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L’Assemblée Générale (AG) de la Fédération des Paysans Herboristes (FPH) s’est tenue le 20 janvier 2022 à Montmeyran, dans la Drôme, rassemblant 50 participants. L’occasion de faire le point sur les différents travaux en cours (vote de la Charte des Paysan.ne.s-herboristes, formations,…) ou encore sur l’actualité réglementaire.
La Fédération des Paysans Herboristes a été créée en mars 2016 à l’initiative de producteurs de plantes médicinales et aromatiques pratiquant la vente directe.
La mission de la fédération consiste à promouvoir la reconnaissance de la profession de paysan-herboriste et lui permettre d’avoir les moyens d’exercer pleinement son métier, à savoir : la culture, la cueillette et la transformation des plantes alimentaires, aromatiques, médicinales, tinctoriales et à parfum ; la commercialisation en vente directe ou circuit-court des produits élaborés à la ferme ; l’information et éventuellement le conseil aux utilisateurs sur les propriétés et usages traditionnels, comprenant les précautions d’emploi, de ces plantes et produits transformés à base de plantes.
Ces activités supposent : que toutes les étapes du métier soient réalisées de manière artisanale selon les principes de l’agroécologie afin d’œuvrer à la valorisation et la préservation des ressources naturelles, y compris la sensibilisation concernant les espèces rares ou protégées ; que le paysan-herboriste soit en mesure de garantir l’authenticité botanique, la qualité, la traçabilité des plantes et/ou des produits à base de plantes qu’il vend ; que le paysan-herboriste puisse suivre un enseignement initial et continu, approprié et homologué, auprès de professionnels, afin de compléter et valider ses compétences.
La Fédération regroupe aujourd’hui des personnes physiques (producteur-rices, sympathisants), des organisations nationales ou régionales (syndicat SIMPLES, FNAB, MABD, Bleu Vert Vosges…), des établissements d’enseignement, …
L’AG a permis de valider la Charte des Paysan.ne.s-herboristes, un texte qui définit le métier et les valeurs défendues par ces paysan.ne.s et qu’ils et elles s’engagent à respecter pour leur pratique. Après un long travail collectif pour récolter un maximum de contributions auprès de celles et ceux qui se reconnaissent dans cette profession, des échanges ont eu lieu sur la version finale, qui a été adoptée à l’unanimité. Cette charte définit le lien des paysan.ne.s-herboristes aux plantes, au vivant, aux territoires, à la transmission des savoirs, et aux consommateurs. Elle leur permet de mieux définir les contours de leur profession et de la rendre visible, en communiquant sur leurs valeurs auprès du grand public, des porteurs de projet, des producteurs.trices, mais aussi de leurs partenaires ou d’élus.
La FPH travaille également, en partenariat avec le syndicat SIMPLES et la FNAB, et avec le soutien de FranceAgriMer, au dépôt d’un référentiel « Paysan-herboriste » au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), géré par France Compétences. Le RNCP regroupe les certifications professionnelles à valeur nationale. Une certification « Paysan-herboriste » reconnue permettrait de décrire précisément cette profession, de la faire reconnaitre par l’Etat, avec les formations et validation d’acquis qui permettent d’y accéder. Cette certification donne droit également à des financements de formations pour les stagiaires. La FPH va soumettre son dossier à France Compétences cette année. Si ce référentiel est accepté par l’Etat, il constituera un élément supplémentaire de reconnaissance de ce métier, et un outil pour former les futurs paysan.ne.s-herboristes.
L’ANSM, Agence Nationale de sécurité du Médicament et des produits de santé, a lancé un groupe d’experts susceptible d’étudier la libération de plantes actuellement dans le monopole pharmaceutique, et de proposer un élargissement de la liste des 148 plantes libérées du monopole. Dans ce cadre, la FPH a transmis à l’ANSM une proposition d’une liste d’une centaine de plantes, élaborée avec un groupe pluridisciplinaire composé de producteurs, de médecins, de pharmaciens, d’herboriste, de représentants d’écoles d’herboristerie. Ces plantes, d’usage traditionnel et/ou alimentaire, ont été choisies à la condition de combiner deux critères : la sécurité pour les consommateurs, et une ressource non menacée. L’ANSM devrait statuer sur le sujet dans l’année. A l’issue du processus, le bleuet, le calendula, l’aubépine bouquet floral… pourraient bien enfin quitter le monopole !
La possibilité pour les paysan.ne.s-herboristes de communiquer sur les propriétés des plantes reste un point de la réglementation très complexe, et flou pour une majorité d’entre eux.elles. La FPH a entrepris depuis fin 2020 un travail qui a pour objectif de rendre ce point de la réglementation plus accessible et permettre aux producteurs.trices interessé.e.s de se l’approprier. Pour rappel, les allégations de santé en attente (voir liste sur le site de SIMPLES) sont utilisables. Il s’agit de formulations qui permettent de parler des propriétés des plantes mais sans utiliser des termes considérés par l’Etat comme « thérapeutiques ». On peut dire par exemple qu’une plante « facilite la digestion », mais pas parler de « trouble digestif », dire qu’elle « favorise le sommeil », mais sans parler « d’insomnie », etc.
Bientôt une base de données DGCCRF avec les allégations de santé utilisables
Cependant, cette liste d’allégations en attente est en anglais et peu accessible et adaptée pour les producteurs.trices. La DGCCRF a travaillé récemment à la traduction et au tri de ces allégations, afin de proposer courant 2022 une base de données utilisables aux opérateurs. Cela a donné à la FPH l’occasion de faire des propositions pour améliorer la liste d’allégations et leurs formulations. Par exemple, la DGCCRG considérait initialement les termes « spasmes digestifs », « irritations », « douleurs menstruelles », « maux de tête », « maux de gorge » comme thérapeutiques donc interdits. Après des échanges avec la FPH, le Synadiet, et l’ANSM, la DGCCRF a finalement accepté ces termes, qui pourront donc être utilisés une fois la base de données publiée et s’ils ne sont pas accompagnés d’un vocabulaire suggérant une pathologie, par exemple l’endométriose pour les douleurs menstruelles. D’autres termes défendus par la FPH n’ont, en revanche, malheureusement pas été acceptés comme « rhume » ou « toux passagère », mais « facilite la respiration » ou « soutien à l’immunité pour la période hivernale » seront autorisés. La DGCCRF publiera un mode d’emploi pour se repérer dans ces nouvelles règles, et pour utiliser ces allégations, dont la formulation sera flexible, dans certaines limites, à partir de la formule publiée. Pour les rendre encore plus accessibles, la FPH anime un groupe pluridisciplinaire composé de médecins, pharmacien.ne.s, producteurs.trices et herboristes, qui travaille à la reformulation de ces allégations dans un vocabulaire le plus clair et proche possible de celui des producteurs.trices. Ce travail devrait être publié en 2023.
Il reste aussi à travailler sur la justification de ces allégations : la DGCCRF, en cas de contrôle, demande aux utilisateurs de justifier que l’allégation utilisée a été « vérifiée » par l’opérateur. La FPH travaille donc à la reconnaissance par la DGCCRF des références bibliographiques utilisées et connues par les producteurs.trices, pour la justification de ces allégations. Ce travail est encore en cours ; il devrait permettre de clarifier et d’élargir les possibilités que nous avons pour informer nos clients sur les propriétés des plantes, et d’aider les producteurs.trices en cas de contrôle des fraudes.
De nombreux consommateurs n’ont pas conscience des risques pour la ressource liés à la surexploitation de plantes comme l’arnica, l’harpagophytum, ou le bois de rose, plantes aujourd’hui sur-cueillies dans certaines régions, ou encore des menaces qui pèsent sur certaines plantes du fait de la régression de certains milieux naturels. De même, les personnes qui conseillent ces plantes en boutique, en herboristerie, en pharmacie, ou les médecins sont rarement au courant de ces enjeux. La FPH a organisé au moment de son AG un échange sur le sujet pour amorcer des projets visant à rassembler ces informations et les rendre disponibles aux consommateurs.trices et aux professionnel.le.s, en s’appuyant notamment sur le travail de la médecin et anthropologue Aline Mercan.
Article rédigé par la Fédération des Paysan.ne.s Herboristes
