BIODUR PACA : Structurer et sécuriser la production du blé dur bio en région Sud-PACA

Publié le : 21 septembre 2023

blé dur

Crédit photo : Arvalis

Découvrez les résultats du projet BIODUR PACA piloté par Agribio04, financé par la région Sud-PACA et l’Union Européenne (fonds FEADER), visant à développer la filière blé dur bio dans la région Sud-PACA.

Contexte et enjeux du projet BIODUR-PACA

La région Sud-PACA est le bassin de production ancestral du blé dur. En 2021, la région représentait 36% des surfaces nationales de blé dur bio, soit 2 400 ha sur les 6 700 ha à l’échelle nationale, devant l’Occitanie (2ème région productrice) et le reste du territoire français.

En 2019, avant la crise Covid, l’inflation des prix et le ralentissement de la bio, les surfaces emblavées et les références techniques étaient insuffisantes pour répondre à la demande des pastiers français : produire un blé dur bio de qualité riche en protéines (>12,5%) et faible en mitadins (<30%) pour assurer une bonne ténacité des pâtes. L’atteinte des exigences qualité de la filière s’avère en effet difficile dans des systèmes bio structurellement carencés en azote. Cette difficulté est renforcée par les exigences nutritives du blé dur qui s’estiment à 3,5 kg N/q de rendement.

Afin d’accompagner la structuration d’une filière de blé dur bio de qualité en région Sud-PACA, Agribio 04, Arvalis, les Chambres d’Agriculture des Alpes de Haute-Provence et des Bouches du Rhône et les lycées agricoles d’Aix-Valabre et de la Ricarde, se sont rassemblés autour du projet BIODUR-PACA, financé par le programme FEADER de l’Union Européenne et la région Sud-PACA. Pendant trois ans, les partenaires du projet se sont attachés à acquérir les premières références technico-économiques sur la culture du blé dur bio en région avec pour objectif final de mieux accompagner les agriculteurs et les opérateurs de la filière. Terminé en avril 2023, BIODUR-PACA nous livre ses derniers enseignements.

Éviter les variétés trop productives en systèmes bio

Pendant trois ans, une vingtaine de variétés ont été testées chez plusieurs agriculteurs de la région Sud-PACA. L’objectif était d’identifier les variétés les mieux adaptées aux systèmes céréaliers bio méditerranéens et les plus à même de répondre aux exigences qualité de la filière. Les résultats variétaux révèlent que les conditions azotées limitantes, récurrentes en système bio, associées à des variétés très productives (ANVERGUR, RGT VOILUR etc.), entrainent une contre-performance qualitative qui ne permettent pas d’atteindre les exigences qualité de la filière. Cette contre-performance s’illustre notamment par des taux de protéines plus faibles que la moyenne mais surtout pas des taux de mitadinage supérieurs à 30% réduisant le rendement semoule. S’orienter vers des variétés de compromis assurant rendement et protéines est donc à privilégier : DIMOKRITOS, ATOUDUR, PESCADOU, FORMIDOU (résistance oïdium, variété particulièrement bien adaptée au contexte camarguais où les risques fongiques sont élevées en raison des embruns marins), RGT RAMUR.

Ces résultats sont bien évidemment à relier aux réalités économiques des fermes bio. En effet, les calculs économiques réalisés dans le cadre du projet révèlent que la marge nette s’explique tout d’abord par le rendement. Le choix variétal vient ensuite optimiser la marge grâce au compromis rendement/protéines.

La rotation : clé de réussite du blé dur bio

Au-delà du choix variétal, l’effet précédent des légumineuses pluriannuelles rencontrées en tête de rotation des systèmes bio méditerranéens (sainfoin, luzerne) vient largement sécuriser le rendement et la qualité du blé dur bio.

La minéralisation progressive des résidus de cultures permet d’améliorer significativement la nutrition azotée du blé dur jusqu’à floraison et d’aussi bien jouer sur le rendement que sur la protéine. On estime qu’à itinéraire technique égal, un précédent légumineuses pluriannuelles permet d’augmenter significativement le rendement tout en élevant de 1 point le taux de protéines. Les suivis de parcelles chez les agriculteurs partenaires révèlent également une nette diminution du taux de mitadins, estimé en moyenne à 15% en précédent légumineuses pluriannuelles contre 52% en précédent céréales à paille. De tels résultats s’observent dans un contexte où le précédent est convenablement détruit et les repousses présentes en très faible quantité.

Précocifier les apports fertilisants

L’amélioration des performances agronomiques du blé dur bio se répercute bien évidemment sur la rentabilité de la culture. En fonction de la conjoncture économique, celles-ci peuvent être sécurisées par une fertilisation organique précoce (janvier), dernière période de précipitations significatives dans la région, jusqu’au retour des pluies habituellement observées fin avril/début mai. Les enseignements du terrain en contexte méditerranéen nous incitent à privilégier les apports en fonction du climat plutôt qu’en fonction du stade phénologique, le dérèglement climatique créant un décalage entre la disponibilité en azote et les besoins de la culture. Lors de la campagne 2021/2022, année exceptionnellement sèche, seuls les apports au semis nous ont permis d’observer un effet significatif des produits organiques sur le rendement.

Biner pour mieux maîtriser l’enherbement

Crédit photo : Arvalis

En contexte méditerranéen, la bineuse laisse une plus grande marge de manœuvre et permet d’intervenir dans de meilleures conditions sur des adventices plus développées (créneaux d’interventions 30% + élevé en comparaison avec les autres outils). Le binage peut se faire en sacrifiant un rang de blé sur deux, technique qui n’impacte pas le rendement pour des potentiels inférieurs à 45 -50 q/ha. Le binage du blé dur permet également d’introduire d’autres espèces en inter-rangs sécurisant la réussite de la culture principale.

En 2021, les blés associés à la féverole binée étudiés dans le cadre du projet BIODUR présentaient un taux de protéines supérieur de 1 point par rapport au témoin non fertilisé biné (écartement 14cm) sans perte de rendement. Les systèmes d’autoguidage (mécanique, détection du rang, caméra, RTK) sont des technologies accompagnant l’appropriation par les agriculteurs de la bineuse sur céréales à paille. Les technologies telles que le système RTK permettront demain de biner les blés durs sans faire varier les écartements.

Blé dur ou blé tendre : que choisir ?

A précédent culturaux équivalents, le coût de production (€/t) du blé dur bio est plus élevé en raison de besoins en azote plus importants et des rendements légèrement inférieurs au blé tendre.

En 2022, le différentiel de prix doit être à minima de 70 €/t en faveur du blé dur pour que celui-ci soit plus rentable. La différence de rentabilité est également déterminée par les conditions de production : en conditions azotées limitantes (2ème paille, sécheresse), le blé tendre sera plus sécurisant et plus rentable que le blé dur. A l’inverse, en bonne conditions azotées (précédent légumineuses pluriannuelles), le blé dur sera plus rentable que le blé tendre. Les blés durs précédés de luzerne ou de sainfoin permettent en effet une diminution du coût de production de 5 à 20% par rapports aux blés durs de précédents autres (économies d’apports azotés) et un gain de marge nette compris entre +10 et +60% d’après les enquêtes réalisées auprès des producteurs du réseau (rendement maximisé).

Retrouvez les 5 fiches techniques blé dur bio et l’ensemble des livrables du projet sur le site BIODUR-PACA.

 

Rédactrice :

Clémence Rivoire, Agribio 04

Grandes-cultures@bio-provence.org

07 44 50 30 67

 

En collaboration avec :

Mathieu Marguerie, Arvalis

Sarah Parent et Marwa Ben Ombrane, Chambre d’Agriculture 04

François Martin, Chambre d’Agriculture 13