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La collecte de lait bio représente actuellement 5 % de la collecte laitière nationale. Après des années de très fortes croissances (1), en 2023, la collecte bio a diminué pour la 1e fois depuis 2008.
Évolution de la collecte de lait bio (Graphique CNIEL)
Avec 1,234 milliards de litres collectés sur l’année 2023, la collecte annuelle de lait bio est en baisse de -4,5 % par rapport à l’année 2022. Elle augmentait encore de 3,2 % entre 2022 et 2023.
Cette baisse se poursuit en 2024 : en août 2024, la collecte annuelle s’élève à 1,197 milliard de litres. Ce cumul annuel est ainsi en recul de 5,5 % par rapport à 2023 (- 5,5 % de volume collecté entre septembre 2023 et août 2024 par rapport au volume collecté entre septembre 2022 et août 2023).
En moyenne sur 12 mois glissants, les livraisons mensuelles de lait bio s’élèvent à 99,7 millions de litres de lait bio en août 2024.
Le volume de lait bio produit par ferme est en effet à peu près stable…. ce qui signifie, malheureusement, que cette baisse de collecte est désormais due à une diminution du nombre de livreurs et non à une réduction de la production par ferme.
Le nombre de producteurs bio livrant leur lait à une laiterie est passé en-dessous de la barre des 4000 en mai 2024. On compte 3931 livreurs bio en août 2024, ce qui représente une baisse de -6 % par rapport à août 2023. Leur nombre avait déjà chuté de -3 % entre août 2022 et août 2023. (Source : Enquête Mensuelle Laitière de FranceAgriMer)
Le taux de cessation d’activité laitière en bio est élevé et s’est accéléré, passant en 2023 légèrement au-dessus du taux de cessation observé en lait conventionnel : < 1% en 2020, 3% en 2022, et > 5% en 2023. D’après le CNIEL, la moitié de ces cessations seraient dues à des décertifications.
Depuis mi 2022 (avec un pic en juin 2022 où on dénombrait 4321 livreurs), cela représente presque 400 cessations d’activité, soit plus de 9 % des exploitations. Le potentiel de collecte est évidemment en baisse suivant le rythme de ces cessations.
Malgré l’imprévisibilité des arrêts, si la baisse se poursuit, le CNIEL estime qu’il pourrait n’y avoir plus que 3700 producteurs fin mai 2026.
Le prix réel du lait payé aux producteurs en 2023 (incluant l’effet qualité) a été en moyenne de 517,5 €/1000 litres et il est à 501,9 €/1000 litres en moyenne sur les 8 premiers mois de 2024. En 2024, sur un an glissant, le prix moyen payé aux éleveurs bio est stable, avec un écart avec le prix conventionnel qui s’est globalement réduit.
Ce même prix pour un lait standard 38/32 (2) était estimé à 491,5 €/1000 litres en moyenne en 2023, ce qui est à peu près identique au prix moyen constaté sur un an glissant à mi 2024.
En 2023, le prix du lait non bio a été payé en moyenne à 488,0 €/1000 litres (prix réel), soit 460,7 €/1000 litres pour un lait standard 38/32, avec une légère baisse constatée sur les premiers mois 2024.
(Source : Enquête Mensuelle Laitière de FranceAgriMer)
Entre 2022 et 2023, les fabrications de produits laitiers bio sur un an ont poursuivi leur baisse : -7,2% en laits liquides conditionnés, -7,3% en produits laitiers frais, -6,9% en crème, -9,6% en beurre et -8% en fromages. Mais le début d’année 2024 montre quelques signaux positifs, en particulier depuis l’été. Sur les mois de mai à juillet 2024, les fabrications de produits laitiers frais en bio augmentent de 6,5% et celles de crème de +10,5%, même si les laits conditionnés restent en recul de 6,6%. En juillet 2024, les fabrications de produits laitiers bio ont augmenté sur un an de +11% en équivalent lait, avec des hausses enregistrées dans toutes les catégories (5,4% en laits conditionnés, 17,4% en produits laitiers frais, 53% en crème, 8,9% en beurre, et 6,4% en fromages).
Le recul des ventes de produits laitiers bio se poursuit en 2024 mais se ralentit. Après de fortes baisses depuis 2021, le niveau de consommation de produits laitiers bio en GMS (3) à mi-avril 2024 sur un an glissant est revenu à un niveau équivalent à celui de 2017 (alors que dans le même temps, la collecte a progressé de 70%). En cumul sur les 7 premiers mois 2024, les ventes de produits laitiers bio en GMS ont diminué de 7% en équivalent lait par rapport à 2023. Le rythme de baisse est donc encore soutenu, mais nettement moins qu’en 2023 (-12%) et en 2022.
Les achats en volumes de yaourts bio ont retrouvé un niveau légèrement supérieur à celui de 2023 en juin et juillet (1e hausse de consommation observée depuis 3 ans en produits laitiers bio). Les magasins spécialisés bio connaissent plus de stabilité, voire des hausses de ventes sur ce début d’année.
(Source : CNIEL via FranceAgriMer – SSP)
Le ralentissement de consommation des produits laitiers bio en France observé depuis 2021 s’explique par plusieurs facteurs :
Aggravé par l’étroitesse du marché (pas ou très peu d’autre débouché pour compenser des baisses de ventes), ce dernier facteur, la crise économique, est sans doute le plus important concernant le secteur du lait bio, les choix des consommateurs ayant été fortement impactés par la hausse des prix de l’alimentaire. Le CNIEL a d’ailleurs démontré la corrélation extrêmement forte entre le niveau de l’inflation en France et la consommation des produits laitiers bio. Les évolutions des ventes observées en conventionnel, dont certains segments augmentent légèrement de nouveau depuis 2-3 ans, laissent penser qu’il y a des reports de consommation du bio vers le conventionnel par les ménages effectuant des arbitrages financiers. Ce phénomène est encouragé par un ressenti de cherté associé aux produits biologiques.
La crise du lait bio ayant plusieurs causes, c’est en agissant sur différents leviers que la situation pourrait s’améliorer :
Après une régression de 2021 à 2023, l’Autriche voit sa collecte de lait bio augmenter en 2023, 2024 et probablement 2025. Cette hausse se fait pourtant en parallèle d’une diminution du nombre de fermes consécutives à quelques décertifications et à de nombreuses fermes non reprises à la transmission.
Concernant le prix du lait bio, il est assez variable mais avec un écart relativement constant de 70€ / 1000 litres avec le prix conventionnel.
30% du lait produit par des éleveurs bio est exporté sur le marché allemand, notamment au-travers de la marque privée Naturland. Cette part de la collecte sort ainsi du volume de lait bio disponible sur le marché autrichien, les producteurs étant certifiés via Naturland, ce qui affaiblit le poids du label AB sur les marchés locaux.
En 2023, les quelques 350 fermes bio ont assuré la production de 110 millions de Kg de lait bio en Belgique. L’offre est restée équilibrée avec une stabilisation des volumes produits. En effet, depuis plusieurs mois auparavant, il n’y avait plus d’incitation à la conversion étant donnés les prix élevés du lait conventionnel. L’écart se creusant à nouveau, certains éleveurs commencent à nouveau à envisager de passer en bio.
Les organismes collecteurs, qui prêtent une attention particulière à la limitation des coûts logistiques, favorisent la conversion d’un plus petit nombre de fermes avec des volumes plus importants. Ces quelques conversions viennent remplacer les arrêts d’activité (pour cause de retraite principalement) de fermes de plus petite taille.
Le prix bio moyen annuel en 2023 avoisinait les 0,53€/kg, bien au-dessus des 0,42€/kg en moyenne annuelle payés en conventionnel. Après deux années de rapprochement, les courbes de prix bio/conventionnel reprennent l’écart marqué qu’elles connaissaient avant la crise.
Sur l’année 2023, environ 30% du lait bio a été déclassé en conventionnel, avec de fortes disparités saisonnières : surproduction au printemps mais forte demande en fin d’année. En effet, juste avant les fêtes de Noël, le marché aurait pu absorber des volumes supplémentaires pour la confection de fromages et de crème bio.
L’année 2023 a donc été plutôt mauvaise et 2024 a mieux démarré en termes de prix du lait, légèrement à la hausse, probablement parce que la collecte de lait bio est moins importante cette année.
Sur les étals des supermarchés, le prix du lait bio reste élevé, 33% plus cher que le litre de lait conventionnel, ce qui est principalement dû aux marges réalisées par l’aval, qui dépassent en euros le prix payé au producteur. La tendance baissière de la consommation de lait bio se poursuit et les parts de marché du lait bio continuent donc de baisser.
Malgré d’importants déclassements, il semble qu’il y ait de l’import de lait bio français, vendu moins cher que le lait local. Par la concurrence de ce lait avec celui des producteurs belges, ces importations perturbent le marché belge, en rendant les négociations sur les prix plus difficiles.
Sur le plan politique, la Flandre est confrontée au même problème de pollution azote que les Pays-Bas il y a quelques années. Les éleveurs situés proches des zones naturelles risquent de devoir réduire leur cheptel, voire arrêter leur activité. Des décisions politiques étaient encore attendues début 2024, ce qui met les éleveurs, bio y compris, face à de grandes incertitudes. Ceci a nourri la révolte agricole en Belgique en début d’année 2024.
En 2023, la production de lait bio a augmenté de + 5% par rapport à 2022, pour atteindre 1,382 millions Kg, avec des fluctuations saisonnières : augmentation au printemps et baisse hivernale. En 2024, la collecte de lait bio augmente de nouveau, de + 2%, par rapport à 2023. Par contre, il n’est pas prévu d’augmentation en 2025, parce qu’il n’y a plus ou très peu de conversions.
La quasi-totalité du lait bio est valorisée en bio, avec un prix moyen en 2023 similaire à l’année précédente à 57,7 cents/Kg. A l’inverse des deux années précédentes, l’écart se creuse (+12,5 cents contre +5 cents) avec un prix conventionnel payé en moyenne annuelle à 45,2 cents/Kg. Par ailleurs, le lait bio reste toujours moins bien payé que le lait de foin (61,5 cents/Kg en moyenne annuelle), qui a le vent en poupe en Allemagne.
Les importations en 2023 ont baissé de 20% par rapport aux années précédentes, dû au ralentissement des exports autrichiens et danois, ce qui peut être une explication de la stabilisation du prix assez élevé en Allemagne.
Les tendances observées en 2023 semblent se poursuivre en 2024, bien que la consommation des produits laitiers bio diminue légèrement, l’Allemagne faisant partie des rares pays où les perspectives de collecte et de prix restent bonnes. On note tout de même une possible légère diminution du prix en 2024 par rapport à 2023. Il faut noter également que malgré la différence significative entre les prix payés en bio et en conventionnel en 2023 comme en 2024, le prix du lait conventionnel parvient à couvrir les coûts de production, ce qui n’est pas le cas du prix du lait bio.
En 2023, la production de lait bio en Suisse s’élève à 273 millions de Kg, contre 283 millions en 2021, soit une baisse de 3,3%, alors même que la production avait déjà baissé de 1,7% l’année précédente.
Ce recul de la production semble s’expliquer par l’instauration de nouvelles règles de production instaurées en 2022 par l’organisation de producteurs Biosuisse, qui fédère plus de 95% des producteurs bio du pays. Ces nouvelles règles concernent à la fois l’origine des aliments pour les vaches (100% suisse) et la réduction de la part de concentrés à 5% de la ration. La baisse de production consécutive à ces nouvelles règles colle cependant plutôt bien à la demande qui baisse de manière structurelle, les consommateurs préférant depuis plusieurs années les alternatives végétales.
Le prix payé aux producteurs en 2023 a pu légèrement augmenter pour atteindre 91 cents/Kg en moyenne annuelle (contre 75 cents en conventionnel) principalement grâce à un accord avec les laiteries suite à l’instauration du cahier des charges plus restrictif sur l’alimentation des animaux.
2023 a été l’une des années les plus difficiles pour le secteur bio tchèque en général et pour le lait bio en particulier. La demande en lait bio a baissé de 30%, les laiteries ont donc réduit ou arrêté leurs activités bio et le nombre de fermes laitières bio a également diminué. La forte inflation qui a touché le pays, couplée à la proximité de la guerre en Ukraine, ont été relayées dans les médias par des incitations à se détourner des produits chers ou superflus, dont les produits bio feraient partie.
La production, bien que limitée (31,6 millions de Kg), était donc excédentaire en 2023, avec presque 50% du lait bio déclassé en conventionnel. Cette surproduction risque de perdurer en 2024, avec peu de perspectives d’exporter les surplus vers l’étranger (notamment vers la Pologne voisine), à cause des coûts de transport trop élevés.
En 2023, la différence entre le prix payé au producteur en bio (0,48€/Kg) et en conventionnel (0,42€/Kg) était trop faible pour être incitative.
Il est probable que le bilan de l’année 2024 soit assez négatif, avec une collecte nationale qui risque de passer en dessous des 30 millions de Kg de lait bio. Cette baisse s’explique principalement car les fermes moyennes (300 à 500 vaches laitières pour 1000 ha) risquent d’arrêter leur activité bio au moment du départ à la retraite de l’éleveur et du rachat par des investisseurs.
En 2023, la production danoise s’élève à 692 millions de Kg de lait bio, soit une baisse de 4,4% par rapport à 2022 (avec un peu plus de 725 millions de Kg), qui fait suite à une baisse de 2,4% par rapport à 2021 (745,9 millions de Kg).
Une régression similaire de la collecte de lait bio, de l’ordre de -5% au moins, est encore attendue en 2024 (les perspectives annoncent une collecte qui atteindrait environ 650 millions de Kg) par rapport à 2023, et risque de se poursuivre en 2025 au même niveau. La collecte cumulée des 7 premiers mois 2024 était déjà en baisse de -7,4% par rapport aux 7 premiers mois 2023.
Cette baisse est due à la diminution du nombre de fermes. La production risque de continuer à diminuer, à cause des décertifications. Ces baisses de collecte risquent d’avoir des effets sur le marché très prochainement, avec une demande supérieure à l’offre.
Arla, la principale laiterie, organise la baisse de la production laitière bio dans le pays. Elle ne délivre plus de nouveaux contrats bio et incite les éleveurs à revenir au lait conventionnel. Pour les deux autres plus petites laiteries (Naturmaelk et Thise), seule Thise a réussi à conclure de nouveaux contrats avec des éleveurs bio. De manière générale, les éleveurs doutent de la viabilité économique d’un engagement en lait bio. A cela viendront aussi s’ajouter des départs à la retraite non remplacés d’éleveurs bio dans un avenir très proche.
Les prix vendus aux consommateurs restent élevés, alors que le prix payé aux producteurs ne cesse de baisser (désincitation d’Arla). Le prix moyen annuel payé en 2023 s’élève à 52,2 cents/Kg (contre 60,7 cents/Kg en 2022) soit 5,9 cents au-dessus du prix conventionnel de 46,3 cents/kg) (contre 54 cents/kK en 2022). En 2024, le prix payé au producteur bio devrait encore baisser, maintenu juste au-dessus des 50 cents/Kg.
Concernant la situation générale du Danemark, le photovoltaïque au sol est en très gros développement sur les terres agricoles : des entreprises achètent des fermes entières pour les couvrir de panneaux solaires. Lors de leur départ en retraire, les exploitants ne trouvent pas de repreneurs pour leur ferme, notamment du fait de la grande taille de leurs exploitations et d’un foncier très cher. Face à cette tendance, c’est la production agricole globale, et sans doute en particulier la production laitière, qui risque de régresser à l’échelle du pays.
Par ailleurs, l’Etat envisage de donner aux producteurs une subvention pour réduire leur cheptel (sous forme par exemple d’un montant annuel par vache en moins).
Le marché des produits laitiers bio ne se porte pas si mal, il est plutôt stable, de même que la collecte. Néanmoins il n’y a pas d’augmentation prévue de la production, qui n’est pourtant pas suffisante pour répondre aux besoins du pays. Du lait bio est donc importé d’Allemagne, de République Tchèque et de Lituanie.
La Suède fait face à une diminution de la production de lait bio. La baisse importante des aides du gouvernement, depuis plusieurs années, engendre une diminution globale du nombre de fermes.
(Source : informations recueillies via le réseau européen des producteurs de lait bio)
(1) Les années précédant la crise que connaît actuellement la filière lait bio ont connu des hausses exceptionnelles de la production de lait bio. La collecte annuelle a ainsi augmenté de :
(2) Prix 38-32 : prix toutes primes comprises et toutes qualités confondues, ramené à un lait standard à 38g de MG (matière grasse) et 32g de MP (matière protéique).
(3) GMS = Grandes et Moyennes Surfaces ; il s’agit de données du CNIEL issues du panel CIRCANA qui suit les ventes de produits alimentaires en grande distribution (surface de vente > 400 m²), c’est-à-dire en hypermarchés, supermarchés, hard-discount et drive/commerce en ligne.
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