Découvrez les pratiques et techniques par filière
Depuis 10 ans, Antoine pratique l’apiculture biologique en tant que double actif : la gestion du temps de travail, la limitation des déplacements et la maîtrise sanitaire sont les objectifs clés de son exploitation.
En 2003, renouant avec son souvenir d’enfance des abeilles de son voisin, Antoine débute dans l’apiculture, avec quatre ruches. Afin d’entrer pleinement dans une démarche de qualité environnementale, héritage certain de son éducation, il fait le choix en 2008 d’une conversion à l’agriculture biologique. Épanoui dans son travail de renaturation des milieux aquatiques, activement engagé dans le monde associatif (gestion de la miellerie collective de Muttersholtz, administrateur de l’OPABA, référent national sur l’apiculture bio pour la FNAB), Antoine concède que la gestion de son temps de travail sur les ruches est délicate.
Au début du printemps, les abeilles profitent de l’environnement préservé de la réserve naturelle régionale de l’Ill*Wald en Alsace centrale, offrant un menu diversifié : ail des ours, aubépine, érables et multitude de fleurs poussant dans cette mosaïque de prairies à fauche tardive, de zone humide et de forêt alluviale. Les autres ruches sont situées sur ses vergers, situé à Sélestat, dans les corridors écologiques, trames vertes et bleus. Cependant pour le miel de printemps, à moins de pouvoir récolter du miel avant la floraison des champs de colza conventionnels présents à moins de 3 km, le miel issu de ces ruches ne pourra pas être commercialisé en AB. Elles profiteront ensuite successivement des floraisons d’acacia, de tilleul et de ronce. Il profite de la période d’essaimage pour lancer la formation des essaims et l’élevage de reines afin de développer et renouveler le cheptel. Antoine déménage ensuite ses ruches dans les vallées vosgiennes dès juin, pour la floraison des châtaigniers. Les abeilles y produiront par la suite du miel de forêt et de sapin et éventuellement de montagne en l’absence de miellat.
Pour l’hiver, Antoine a généralement peu besoin de recourir à du sirop de sucre pour nourrir ses ruches. En effet, s’il est obligé de récolter l’ensemble du miel de sapin, non digeste pour les abeilles, ces dernières, revenues en plaine, parviennent à se reconstituer des réserves souvent suffisantes, grâce aux floraisons tardives comme les balsamines et le lierre.
Le taux de perte moyen en sortie d’hiver varie de 10% à 40% selon les années (y compris les ruches de non-valeur). Pour lui une mortalité de 30% compensée par de l’élevage en saison reste encore acceptable dans la mesure où cette sélection accélère la sélection naturelle d’abeille tolérante au varroa. Le fait de protéger l’abeille contre le varroa avec une batterie de médicament allopathique ou alternatif à forte efficacité va à court terme à l’encontre de cette logique d’adaptation partielle de l’abeille envers son parasite. Contrairement au caractère de résistance au varroa, difficilement stabilisable, il serait donc nécessaire de supprimer à minima les « têtes à poux » de son cheptel et de sélectionner ses abeilles suivant un des critères prioritaires de « tolérance au varroa ».
Globalement, Antoine pense qu’il a encore beaucoup à faire pour « être au point » sur l’apiculture biologique. Il souhaite continuer de se consacrer à améliorer sa technique et sa compréhension des abeilles dans les années à venir. En 2018, une nouvelle approche a été testée avec un nouveau médicament moins fort, le VARROMED® à base d’acide oxalique, formique, propolis, et divers excipients. Les applications ont été réalisé par dégouttement de mai à octobre : 2 applications au printemps et 3 applications entre les miellées et une application en hiver en période hors couvain.
Le retour d’expériences est globalement positif : un moindre d’impact négatif sur les abeilles, un traitement certes moins efficace que les traitements classiques mais ce médicament permettrait de rester à un seuil d’infestation moins délétère, notamment sur les jeunes colonies. En combinant avec d’autres biotechniques (piège à mâles, rupture de ponte, …), les apiculteurs évitent ainsi « l’effondrement des colonies avant le traitement hivernal. Ce traitement hors couvain devenant ainsi le traitement de fond qui va conditionner toute la saison suivante », explique Antoine.
Vous avez besoin d'une information qualifiée (évolution réglementaire, recherches et expérimenations en cours...), organisée par grand système de production ? Abonnez-vous à votre lettre filière !