Améliorer l’ergonomie en maraichage bio c’est possible !

Publié le : 16 février 2017

Les typologies d’exploitations maraîchères bio sont très variées en termes de taille, de main d’œuvre ou de conduite peu ou très mécanisée, traction animale, permaculture, grand jardin…. Mais une chose est commune à tous ces systèmes : un volume de travail important et des tâches physiques répétitives qui peuvent vite devenir éreintantes. Face à ce constat, quelle solutions des producteurs bio pour améliorer l’ergonomie des travaux maraichers ?

Des méthodes et postures de travail

Le maraîchage fait pleinement intervenir le corps du maraîcher. L’intensité, la répétition et la nature des gestes amènent des désagréments et peuvent conduire, à terme, à des blessures. Il existe aujourd’hui des techniques pour mieux sentir son corps en action et chercher des façons efficaces – c’est-à-dire confortables – de travailler. La récupération après le travail est aussi un point non négligeable à explorer.

D’après Pascal Riche, formateur et ancien ostéopathe, intervenu auprès de maraîchers bios en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes d’Armor, il est avant tout nécessaire de comprendre son anatomie pour se rééduquer et réapprendre les bons gestes.

 

La construction vertébrale répond à une véritable logique mécanique avec 3 courbures naturelles de la colonne. Elle est constituée de 33 ou 34 vertèbres (selon les individus) empilées et amorties par les disques en cartilage. Les noyaux dans les disques assurent la mobilité de la colonne (flexion, extension, rotation). Des muscles retiennent les vertèbres entre elles, ce qui nous évite de tomber en avant. Cela veut dire aussi que nos muscles sont en permanence sollicités. Cette construction s’appelle le trépied vertébral. « Respecter son dos, c’est respecter les trépieds, en respectant les courbures et en verrouillant », fait remarquer Pascal.

En posture debout, il faut chercher un bon aplomb. Pour verrouiller les trépieds, il faut bien positionner le bassin, prendre appui devant soi, élargir les pieds au sol quand c’est possible, afin de soulager le dos.

Ajustement de la hauteur du siège dans l’atelier plants, Crédit A.L. Chauvel, GAB 22

Pistes pour améliorer ses postures de travail :

  • Adapter le niveau du plan de travail en fonction de l’activité prévue et de la taille de la personne
  • Utiliser l’aide technique quand c’est possible ou l’entraide π Lors de transport de charges, penser à n’utiliser qu’une poignée et à soutenir sous la charge.
  • Adapter la hauteur du siège : un siège trop bas induit des contraintes discales trop fortes (jusqu’à 280 kg !!).
  • La prévention passe aussi par une logique d’entretien pour assouplir les muscles : ne pas hésiter à s’échauffer avant de commencer et à s’étirer en fin de journée !

Sur le même thème, le CGA de Lorraine mais aussi Agribio 47 ont organisé récemment une formation sur la méthode Feldenkraïs.

Cette pratique corporelle, inventée par Moshé Feldenkraïs dans la deuxième moitié du XXe siècle, est une approche du geste. Initialement conçue pour la rééducation, cette méthode est aussi utilisée pour les professionnels exerçant une activité physique de haute intensité : athlètes, musiciens, danseurs…et maraîchers ! Plus spécifiquement, il s’agit d’une approche se focalisant sur le producteur et son outil, pour apprendre à changer ses mouvements, à réfléchir sa position, afin d’être à l’écoute de son corps et pouvoir mieux récupérer après l’effort.

En pratique, cette méthode se décline en séances individuelles où le praticien guide la personne vers des gestuelles inhabituelles et plus efficaces ou en séances collectives où le praticien conseille oralement les membres du groupe afin de trouver les gestes les plus adaptés. Chacun y recherche ses meilleures postures, sans imitation des autres.

Des outils adaptés

Au-delà des postures et des gestes, d’autres actions peuvent être mises en place afin d’améliorer le confort au travail. A chaque étape, de la plantation à la récolte, le maraicher utilise des outils pour l’aider dans ses tâches. Le type d’outil, leur format et leur ergonomie peuvent être régulièrement réinterrogés, que ce soit pour des outils manuels ou tractés. Des entreprises d’outillage se sont développées sur ce concept, comme Terrateck ou Cecotek pour les outils manuels. Aujourd’hui des démarches d’autoconstruction sont à l’œuvre partout en France, notamment avec l’Atelier Paysan -anciennement Adabio construction- qui propose une approche innovante de l’outil (plans d’outils libre de droit, des formations à l’autoconstruction etc.)

Yann Doridant, maraîcher à Amance, sous le regard de Jérôme Sievener. Crédit photo : CGA Lorraine

 

En maraîchage sur petites surfaces, les outils peuvent être adaptés pour un meilleur confort de l’utilisateur. Pour le sarclage, les producteurs adhérents du CGA Lorraine ont, par exemple, bénéficié d’une commande groupée pour l’achat d’une bineuse GLASER (marque suisse) avec un grand emmanchement afin d’éviter de travailler courbé.

Grâce à des investissements bien réfléchis ou même à l’auto construction d’outils simples et facilitateurs, il est donc possible d’optimiser ses itinéraires techniques et de se ménager à la tâche au quotidien. Travailler ses gestes et ses postures est tout aussi justifié afin d’améliorer le confort du métier de maraîcher bio.

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