Découvrez les pratiques et techniques par filière
Il y a trois mois a eu lieu le « Marathon de l’ABC » organisé dans le Gers a réuni une vingtaine d’agriculteurs travaillant le sujet et des animateurs de structures d’accompagnement. Vous trouverez un petit tour d’échanges et d’idées captées par nos radars.
Tout d’abord, ce marathon a débuté par la présentation d’essais pilotés par Bio de PACA ; très intéressants car leur climat plus sec peut préfigurer de ce qu’il nous attend. De plus, des retours ont été faits sur du Blé/féverole : le blé deux rangs sur trois, et la féverole, détruite au binage en avril sur le dernier rang. Cette dernière augmenterait la fertilité épi et l’indice de nutrition du blé. Parfois le blé gagne en protéine (0.8 max), parfois au détriment du rendement, des fois c’est le rendement qui monte.
Comme toujours avec le vivant, les aléas des années entraînent forcément une variation des résultats, notamment sur la concurrence hydrique. Celle-ci est importante et pose problème quand la fèverole est détruite trop tard ou lors des printemps secs. Les résultats sont quand même jugés satisfaisants par les expérimentateurs.
Un autre essai a été présenté sur un mélange blé/luzerne, céréales de plus en plus partout plébisicitées en France. Dans l’essai PACA, il y a le scalpage, deux fois si nécessaire avant le semis, si celui-ci est précoce et des blés hauts sont utilisés. Il n’y a pas de déchaumage après la moisson et ils fauchent les chaumes et la luzerne ce qui permet une augmentation de la biomasse de la luzerne. Il faut, selon Bio de Paca utiliser des variétés de luzerne « indice 1 », des nordiques qui démarrent avec la durée du jour et non la température, permettant ainsi qu’elle ne se développent trop vite.
Pour exemple, les luzernes françaises les plus dormantes seraient d’indice 3.5. Un dernier essai a été mis en avant sur une implantation de trèfle dans le blé, également très en vogue en ABC. Même constat que les paysans mayennais récemment, le semis au printemps du trèfle fonctionne moyennement, car sans doute trop tard, trop sec. La stratégie serait peut-être de partir sur un semis d’automne dans les terres normales ou séchantes mais de privilégier le semis de Mars dans les terres très fraîches où le semis d’automne risque de permettre au trèfle de passer au-dessus du blé.
Un producteur de Vendée a pu présenter ses essais de semis de méteil en SD dans des prairies avec un objectif de production maximale de biomasse. Cette méthode n’est pas maîtrisée à 100% mais donne satisfaction au producteur depuis 4 ans. Semis le 15/09, quand il y a de l’eau dans le sol, pleine dose d’avoine (65kg/ha), et demi-dose de pois (15kg/ha), de féverole (75kg/ha) et de trèfle (7kg/ha). Un essai plus « contrôlé » est prévu en bande sur la campagne 2021, à suivre !
Toujours en Vendée, un producteur teste diverses pratiques, notamment le corridor solaire maïs 1m50 (voir vidéo Sébastien Angers du Québec qui travaille sur ce sujet). Le maïs est semé nord/sud, puis le corridor est semé en engrais verts en Juin (lablab-soja-lentille-luzerne-blé-trèfle). Pour cet producteur, ceci apporte de la biodiversité, augmente l’efficience en eau et concurrence les adventices. C’est parfois un peu trop et cela peut concurrencer la culture. Là encore des essais de doses/variétés/espèces/modalités de semis sont à réaliser.
Du côté de l’ALPAD, CIVAM des Landes (ne pas confondre avec APAD), ces derniers ont aussi essayé le maïs à 160 avec un 1er essai encourageant.
Pour finir ce premier tour des régions, l’Ariège réalise des essais similaires avec le duo fraise/bineuse, du semis direct de féverole dans des trèfles suite à la moisson du blé.
Globalement, d’autres échanges ont eu lieu sur le Strip-till. Des idées d’essais sur le maïs, similaire à ce qui se fait en conventionnel mais en exploitant mieux les couverts végétaux et paillage. Par exemple, scalper l’engrais vert à la fraise (toujours elle) puis dégager la majorité du mulch/paillage sur l’inter-rang permettant un semis sur le rang pour ensuite dans la culture remettre le mulch/paillage sur le rang en couvre sol. Il devient intéressant de semer un engrais vert sur l’inter-rang. Cette technique est-elle à combiner avec le corridor solaire ? D’autres envisagent l’idée d’un « Strip-till végétal » d’automne où l’on sèmera une féverole sur la ligne travaillée qui serait le futur rang de maïs. Ainsi on a un travail du sol assez profond à l’automne, protégé par la féverole, réexploité par le maïs. A associer à un autre engrais vert en combinaison de la féverole sur le futur inter-rang du maïs.
Pour finir sur les associations, il a été proposé aux participants de compléter cette première liste en collectif :
Soja : associé avec millet, sarrasin, colza ou blé ;
Tournesol : souvent les associations ratent, le fenugrec est évoqué.
Blé : féverole, pois chiche, colza, trèfle, prairie temporaire, trèfle incarnat ;
Colza : trèfles (Alexandrie, blanc, violet, sarrasin, féverole/hiver/printemps
Maïs : haricot, cameline, courge.
Les participante-s, ont exprimé une grande satisfaction suite à cette expérience… Des événements devraient avoir lieu dans d’autres régions et notamment en Mayenne fin 2021 avec une semaine « terrain, agronomie et ABC » en septembre et un format plutôt colloque en décembre.
Comme le dit Maurice Clerc, « attention au gourou, avancez en groupe et en pensant par vous-mêmes… » Si l’ABC semble être une voie prometteuse et passionnante pour les prochaines années, on voit bien que le chemin est encore long et qu’humilité et ouverture d’esprit restent les valeurs cardinales.
Pour approfondir :
– vidéos du GABB Gers 32 – colloque ABC depuis plusieurs années (Maurice Clerc, Jean-François Vian, Pascal Boivin, et beaucoup de paysans passionnants).
– le marathon de Décembre 2020 : http://gabb32.org/magazine-de-lagriculture-biologique-de-conservation
Article rédigé par Thomas Queuniet (Civam Bio 53)
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