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L’alimentation des volailles, notamment en circuits courts, soulève de nombreuses questions : Comment avoir une ration équilibrée ? Faut-il acheter l’aliment ou préférer la fabrication à la ferme ? Comment être autonome et indépendant du soja avec fabrication de l’aliment à la ferme ? Pour aider à la prise de décision, trois demi-journées ont été organisées dans des fermes en Lorraine pour échanger sur les pratiques d’alimentation, la composition des aliments et les besoins des volailles.
Retour d’expérience de Tristan Schmitt, à la ferme bio d’Alteville à Tarquimpol (57), éleveur de volailles en diversification sur une ferme de polyculture-élevage (céréales et vaches allaitantes).
Pour Tristan, la stratégie d’alimentation des volailles de chair est orientée sur un maximum d’autonomie alimentaire lors des phases de croissance et de finition. Il favorise l’approvisionnement en local. Cependant en fonction de la réponse des volailles à l’aliment fermier, il a fait évoluer sa stratégie.
Selon Tristan, le poulet de chair blanc (JA 57) répond mieux en croissance à l’aliment fermier (moins performant qu’un aliment du commerce) que la souche « cou nu », qui est plus rustique, donc plus tardive en croissance. Ce sont des poussins non sexés (mâles et femelles) qui sont élevés, l’engraissement étant différent en fonction du sexe, de manière à étaler les abattages pour la vente directe.
En 2016, un aplatisseur est utilisé et le mélange des céréales est fait au godet. La distribution de l’aliment est manuelle.
Sur la ferme, les outils de fabrication de l’aliment pour volailles sont issus d’un compromis entre simplification du travail, économie et performances techniques des volailles en atelier de diversification. Par exemple, l’aplatisseur a été rentabilisé depuis longtemps par l’atelier bovin.
Les poussins mangent 1 kg d’aliment de démarrage du commerce jusqu’à 21 jours (en miettes). Puis l’aliment de démarrage est mélangé à l’aliment fermier de croissance-finition pendant 5 à 6 jours pour assurer la transition. L’aliment fermier de croissance-finition est ensuite donné de la 4ème semaine jusqu’à l’abattage. Au total, les poulets mangent 10 à 15 kg de céréales chacun pendant leur vie.
Jusqu’en 2017, Tristan Schmitt formulait lui-même son aliment fermier en fonction des matières premières disponibles sur la ferme et sur les fermes bio locales. Sa stratégie d’alimentation des volailles a changé suite à une plus grande mortalité (20 %) et un amaigrissement des volailles. Après réflexions et autopsies, un problème d’équilibre de la ration a été pointé.
Suite à ce constat, des décisions ont été prises :
Suite à ces changements de pratiques, les volailles ont eu de meilleures croissances et de meilleures conformations. Elles ont pu être abattues en 90 jours au lieu de 120 jours pour les dernières. La consommation d’aliment a été la même sur un cycle plus court. Les volailles ont tendance à moins sortir et explorent moins le parcours. Et la mortalité est descendue à un niveau plus acceptable, entre 5 et 10 %.
Les poulets pèsent aujourd’hui 2,5 Kg carcasse en moyenne et sont vendus à 11 euros le kilo. Quant à l’aliment fermier, son coût est estimé à 550 € la tonne en prenant en compte l’aliment complémentaire à 24 % et la prestation de broyage.
En résumé, quand on formule son aliment en choisissant ses matières premières, Tristan pense qu’il faut faire des choix pour trouver le meilleur compromis entre :
En conclusion, les compromis qu’a fait Tristan pour aboutir à une ration équilibrée amènent à penser qu’il est difficile de se passer du soja avec les souches modernes de volailles. Utilisé généralement sous forme de tourteau, la présence de soja reste importante et nécessaire pour éviter les carences. Travailler avec des races locales peut permettre de réduire au maximum le recours au soja, voire de le supprimer de la ration. De plus, fabriquer plusieurs aliments différents pour les adapter au mieux aux besoins, avec au moins un aliment pour la croissance et un autre pour la finition, permet de limiter la quantité de soja… Mais cela pose ensuite la question de la faisabilité dans un petit élevage, et le rapport entre bénéfices et contraintes supplémentaires.
Rédaction : Julia Sicard (Bio en Grand Est)
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