’utilise aussi quelques reines Buckfast que je renouvelle régulièrement par achat.
Pour le varroa, la stratégie actuelle est assez basique avec un traitement thymol en fin d’été (Apiguard ou Apilifevar) et un traitement à l’acide oxalique par dégouttement. Je ne suis pas très satisfait de l’efficacité de ce protocole. Je suis obligé de faire le traitement d’été trop tard après la miellée de sarrasin et sur les nucléis qui fonctionnent jusqu’en septembre. C’est pourquoi à partir de la saison 2017, je compte mettre en place un suivi plus précis de l’infestation et des techniques de blocage de ponte par encagement ou par constitution d’essaims sur les dernières miellées et traitement à l’acide oxalique par dégouttement en 2 passages. Concernant les nucleis, je prévois de faire plusieurs passages d’acide formique à partir de juillet.
Ils se situent dans un rayon de 25 km autour de chez moi, dans la « ceinture bocagère du Pays Yonnais », qui a été épargnée par les remembrements dévastateurs des années 1960/1980. L’agriculture est dominée par l’élevage bovin avec une densité assez forte de producteurs bio qui cultivent des prairies riches en légumineuses mellifères (trèfle blanc essentiellement).
Je disposais avant de m’installer d’une grange de 150 m2 et j’ai investi dans un abri bâché de 80 m2. Pour le transport, je travaille avec un Pick-up 4×4 et une remorque. Pour les boites, rien de très original : toutes les ruches sont des Dadant 10 cadres, et pour l’élevage, j’utilise des ruchettes 6 cadres pour les essaims et des Maxiplus (double miniplus) pour l’élevage des reines.
Au printemps, les ressources sont très importantes dans le bocage. Cette première partie de la saison est plutôt réservée à l’élevage. En 2016, j’ai élevé 400 essaims malgré des conditions de fécondation difficiles. Je produis aussi des reines disponibles en été.
Les ruches sont aussi transhumées sur le sarrasin en juillet qui produit ici une miellée modeste mais intéressante car la demande est forte pour ce miel et cette miellée prépare bien les colonies à l’hivernage.
Pour la gestion des cires, c’est un souci pour moi car comme je suis en développement de cheptel et que je vends des essaims, je ne suis pas autonome. En plus de ma propre cire, je m’approvisionne en cire brute auprès de collègues de confiance que je fais gaufrer auprès d’un prestataire reconnu.
Miel, spécialités à base de propolis, pollen frais congelé. Compte tenu des risques de mauvaise récolte, j’ai souhaité développer des produits complémentaires pour répartir les risques. Depuis janvier 2017, je commercialise des spécialités à base de propolis. Le cadre réglementaire pour faire cela « dans les clous » est assez contraignant mais c’est une activité qui me plaît. Cette année, je compte aussi développer la production de pollen frais congelé.
Je me suis installé dans des conditions assez favorables ayant déjà des locaux à ma disposition et ayant eu la possibilité d’autofinancer une grande partie de mes investissements, environ 120 000€.
Malgré tout, les difficultés rencontrées furent (et sont toujours !) bien réelles, l’équilibre économique de l’exploitation reste précaire. Dans un secteur où les miellées ne sont pas si nombreuses que ça, il peut être difficile de compenser un printemps aussi compliqué qu’en 2016.
La gestion du varroa reste un gros souci et l’efficacité moyenne des traitements actuellement disponibles en bio est une grosse contrainte.
Éléments et propos recueillis par Anne Uzureau, CAB Pays de la Loire
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