Réglementation des plants fruitiers : où en est-on ?

Publié le : 27 février 2018

Article rédigé en partenariat avec le Réseau Semences Paysannes

Vous souhaitez vendre, échanger ou donner des plants et du matériel végétal ? Attention, ces activités sont règlementées. Zoom sur les aspects règlementaires qui viennent de changer.

synthèse règlementaire commercialisation plants fruitiers, RSP

Depuis le 1er janvier 2017, les règles générales permettant la commercialisation des matériels de multiplication et des plantes fruitières ont évolué, en application de la directive européenne 2008-90 et de ses directives d’application. Certains domaines ne sont pas concernés : recherche, sélection, conservation des ressources génétiques, usage amateur ou autres exploitations non commerciales.

Si cette réglementation induit de nouvelles contraintes, il faut rappeler que rien n’interdit :

  • de cultiver les variétés et populations de son choix, qu’elles soient ou non enregistrées au catalogue ou sur d’autres registres officiels
  • d’en produire des semences et plants
  • de vendre les produits issus de ses récoltes autres que semences et plants l’échange dans le cadre de l’entraide agricole.

Le réseau Semences Paysannes a exploré cette nouvelle règlementation (processus non terminés à ce jour) et propose une fiche de synthèse pour s’y retrouver. Ce document permet de comprendre les implications de cette nouvelle réglementation et les espaces existants pour pouvoir commercialiser ou échanger des matériels de multiplication et des plantes fruitières. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer de premier abord, il n’est pas par exemple obligatoire pour cela que la variété soit inscrite au catalogue …

Pour lire la synthèse, cliquez ICI.

Le Réseau Semences Paysannes (RSP), qu'est ce que c'est ?

Le Réseau Semences Paysannes est un réseau constitué de plus de soixante-dix organisations, toutes impliquées dans des initiatives de promotion et de défense de la biodiversité cultivée et des savoir-faire associés. La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique est membre du réseau.

Outre la coordination et la consolidation des initiatives locales, le Réseau Semences Paysannes travaille à la promotion de modes de gestion collectifs et de protection des semences paysannes, ainsi qu’à la reconnaissance scientifique et juridique des pratiques paysannes de production et d’échange de semences et de plants.

Lorsque le Réseau Semences Paysannes nait en 2003, les semences paysannes – sélectionnées à la ferme – n’ont aucune existence reconnue : la réglementation considère implicitement que l’agriculteur utilise forcément des semences commerciales, sélectionnées par des semenciers spécialisés. Or, les semences paysannes subsistent bel et bien dans les champs de paysans et chez des jardiniers : la grande majorité des paysans de la planète ressèment leurs récoltes et échangent leurs semences et leurs plants. Mais pour que ces semences paysannes puissent exister durablement, il faut leur reconnaître la possibilité de circuler, d’être vendues et échangées. En France, alors que les pratiques des paysans et des jardiniers sont confrontées à une législation étouffante, la structuration formelle du réseau va donc encourager celles et ceux qui font leurs semences à ne plus se cacher.

Plus d’infos : www.semencespaysannes.org

Le cadre standard de la commercialisation

Le cadre de la commercialisation des matériels de reproduction et des plants fruitiers est réglementé au niveau européen par 4 directives : la directive 2008-90 et 3 directives d’application de 2014, qui édictent les conditions de production, de qualification et/ou de certification, d’étiquetage et d’enregistrement des fournisseur pour les matériels de reproduction et les plants fruitiers.

Situation antérieure : Jusqu’au 31 décembre 2016, les matériaux fruitiers pouvaient circuler librement dans l’UE, en respectant les contraintes sanitaires liées au Passeport Phytosanitaire Européen[1]. L’inscription d’une variété d’espèce fruitière au Catalogue officiel français était obligatoire uniquement dans le cas où on souhaitait faire certifier du matériel de cette variété par le CTIFL (centre technique de la filière fruits et légumes

[1] Pour permettre un suivi des organismes (de quarantaine ou réglementés) posant des questions sanitaires, il s’agit notamment de l’inscription sur le registre officiel du contrôle phytosanitaire, d’une déclaration annuelle d’activité, du contrôle à la production, d’accompagner les végétaux du document officiel attestant du respect des dispositions réglementaires européennes relatives aux organismes de quarantaine (normes phytosanitaires, exigences particulières pour certaines espèces). Source : Arrêté du 24 mai 2006 relatif aux exigences sanitaires des végétaux, produits végétaux et autres objets.

Le champ d’application de la directive

  • La directive concerne un nombre limité d’espèces (que les États ne peuvent étendre) : Abricotier / Agrumes / Amandier / Cassissier / Cerisier acide / Cerisier doux / Châtaignier / Cognassier / Figuier / Fraisiers / Framboisiers / Groseilliers / Kumquats / Myrtilliers, bleuets et airelles / Noisetier / Noyer commun / Olivier / Pêcher / Pistachier vrai / Poiriers / Pommiers / Poncirus / Prunier cultivé / Prunier japonais / Ronces.
  • La vigne fait l’objet d’une réglementation spécifique.
  • Sont concernées : les plantes et parties reproductibles de plantes (plantes entières, greffons, boutue, graines, y compris porte-greffes) mais PAS les fruits eux-mêmes (ce sont des « produits végétaux »)

Que veut dire commercialisation ?

La définition du mot « vente » ou « commercialisation » est particulière dans ce texte de loi. Il s’agit de la vente ou de la cession gratuite à partir du moment où il y a un usage commercial derrière, ce qui compte ce n’est pas le mode de cession mais l’usage commercial du matériel. Cela n’empêche pas les producteurs de développer une variété chez eux s’ils ne font que la vente des fruits et pas  de vente de matériel végétal.

Les obligations dans le cadre de la commercialisation

Si on fait de la vente d’un matériel végétal en vue d’un usage commercial, il y a des obligations :

A) Qualification et certification des matériels

B) Obligation d’identification de la variété par :

→ Enregistrement au catalogue officiel

→ Ecriture sur le répertoire national

C) Enregistrement des fournisseurs

D) Obligations d’étiquetage et d’emballage

La circulation en dehors du cadre standard

Malgré ces différentes contraintes, il existe encore des possibilités de vente, d’échange et de dons en dehors de ce nouveau cadre règlementaire. Voici les 5 cas :

  1. s’il s’agit d’espèces n’entrant pas dans le champ de cette réglementation (voir liste au dessus)
  2. s’il s’agit de vente et d’échange « en vue d’une exploitation non commerciale », c’est à dire la vente aux particuliers ou pour les espaces verts. On doit mentionner que le plant n’est pas pour usage commercial
  3. s’il s’agit d’une vente pour la sélection et la conservation, pour les essais, travaux de sélection, ou de préservation de la diversité génétique (arrêté 18 aout 2017). C’est possible à hauteur de 4500 plants/acteur/an pour les fraisiers et 2000 plants/variété/acteur/an pour les autres végétaux
  4. dans le cadre de l’entraide agricole : il y a possibilité d’échange de semences et plants contre du travail. Cela concerne les semences et plants sans COV. L’entraide n’est pas présumée, il faut qu’elle soit matérialisée dans un cahier de suivi.
  5. s’il s’agit de la circulation des ressources phytogénétiques pour pouvoir faire de la création variétale

Pour lire la synthèse règlementaire, cliquez ICI.

Pour en savoir plus sur les actions concernant les plants fruitiers du Réseau Semences Paysannes, cliquez ici