Auto-construction d’une machine à balayer les doryphores

Publié le : 15 janvier 2021

Dans le cadre du volet sur l’autoconstruction de matériel de maraîchage du projet FEADER 2.1 « PimAB: Pratiques Innovantes en Maraichage Bio », Agribio 05 a développé, avec l’Atelier Paysan et Toutomarto, un prototype de machine à balayer les doryphores, le landoryfort !

Contexte

Les cultures de pommes de terre subissent la pression d’un ravageur principal : les doryphores. Cet insecte est ultra spécifique de la pomme de terre, il a un système digestif adapté à la toxine présente dans les feuilles de patates. Il est ainsi lui-même toxique et a un goût désagréable pour de nombreux prédateurs. Les oiseaux qui tentent de le manger auraient des troubles digestifs et s’en rappelleraient, se désintéressant de ces insectes dont ils reconnaissent la couleur et les rayures, du fait de l’association du goût et du visuel. Néanmoins, des cas ont été observés de dindons prédateurs de doryphores, cette piste de prédation doit être explorée et confirmée.

Un des moyens principaux de lutte contre le doryphore était jusqu’en 2018 le traitement à base d’un Bt (Bacillus turgensis) spécifique. La firme qui commercialisait le produit à base de ce Bt (Novodor) n’ pas renouvelé sa demande d’homologation, et le produit a vu son autorisation expirer à la fin 2018. Les derniers stocks de ce produit ont été écoulés au printemps 2019, ce produit étant sensible aux changements de température et ayant une efficacité limitée à un stade très précis du développement du doryphore (lorsque les larves mesurent plus ou moins deux millimètres).

Actuellement, il est possible de lutter contre les doryphores avec des produits à base de spinosad (Success 4 par exemple), mais leur utilisation n’est pas sans soulever des interrogations du fait du spectre très large de cette substance. Un certain nombre d’agriculteurs préfèrent les ramassages manuels au seau.

Les ramassages manuels sont chronophages et ont besoin d’être répétés régulièrement. Des techniques d’automatisation de ces ramassages sont en développement partout dans le monde, avec par exemple des aspirateurs géants derrière les tracteurs (Québec) ou des balais rotatifs fouettant le feuillage. C’est cette dernière idée qui a le plus séduit les maraîchers diversifiés sur petites surfaces des Hautes Alpes et a motivé Bertille Gieu (Agribio 05) à développer un prototype avec l’Atelier Paysan et Toutomarto.

Concept

Le principe est le suivant : l’agriculteur pousse  un chariot porteur, une perceuse électrique fait tourner 2  balais. Les balais fouettent du bas vers le haut le feuillage de pommes de terre et projettent ainsi les doryphores dans un bac de récupération attaché de l’autre côté de la ligne de pommes de terre.

Pour la réalisation d’un prototype basé sur des vidéo amateurs d’Europe de l’est (voir ici et ici), Bertille Gieu s’est entourée de plusieurs ferronniers : dans un premier temps, Elie Huriez (Monetier Allemont) puis dans un second temps de Claude Duteil et Amnon Erlichman de Toutomarto (Motte-en-Champsaur).

Bilan et suites

En novembre 2020, Sébastien Nestolat, de Buena Onda Films, a réalisé un petit film sur l’histoire de ce projet :

Les 5, 6 et 7 décembre 2020, une formation a été organisée avec 10 maraîchers et maraîchères pour auto-construire des landoryforts. A la fin de la session, chaque maraîcher a pu repartir avec son propre landoryfort !

Retrouvez les comptes-rendus des journées de construction du prototype sur le site de Bio de PACA.

Les plans pour autoconstruire votre landoryfort seront prochainement mis à disposition !

Article rédigé par Bertille Gieu (Agribio 05)