Des pommiculteurs du Pays de Gap se convertissent à la bio

Publié le : 9 octobre 2018

Dans le cadre de 3 journées de formation et d’échange organisées par Agribio05, en partenariat avec la FNAB et la Coopérative Alpes Coop Fruits et avec l’appui des fonds européens LEADER du Pays Gapençais et l’organisme de formation Vivéa, des arboriculteurs en conversion vers la bio ont pu réfléchir à leur future stratégie.

Les arboriculteurs hauts-alpins en formation, crédit Agribio05

Un petit groupe d’arboriculteurs de la coop Alpes Coop Fruit (Alpedor) du territoire du Pays de Gap (Hautes Alpes) est actuellement en conversion vers l’agriculture biologique. Accompagnés de leur technicien de verger, Albert Bern, ces producteurs ont passé trois jours en formation, voyage et visites afin de réfléchir sur la commercialisation, le prix de revient et la transformation de leurs futurs fruits bio. Ils ont été formés par Richard Laizeau, consultant et arboriculteur bio en Vendée, Bertille Gieu, animatrice filière bio d’Agribio05, et par la FNAB.

Alpes Coop Fruit

La coopérative regroupe 35 producteurs adhérents,  pour une surface totale de verger d’environ 360 ha. Elle met en marché près de 18 000 tonnes de fruits, principalement des pommes et poires.

Les vergers des adhérents de la coopérative sont situés dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, en zone de montagne à tendance méditerranéenne, entre 400 et 1000 mètres d’altitude. Les variétés de pommiers plantés ont été choisies pour leurs qualités gustatives.

La coopérative fournit depuis plus de 20 ans des fruits pour l’alimentation Baby Food (petits pots pour bébés) qui garantit le 0 résidus de pesticides et est engagée dans des démarches de vergers éco-responsables.

10 arboriculteurs de la coopération sont actuellement en conversion biologique, cela représente 60 ha de pommes et poires bio et plus d’une quinzaine de variétés d’arbres différentes. Ils sont accompagnés dans leur conversion par Agribio 05 via des formations techniques et économiques, depuis fin 2016.

Les trois jours ont permis d’aborder les évolutions des conversions de l’agriculture biologique, de dresser un état des lieux de la demande en pommes et poires bio en France, de s’intéresser au juste prix de vente des produits bio pour un avenir durable des filières ainsi que de se pencher sur le potentiel des produits transformés.

Depuis 3 ans, la consommation de pommes et poires bio est en forte augmentation.  Si la part achetée en supermarché croît, la part en magasins bio spécialisé reste très présente. Selon les chiffres de l’Interfel, la consommation augmente plus vite que la production et les importations restent nombreuses. Pour plus d’informations sur le marché des pommes et poires bio, consulter les notes de conjoncture FNAB.

Calculer son prix de revient

Ligne d’embouteillage, crédit FNAB

Le volet « prix de revient » a été travaillé durant les trois journées. Richard Laizeau, consultant indépendant et arboriculteur bio de Vendée, a plongé les arboriculteurs et le technicien dans les détails et les chiffres de leurs propres exploitations agricoles.

En effet, maîtriser les composantes de ses prix est primordial. Ne pas se tromper dans la définition de ses prix de vente dès la conversion est une des conditions de la pérennité du passage en agriculture biologique. Les prix doivent refléter la réalité des coûts de production de l’arboriculture biologique. Et la rémunération du travail est au cœur de leur construction.

Il faut également intégrer l’évolution des charges caractérisant les premières années après conversion. Pour contribuer à la structuration globale des filières, les prix doivent être déclinés selon les circuits de distribution en cohérence avec les pratiques des différents acteurs de la filière.

Une session complémentaire pour les autres arboriculteurs en conversion aura lieu en novembre. A l’issue de ce travail, les futurs bio du territoire du pays gapençais et des Hautes Alpes espèrent avoir un argumentaire solide pour les commerciaux et pour négocier avec leurs futurs clients et consommateurs un « prix juste » pour une filière durable inspirée du commerce équitable Nord-Nord.

Transformation : deux visites pour découvrir les outils locaux

Cuiseuse sous vide, crédit FNAB

Enfin, ces trois jours ont été l’occasion de s’intéresser aux problématiques de la transformation : jus, compote, purée, confiture.

Une visite de l’entreprise de transformation de fruits Thomas le Prince a été organisée, permettant de découvrir une grande diversité de machines de fabrication de jus, de compote, de confitures ou encore d’embouteillages ou de petites gourdes individuelles de compote pour enfants ainsi que la plateforme de stockage et d’expédition de fruits frais. Une particularité de l’entreprise Thomas le Prince est la diversité de productions (fruits frais et produits transformés) et de ses circuits de commercialisation. 50 % va en GMS et les autres 50 % sont constitués de plus d’une quarantaine de clients directs (restaurants, épiceries, magasins spécialisées, cantines, etc). L’entreprise a réussi à communiquer sur une identité forte des produits locaux et savoyards.

Une visite de la halle technologique du lycée agricole de Saint Genis Laval a aussi permis de découvrir d’autres outils de transformation à plus petite échelle.

Valoriser les pommes et poires bio du territoire

Un des moments forts a été la rencontre avec le directeur de l’Institut Paul Bocuse, Dominique Giraudier, à Ecully (69) organisée par le directeur de l’organisme de formation Vivéa, Damien Jacquemont. Reçus dans la salle de réception du Château du restaurant étoilé Bocuse, les Hauts-alpins ont partagé leur projet et leurs réflexions autour la spécificité et la diversité de leurs pommes et poires bio.

Suite à cet échange, il a été décidé d’organiser un concours de recettes à base de pommes et poires bio du territoire du pays gapençais auprès des étudiants cuisiniers de l’Institut Paul Bocuse mais aussi de recenser les recettes traditionnelles et de mettre en lumière l’identité de la production arboricole des Hautes-Alpes.

La conversion à la bio n’est donc pas qu’une simple question d’itinéraire technique car il s’agit d’une toute autre approche, même des marchés et de la valorisation des produits. Le réseau FNAB encourage ce type d’initiatives. N’hésitez pas à contacter notre réseau !

 

Article rédigé par Bertille Gieu- Agribio05. Relecture Diane Pellequer, FNAB