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Jean-Paul Delille, agriculteur dans le Pas-de-Calais, redécouvre l’agronomie depuis son passage en bio. Il a fait le choix de démarrer la conversion bio sur 1/3 de la surface mais c’est toute la ferme qui tire parti de ces nouvelles techniques !
EARL Les Blancs Moutons à Brunémont (59) – Jean-Paul Delille
Installation en 1986 sur l’exploitation familiale. Double actif jusqu’en 2008. 90 ha dont 25 ha en bio depuis 2013
Grandes cultures et légumes de plein champ.
Jean-Paul Delille est agriculteur, céréalier et producteur de légumes, dans le département du Nord sur 90 ha dont 25 ha en bio depuis 2013. Son objectif est de convertir progressivement sa ferme en bio jusqu’à l’installation de son fils, qui travaille aujourd’hui à mi-temps sur l’exploitation.
C’est en 1986 que Jean-Paul Delille reprend l’exploitation familiale. Il reste double actif jusqu’en 2008 et la transition vers la bio est amorcée en 2013. Il préfère convertir progressivement ses terres, par bloc de 10 ou 15 ha afin d’acquérir les techniques nécessaires à ce mode de production.
Passer en bio est un véritable changement de pratiques, il s’agit d’adapter son système et sa stratégie. Ainsi les rotations sont allongées, et l’assolement se diversifie.
Techniquement, le métier d’agriculteur est profondément modifié lors du passage en bio. La gestion de l’enherbement est un challenge important : aucune solution chimique, il faut privilégier la prévention !
« Je recherche des méthodes alternatives et des solutions agronomiques et mécaniques », explique Jean-Paul Delille. Les adventices problématiques sur son exploitation sont principalement les chénopodes (terres riches), les mercuriales (terres crayeuses) et vulpins. Sa stratégie de gestion passe par le labour, le semis sous couvert, le désherbage mécanique, les associations de culture et les plantes allélopathique.
« Sur les parcelles conduites en agriculture biologique, j’ai réalisé un semis de trèfle d’Alexandrie sous couvert d’un maïs (variété ARES à 5kg/ha). L’implantation se fait lors du dernier passage de désherbage mécanique en juin. Le résultat est plutôt satisfaisant puisque le couvert se développe rapidement après la récolte et permet de diminuer fortement la pression d’adventices par la concurrence ».
Depuis 2016, Jean Paul teste la culture de lentille verte associée à la cameline, cette dernière servant de tuteur à la lentille.
« Je considère le labour comme une méthode de désherbage car il permet d’enfouir en profondeur les graines d’adventices prêtes à germer. J’utilise également une herse déchaumeuse, qui permet de faire un travail superficiel du sol et favorise la germination rapide des graines d’adventices tout en préservant la fraîcheur. »
L’allélopathie est définie comme tout effet direct ou indirect, positif ou négatif, d’une plante sur une autre à travers la production de composés chimiques libérés dans l’environnement.
Les plantes allélopathiques peuvent être très utiles pour diminuer la pression adventice sur une parcelle. « En 2014, j’ai fait un essai avec la culture du chanvre. L’année d’après, j’ai remarqué une absence totale de sanves sur la parcelle. »
Le recours au désherbage mécanique intervient en complément des méthodes préventives. Trois outils sont principalement utilisés en grandes cultures biologiques, dont l’utilisation est à adapter en fonction du sol, des cultures et de leur stade : herse étrille, houe rotative et bineuse.
Sur son blé biologique, Jean-Paul Delille fait un passage de herse étrille en décembre, puis un passage de houe rotative au début du printemps et un dernier passage de herse étrille au stade 20 cm.
Concernant son maïs, il pratique deux passages de herse étrille en pré-levée et post-levée puis un passage de houe rotative (stade 5-6 cm) et de nouveau un passage de herse étrille.
Le matériel a été acheté en CUMA, ce qui permet de travailler avec du matériel performant et sur une grande diversité de culture.
« Sur les parcelles non converties en bio, j’ai diminué de 2 à 3 fois la dose d’intrants chimiques grâce au désherbage mécanique. J’utilise principalement la herse étrille sur céréales, mais aussi sur betteraves sucrières où les mercuriales peuvent être un fléau : grâce à cet outil elles sont globalement maîtrisées. La herse étrille, en plus de désherber, permet de relancer la minéralisation et de diminuer la population d’insectes indésirables. »
« J’ai constaté un retour à l’équilibre dans la vie du sol y compris sur les parcelles en conventionnel avec le changement de pratiques agricoles. »
Article rédigé par Déborah Van Daële (Bio en Hauts de France) dans le cadre du projet Transferabio
Le réseau FNAB participe activement au plan Ecophyto pour réduire l’usage des produits phytosanitaires en France. Les producteurs déjà en bio et ceux en projet s’inscrivent en effet dans une démarche constante d’amélioration de leurs pratiques en vue de réduire leurs impacts environnementaux.
Le réseau FNAB anime 28 groupes de fermes DEPHY qui travaillent collectivement à la recherche de solutions techniques répondant à la fois à des objectifs environnementaux, économiques et sociaux, dont 3 en arboriculture, 5 en viticulture, 10 en maraîchage, 10 en grandes cultures et polyculture-élevage. Le réseau s’est également engagé dans l’accompagnement de nouveaux groupes de fermes « 30 000 », visant à multiplier par 10 le nombre de fermes initialement engagées dans DEPHY.
TRANSFERABIO est un dispositif soutenu par Ecophyto sur 2017-2018, qui vise à favoriser les transferts de savoir-faire entre producteurs. Vous trouverez sur ce site des partages de savoir-faire paysans et des fiches témoignages de parcours qui prouvent que des évolutions sont possibles pour tous les producteurs, à différents degrés. Des recueils de données par production doivent également permettre aux producteurs de situer leurs objectifs par rapport à ceux qui ont expérimenté avant eux. Le salon La Terre est notre métier qui se déroulera les 26-27 septembre 2018 à Retiers (35) mettra en avant les savoir-faire recensés à travers Transferabio dans toute la France.
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