Découvrez les pratiques et techniques par filière
Le réchauffement climatique frappe de plein fouet toute l’agriculture mondiale. La viticulture audoise n’est pas épargnée.
Par des techniques (pas toujours si) innovantes, les viticulteurs cherchent à se ré-inventer.
Cependant, le climat sec et difficile, de plus en plus accentué par des changements climatiques : La ressource en eau est faible et la pluviométrie se réduit depuis une vingtaine d’années (pluies automnales, nécessaires à la recharge des sols de plus en plus rares et a contrario épisodes cévenols très violents). La chaleur et la sécheresse s’accentuent( figure 1 : Évolution de la Température moyenne estivales pour la ville de Carcassonne entre 1950 et 2017).
Sur la période 1959-2009, on observe une augmentation des températures annuelles d’environ 0.3°C par décennie. À l’échelle saisonnière, ce sont le printemps et l’été qui se réchauffent le plus, avec des hausses de 0.3 à 0.5°C par décennie pour les températures minimales et maximales. En automne et en hiver, les tendances sont également en hausse, mais avec des valeurs moins fortes, de l’ordre de 0.2°C à 0.3°C par décennie. En cohérence avec cette augmentation des températures, le nombre de journées chaudes (températures maximales supérieures ou égales à 25°C) augmente et le nombre de jours de gel diminue.
Les viticulteurs du département ( et de la région) cherchent des solutions pour s’adapter à ces changements tout en conservant les caractéristiques de leurs terroirs.
Grâce au nouveau cahier des charges déposé par Vivea pour 2020- 2025, il a été possible de créer des formations ayant pour socle commun l’Adaptation au Changement climatique.
Suite à des discussions et des réflexions avec les agriculteurs plusieurs sujets sont ressortis
on ne veut plus que de la vigne
L’un des points majeurs d’adaptation est finalement la ré introduction. Mais de quoi ? Mais de tout ! La culture de la vigne s’est au fil des années dépouillée de plus en plus, pour ne laisser finalement que d’immenses
champs de vignes au sol nu, et sans la moindre diversité. La diversité est le point clé pour une meilleure résilience de la viticulture.L’agroforesterie, le pâturage et les couverts végétaux ressortent comme les trois piliers d’une viticulture durable et résiliente et s’imbriquent pour créer un nouvel environnement.
Ils vont ainsi re dessiner le paysage viticole, et engendrer un cercle vertueux.Outre les formations ouvertes à tous le Groupement d’Intérêt Économique et Écologique : Vignes en Association (créé en 2016) et ayant pour objectif de travailler sur les couverts végétaux à petit à petit évolué pour intégrer les pratiques citées ci-dessus. Comptant au départ une petite quinzaine de viticulteurs ils sont aujourd’hui plus de 35 à vouloir travailler sur ces thématiques. Des visites d’exploitations et des formations sont prévues pour 2021.
Les couverts végétaux/enherbement travaillent sur le côté fertilisation, vie des sols, limitation de l’érosion, captation de l’eau de pluie, limitation des maladies cryptogamiques etc.
La pâturage va ramener un fertilisant, permettre de limiter les passages du tracteur et finalement limiter le travail du sol en laissant l’herbe pour les animaux.
L’agroforesterie va créer du relief, va attirer et ramener des oiseaux, insectes et toute une biodiversité propice à la vigne. Elle va aussi jouer sur la retenue des sols et leurs structurations. Tout en créant des canaux de ruissellement pour l’eau. Elle peut fournir une diversification pour l’exploitant (fruits/olives), et un complément d’alimentation pour des troupeaux ( haies fourragères par exemple).
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Ils vont ainsi re dessiner le paysage viticole, et engendrer un cercle vertueux.
Outre les formations ouvertes à tous le Groupement d’Intérêt Économique et Écologique : Vignes en Association (créé en 2016) et ayant pour objectif de travailler sur les couverts végétaux à petit à petit évolué pour intégrer les pratiques citées ci-dessus. Comptant au départ une petite quinzaine de viticulteurs ils sont aujourd’hui plus de 35 à vouloir travailler sur ces thématiques. Des visites d’exploitations et des formations sont prévues pour 2021.
Les préparations de plantes, huiles essentielles, thé de compost etc. sont sur le devant de la scène.
De plus en plus d’agriculteurs les teste comme alternatifs aux produits phytosanitaires. Ils sont aussi une aide non négligeable pour lutter contre les coups de chaud, les brûlures et les différents aléas climatiques (grêle, gel). Ces épisodes sont de plus en plus fréquents et intenses, et malheureusement peu de solutions curatives…
Des formations sont prévues durant l’été 2021 avec Eric Petiot autant en arboriculture qu’en viticulture afin de monter en compétences sur ces sujets complexes. L’association Chemin Cueillant ( Association pour le développement de l’agro écologie et de l’agriculture paysanne dans le Minervois) a monté un GIEE auquel le Biocivam 11 est associé, aussi sur cette théma–tique, permettant aux viticulteurs d’échanger
sur leurs pratiques afin de mettre à profit et en communs les connaissances de chacun pour progresser.
Si la vigne en pâtit , les raisins aussi, et forcément le vin. La vinification, particulièrement pour les viticulteurs qui souhaitent travailler en « nature » ou selon le cahier des charges bio- dynamie ( pas de LSA, pas ou peu de soufre, peu d’intrants en général) devient un challenge. La chute des acidités, de l’azote, combiné à l’augmentation des degrés alcooliques rend délicat de vinifier dans de bonnes conditions.
Un groupe de viticulteur animé par le Biocivam 11 travaille sur cette thématique, ayant déjà de « bonnes pratiques » à la vigne, l’étape suivante est une amélioration de la technicité en cave .
Le premier problème du réchauffement climatique vient de la vigne en elle même qui
ne supporte pas les ( nouvelles) conditions météorologique. Mortalité précoce, apoplexie, problème de maturité, stress hydrique et défoliation.
Par la demande du marché et la globalisation de la viticulture, les cépages se sont uniformisés. Des variétés septentrionales se sont petit à petit implantées dans la région, délaissant celles plus autochtones. Ceci combiné à une sélection clonale a amplifié la standardisation du vignoble, le rendant de moins en moins apte à faire face à ces changements.
Un travail sur le matériel végétal s’initie depuis quelques années avec des pépinières engagées dans ce tournant.
Prospection dans des domaines possédant de vieilles parcelles, sélection de bois de pieds qualitatifs, et multiplication pour mettre à disposition du viticulteur une gamme de pieds bénéficiant d’une variabilité génétique intrinsèques tout en étant adaptés à leur milieu.
Outre le travail sur la sélection massale en tant que telle, les souches choisies sont des Terret ( noir, gris, blanc), Ribeyrenc, Picpoul, Aramon etc etc, variétés traditionnelles mais délaissés car trop peu qualitatives ( manque de degré notamment) mais parfaitement adaptées aux nouvelles contraintes climatiques.
Ces travaux sont à combiner avec le réapprentissage de la greffe sur vigne en place, ou surgreffage. En effet, c’est une technique de plus en plus utilisée pour modifier l’encépagement vers des variétés plus résistantes notamment , tout en conservant un système racinaire fonctionnel et ancien.
Une journée sur cette thématique est organisée avec la pépinière Bérillon sous forme de Terr’eau Bio afin de sensibiliser le plus grand nombre. Au programme : Présentation et explication de la sélection massale, et du prélèvement de bois ; techniques de greffage sur vigne en place et enfin intérêt et diversité des cépages traditionnels languedociens.
Ainsi en attaquant le problème par tout les bords et se remettant constamment en question. Les viticulteurs Occitans semblent trouver des solutions à leur échelle, répondant aux besoins spécifiques de la région. En travaillant autant sur l’environnement de la vigne par l’agroforesterie, ou les couverts, que sur le matériel végétal ou leurs itinéraires techniques ils testent ensemble des potentielles solutions pour maintenir une viticulture sensée en Occitanie.
De gauche à droite :
1 / Exemple de haie agroforestière ( Château Armoria)
2 / Exemple de haies agroforestière ( Domaine Clos des Jarres à Laure Minervois)
3 / Couverts végétaux (Mai 2020)
Rédigé par :
Anaïs Berneau, BioCivam de l’Aude
Crédits photos et infographies : Anaïs Berneau, Justine Carré, Christophe Dréano
Article initialement publié dans le MAG de la BIO Occitanie n°18 de juin 2021
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