La fabrication d’aliments à la ferme pour valoriser ses cultures et travailler en autonomie

Publié le : 5 juillet 2016

Armel RONDEAU est éleveur de poules pondeuses en Pays de la Loire. La mise en place d’une fabrication d’aliments à la ferme lui permet de valoriser ses cultures et de travailler en autonomie. Il fabrique une ration unique, qu’il formule à l’aide d’un technicien. Pour le passage à l’alimentation 100% bio, il se pose encore des questions… Retour sur son témoignage.

Pourquoi avoir fait le choix de la FAF ?

« J’ai choisi la FAF car cela me permet de valoriser mes cultures pour les poules pondeuses, de travailler en autonomie, et ça m’apporte une cohérence au niveau de ma production. Cela me donne également une bonne image vis-à-vis du consommateur. Je choisis quelles sont les matières premières que je souhaite acheter à l’extérieur (le soja européen par exemple). La FAF me permet d’intégrer certaines matières premières non triées (ex. vesce, chénopode). La maîtrise des coûts est un facteur déterminant au niveau de la FAF ».

Quels sont d’après vous les inconvénients de votre FAF ?

« L’investissement du matériel pour stocker et sécher les matières premières est important. De mon côté, j’utilise des cellules à plat, et je peux stocker 180 tonnes. Aujourd’hui, je suis trop limité en stockage et en outils de séchage. Mon séchoir (système de grille) n’est pas suffisamment adapté : il y a un problème de condensation sur les matières stockées à côté du séchoir ».

Que pensez-vous de passer par un camion FAF ?

« Je passe effectivement par un prestataire pour fabriquer mon aliment : un camion FAF qui se déplace jusque sur ma ferme. En cas de gel sur les routes, il ne peut pas forcement passer le jour prévu, donc il est important d’avoir un stock tampon en période hivernale. Parfois, la granulométrie peut varier d’un camion à l’autre ou en fonction du réglage de l’opérateur. Il est important d’être présent au moment de la fabrication. Pour faire entre 8 et 10 tonnes, il faut prévoir 2h30. Il faut que les matières premières soient accessibles pour le camion ».

Qui formule et quelles sont les caractéristiques de vos rations ?

« Je m’appuie sur une formule proposée par un fournisseur de minéral. Je ne fabrique qu’un seul aliment pour les différents stades de ponte. Il est composé de :
33 % de maïs (cela peut varier)
18 % de triticale
15 % de tourteau de soja (acheté)
11 % de tourteau de tournesol avec parfois du colza (limitation à 5% pour le colza)
8 % de calcicoque (acheté)
5 % de gluten (acheté, seule matière première non bio)
4 % de luzerne déshydratée (achetée)
3,5 % de divers (selon les disponibilités)
2,5 % de minéral (acheté)

Je n’ai observé aucun problème avec cette formule unique, et cela me simplifie le travail. La ration coûte 490 €/tonne, coût du camion FAF inclut. Ce qui m’interroge, avec le passage à l’alimentation 100 % bio, c’est de savoir quelle matière première pourra remplacer le gluten, sachant qu’il n’en existe pas en bio. ».

Quelles sont vos perspectives avec votre FAF ?

« Je souhaite contractualiser avec un céréalier local pour avoir une meilleure traçabilité de mes matières premières achetées (soja). J’ai le projet d’extruder du soja à la ferme, et pour cela, je teste actuellement une extrudeuse chez moi. A l’avenir, je souhaiterais investir dans du stockage de matières premières pour optimiser mon organisation et améliorer la qualité du grain ».

L'exploitation en bref :

  • Installation en 2010 sur une ferme bio
  • 2,5 UTH
  • 96 ha de SAU
  • 4 500 poules pondeuses
  • 3 bâtiments

Propos recueillis par Anne UZUREAU, chargée de mission de la CAB Pays-de-la-Loire