Découvrez les pratiques et techniques par filière
AgroBioPérigord a organisé une formation sur les planches permanentes en faisant intervenir Joseph Templier, qui a une expérience de 25 ans en maraîchage sur planches permanentes dans le GAEC Les Jardins du Temple, en Isère. Il est également co-gérant de l’Atelier paysan et auto-constructeur d’outils adaptés au travail en planches permanentes.
La pratique des planches permanentes n’est pas nouvelle. Elle était déjà utilisée dans plusieurs pays comme la Guyane, l’Amérique latine, la Thaïlande… Elle vise à maintenir une fertilité et une bonne structure des sols, ainsi qu’à cultiver sur des zones très humides.
La technique des planches permanentes est basée sur 7 principes :
Elle peut être mise en œuvre sur tous les types de sols. Il sera toutefois plus facile de former une butte sur des sols limono-sableux que sur des sols fortement argileux et/ou caillouteux. Seul le temps consacré à la formation des buttes sera affecté par cette différence. Les objectifs à atteindre sont les mêmes quels que soient les types de sols.
Il faut bien connaître et observer son sol pour intervenir au bon moment. Un maraîcher devrait toujours se balader sur ses parcelles avec une bêche, car elle permet de savoir “ dans quoi il travaille“. Sonder son sol, c’est comprendre comment il réagit à la pluie, au sec, au passage de tel outil, à telle profondeur… Le maraîcher peut ainsi adapter ses pratiques pour répondre aux besoins spécifiques de chaque légume, tout en perturbant le moins possible les équilibres du sol.
Pour travailler son sol, il est important de ne pas forcer le passage si les conditions ne sont pas bonnes (mouillées comme sèches). Il est préférable de ne rien faire plutôt que de déstructurer le sol ! Malheureusement, c’est ce qui est trop souvent fait en maraîchage diversifié pour arriver à suivre le calendrier de semis et de plantations, avec des conséquences dommageables.
Avant la mise en place des planches, il convient de bien observer son terrain et de voir comment s’écoule l’eau dans la parcelle. Selon le contexte pédoclimatique, il faut envisager tous les travaux nécessaires permettant de s’affranchir des contraintes liées à l’eau. Un drainage peut être indispensable s’il y a des mouillères ou des zones “sourceuses”. En espace de plaine avec une nappe affleurante en hiver, un profilage bombant avec des bons fossés peut mettre les planches “ hors d’eau ”.
Dans certaines situations, un puisard d’absorption est réalisé si le sous-sol est drainant pour résorber des accumulations d’eau en zone basse. Tous ces travaux facilitent la gestion des interventions et sécurisent les cultures de printemps et d’automne.
Par exemple, si le terrain est plat, il faut créer une pente de 1% maximum ; dans le cas contraire, la planche sera construite dans le sens de la pente. Plus il y a de pente, plus on réduit la longueur de la planche. Le choix de la voie du tracteur est très important car il détermine la largeur des planches. Le dégagement net intérieur entre les pneus doit être de minimum 5 cm de plus que la largeur inférieure de la planche. Cela évite les tassements latéraux et préserve les éventuels paillages.
Le bon choix de la largeur des allées facilite la conduite des cultures. En choisissant une largeur d’une fois et demi le pneu, le filet de protection est maintenu sans avoir à déborder sur la planche voisine. C’est aussi une sécurité en cas de déviation sur une planche, sans entamer la planche d’à côté, comme ce serait le cas en roulant roue dans roue.
Les avantages constatés des planches permanentes sont au bout de 15 ans :
Cette technique permet donc d’améliorer la structure et la texture des sols. Au-delà de l’impact positif qu’elle a sur la circulation de l’eau et le réchauffement du premier horizon de sol, elle permet une meilleure homogénéité des semis, et des levées, et facilite la gestion des couverts et des adventices. La contrainte majeure par cette pratique réside sur l’adaptation de l’outil de formation des buttes au matériel de traction. Dans ce cas précis de l’auto-construction, il est donc facile d’adapter les côtes du matériel au tracteur qui réalisera le travail.
Article rédigé par Séverine ALFIERI, technicienne maraîchage à Agrobio Périgord et Emmanuel MARSEILLE, directeur d’Agrobio Périgord, à partir des références de Joseph TEMPLIER, de l’Atelier Paysan.
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