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La betterave sucrière est inscrite dans les systèmes de polyculture de la partie Nord de la France. Aujourd’hui, aucune valorisation n’est possible en bio alors que la France est le premier pays européen producteur de betterave sucrière. L’absence de filière bio est un frein à la conversion des systèmes grandes cultures dans les régions betteravières. Les travaux du réseau FNAB sur une future filière sucre bio se concrétisent, avec une étude de marché menée par le Gabnor (Groupement des agriculteurs biologiques du Nord-Pas-de-Calais) et impliquant divers acteurs de la filière, une concertation interrégionale sur l’expérimentation et les techniques de production, et des projets dans d’autres régions comme la Bretagne et le Grand-Est.
La production de sucre bio représente un enjeu à la fois technique, lié à l’itinéraire de la culture de la betterave en bio, et économique, en ce qui concerne la structuration de la filière.
La betterave sucrière est cultivée essentiellement dans le Nord de l’Europe, où le climat est le mieux adapté : les régions productrices les plus compétitives sont le Nord de la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne.
Le sucre bio de betterave européen vient d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, avec 10 000 tonnes produites en 2010. (Agence BIO)
Südzucker, le plus gros producteur mondial de sucre de betterave, s’est lancé dans la bio il y a plus de 10 ans avec deux sucreries :
En Autriche, le groupe AGRANA (qui fait partie de Südzucker) produit du sucre de betterave bio depuis 2008.
Des filières bio ont émergé en Angleterre et aux Pays-Bas mais n’existent plus aujourd’hui. L’entreprise britannique British Sugar a démarré une production de sucre blanc bio en 1999, et a dû l’abandonner en 2005 à cause d’une demande insuffisante, du prix élevé du produit final et de la concurrence du sucre de canne importé.
Dans le monde (2014-2015, Confédération Générale des planteurs de Betterave) :
En Europe :
En France, la production :
Dans le monde : Production de sucre bio 320 000 de tonnes (90 % canne à sucre et 10% betterave).
En Europe (Agence BIO) :
La betterave sucrière s’étend en France sur plus de 380 000 hectares (2015-2016). C’est une culture historique, à forte valeur ajoutée, réglementée par des quotas, droits à produire transmis de génération en génération. La production « réglementaire » de sucre de betterave est de 4,79 millions de tonnes (sur 389 000 ha). Avec l’arrêt des quotas au 1er octobre 2017, la hausse des surfaces à prévoir est estimée à +20 %.
L’absence de filière bio freine les conversions et explique la mixité des fermes bio très répandue dans ces régions : les agriculteurs qui passent en bio gardent leur production de betterave en conventionnel ou remplacent cette culture à forte valeur ajoutée par des légumes de plein champ. De nombreux polyculteurs sont potentiellement freinés dans leur processus de conversion : on compte 198 000 ha de betterave pour plus de 10 000 planteurs en Hauts-de-France, et 87 000 ha en Champagne-Ardenne en 2013.
La création d’une filière de sucre de betterave bio en France permettrait de :
Le réseau FNAB, via un groupe inter-régional sur la zone concernée, a entrepris de développer cette filière par 2 entrées : l’expérimentation sur les aspects techniques de production (axe 1), et l’étude du marché et de la demande des industriels à l’aval (axe 2).
Des essais de production de betterave bio ont été menés en Belgique, Suisse, Grand-Est, Hauts-de-France et Normandie. Les principales difficultés pour la production sont liées au salissement et à la fertilisation. Au début des années 2000, des essais ont donné des rendements de 50 t/ha (à 16% de densité en sucre) en Champagne-Ardenne, 60 t/ha dans le Nord-Pas de Calais. Mais le coût de production de la betterave est plus élevé en bio, notamment en raison de charges de désherbage (en partie manuel) plus élevées. Des essais au champ ont été menés en 2016 en Hauts de France et en Bretagne, avec des résultats provisoires encourageants (66 t/ha).
Pour démarrer une production de betterave bio avec des références techniques communes, le groupe technique inter-régional du réseau FNAB a initié un travail collectif entre producteurs et techniciens. Lors de la première réunion en décembre 2016, ils ont fait le point sur les techniques et résultats obtenus, et se sont mis d’accord sur un protocole technique commun (variété, place dans la rotation, semis, désherbage) pour pouvoir faire ensuite des comparaisons. Les parcelles 2017 seront suivies sur 3 ans. Rendez-vous en septembre 2017 pour les premiers résultats !
Le principal frein pour la valorisation est le surdimensionnement des outils de transformation pour les volumes à prévoir en betterave sucrière bio. Par exemple, la sucrerie d’Escaudœuvres (59) transforme 16 000 tonnes/jour ce qui correspond à plusieurs centaines d’hectares bio.
Le Gabnor a créé un groupe de travail composé d’experts et d’acteurs, du producteur au transformateur (Synabio, ITAB, Biopartenaire, etc.), qui s’est réuni une première fois en juillet 2016. Animé par le Gabnor, ce groupe pilote une étude jusqu’en août 2017 sur les besoins du marché en sucre bio, pour mieux connaître la demande des industries utilisatrices de sucre bio et le type de produit dont elles ont besoin. L’objectif est d’identifier les processus de transformation les plus appropriés dans la perspective d’une filière régionale. Ce projet national est ouvert : les partenaires intéressés sont invités à se joindre à la réflexion.
D’autres régions, moins « traditionnelles » pour la production de betterave sucrière, réfléchissent aussi à la création d’une filière régionale de betterave bio, comme diversification possible pour les producteurs bio actuels.
En Alsace, l’OPABA, dans le cadre d’un état des lieux des potentiels de développement des filières bio en région, a confié au bureau d’étude Ecozept l’étude du marché du collecteur-transformateur allemand Südzucker qui a une gamme bio. Cela permettra d’évaluer ses besoins et la faisabilité d’une collecte de betteraves bio en Alsace.
En Bretagne, où la betterave sucrière n’est pas présente dans les systèmes agricoles, le projet Breizh Sukr étudie la création d’une sucrerie biologique à l’échelle régionale.
Pour la transformation, 2 voies existent :
C’est cette 2e voie qu’envisage le groupe expert qui pilote l’étude de marché avec le Gabnor, mais aussi la Bretagne: des outils de transformation de petite taille, artisanale ou intermédiaire.
Article rédigé par Simon Hallez du GABNOR
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