Le lin textile biologique : une filière en développement

Publié le : 16 juillet 2016

La culture du lin textile est largement répandue en Normandie, le long de la côte nord de la Manche, et dans la Brie en Seine-et-Marne, zones au terroir et au climat favorables. C’est une culture industrielle très présente dans les assolements traditionnels, rémunératrice, et attachée à un tissu coopératif et privé de première transformation, le teillage, qui isole la filasse destinée au textile, à la corderie, à la papèterie, à l’industrie des matériaux composites et du bâtiment. L’association Lin et Chanvre Bio (LCBio), crée en 2013, regroupe en 2016 une quinzaine de producteurs bio cultivant du lin textile ainsi que plusieurs entreprises de valorisation.

Fondateurs de Lin et Chanvre Bio - ©Elodie Jouan

Le lin textile bio : bonnes terres et maîtrise technique

Désherbage mécanique de lin bio ©Rodolphe Murie

Culture de printemps diversifiant l’assolement et peu exigeante en azote, cette culture reste techniquement difficile à maîtriser et réservée aux bonnes terres. Plante à cycle très court, donc sans rattrapage possible, elle revient tous les 7 ans dans la rotation.

En l’absence de semence bio, elle doit être non traitée et de bonne qualité. Le choix de la variété tient compte du potentiel de rendement, de la tolérance aux maladies (fusariose, brûlure…), de la gamme de précocité…

La récolte, avec un matériel spécifique, se fait par arrachage et dépose des andains rectilignes au sol. S’en suit la phase de rouissage (dégradation de la tige en éliminant la pectose qui soude les fibres textiles à la partie ligneuse de la plante), qui s’effectue au champ, par l’action de la vie biologique du sol et d’une alternance de pluie et de soleil. On a pu remarquer des rouissages plus rapides en sol bio.

La maîtrise des adventices est d’une importance capitale, car si elles s’installent dans les andains au sol, elles rendent le teillage difficile, se mêlent aux fibres du lin et font baisser la qualité du produit final.

Une association pour développer la filière textile lin bio

En juin 2013, une dizaine de producteurs, quatre teilleurs et trois entreprises de transformation de lin textile et de chanvre biologiques ont créé l’association Lin et Chanvre Bio. Cultivé en bio en France sur au moins 153 ha recensés en 2016, le lin biologique fait sa place sur les marchés des fibres textiles et des fibres biologiques.

Teillage Terre de Lin ©Rodolphe Murie

L’association travaille depuis 2013 sur le développement des débouchés textiles certifiés pour la fibre de lin cultivée en agriculture biologique.

Pour ce produit non alimentaire, la traçabilité de l’agriculture biologique dans la fabrication de tissus est assurée par le cahier des charges Global Organic Textile Standard (GOTS), certifié en France par Ecocert. Ce cahier des charges permet de certifier un tissu biologique depuis les matières premières jusqu’au produit fini. Le tisseur belge Libeco a développé une gamme de produits en lin biologique, issu des fermes françaises. L’entreprise bretonne Biotissus propose désormais plusieurs tissus en lin biologique cultivés en France.

Un levier de développement des conversions dans les régions productrices

Le lin fait partie des cultures industrielles auxquelles les producteurs sont attachés, à l’instar de la betterave

ruban de lin bio ©Rodolphe Murie

sucrière ou du colza. L’enjeu pour LCBio est de favoriser un développement constant de la demande en fibre de lin biologique par l’industrie du textile et ainsi permettre aux agriculteurs de conserver une culture industrielle à forte valeur ajoutée dans leur assolement pendant leur passage en agriculture biologique. Aujourd’hui, trois teillages sont certifiés GOTS (Terre de Lin, Coopérative de Teillage de Lin du Neubourg et Devogèle) et permettent facilement à leurs adhérents de valoriser leur production en cas de conversion bio. La graine, fortement demandée, est aussi très bien valorisée.

Le GRAB de Haute-Normandie et le GAB Ile-de-France accompagnent chaque année les producteurs dans leurs choix techniques et animent le réseau des producteurs bio pour échanger sur leurs pratiques et leurs résultats. Des tours de plaine ont été organisés au printemps 2016 autour du lin bio en culture.

Itinéraire technique du lin bio

  • Place dans la rotation : derrière un blé de luzerne (azote et propreté de la parcelle)
  • Préparation du sol : labour – reprise au vibroculteur ou herse rotative – faux semis avec précaution, la culture est sensible à la battance et au tassement donc attention à ne pas faire trop de terre fine.
  • Semis : entre le 1 et le 15 avril à 2 200 grains/m2, qui correspond à environ 110-140 kg/ha. On choisira une variété vigoureuse au départ, résistante à oïdium et fusariose. Un passage de rouleau est préférable si la terre est un peu soufflée et en cas de risque de sécheresse. Il est indiqué aussi si l’on prévoit un désherbage à la houe rotative.
  • Fertilisation : précédent cultural pour l’azote. Un apport foliaire de zinc est conseillé au stade cœur ouvert (2 cm), sous forme de sulfate (4 kg/ha) ou mieux sous forme chélatée.
  • Désherbage : Le contrôle des adventice se gère essentiellement en préventif par la rotation. Ensuite on peut utiliser la herse étrille ou la houe (entre 3 et 10 cm). Le binage est pertinent si l’on peut semer à faible écartement (15 cm).
  • Récolte : Arrachage, rouissage, et enroulage sont réalisés dans un délai minimum d’un mois. Le retournement de l’andain permet d’éviter l’imprégnation d’adventices rampantes. Une souleveuse est parfois nécessaire avant le ramassage. La récolte des graines lors d’un retournement, dite étape d’écapsulage, permet d’améliorer la marge de la culture.

Article rédigé par Matthieu Rios, Animateur Lin et Chanvre bio, 06 31 00 84 33, linetchanvrebio@gmail. com