Productivité numérique, consommation de concentré et résultats économiques des élevages ovins bio

Publié le : 15 décembre 2016

L’Inra de Theix, qui a participé au CASDAR Agneaux Bio, dispose d’un réseau de fermes ovines conventionnelles et bio en suivi technico-économique : en voici quelques résultats.

Revenu par UTH et marge brute par brebis

Il y a un lien très fort entre le revenu par UTH et la marge brute par brebis. A une marge brute par brebis de 60 € correspond en moyenne un revenu par UTH de 9 000 € ; à 100 € de marge brute, on a un revenu en moyenne de 22 000 €, et à 140 €, on obtient en moyenne 32 000 € de revenu. Il est ainsi possible d’utiliser le critère de la marge brute par brebis dans les analyses suivantes, car elle donne une bonne indication du revenu.

Productivité et marge brute

Source : INRA – CASDAR Agneaux Bio

 

Tout élevage confondu, la marge brute par brebis augmente avec l’augmentation des kilos de carcasse produit par brebis. Ainsi, avec 12 Kg de carcasse produits par brebis, la marge brute est en moyenne de 45 €, alors qu’avec 28 Kg de carcasse produits (soit 1,55 de productivité numérique), on obtient en moyenne une marge brute de 130 € par brebis. On peut noter qu’en élevage conventionnel, la marge brute augmente avec la productivité, alors qu’en bio, à partir de 20 Kg de carcasse produits par brebis, la marge brute n’augmente plus et reste au niveau de 110 € par brebis en moyenne.

Consommation de concentré et marge brute

Source : INRA – CASDAR Agneaux Bio

 

En bio comme en conventionnel, il y a un lien assez fort entre la consommation de concentré et la marge brute par brebis : plus la quantité de concentré par kilo de carcasse produit augmente, plus la marge brute par brebis est faible. On passe d’une marge brute de 100 € en moyenne avec 4 kilos de concentré par kilo de carcasse à une marge moyenne de 40 € avec 11,5 kilos de concentré par kilo de carcasse.

On observe ici aussi une particularité des élevages bio : les marges brutes les plus élevées des élevages bio se situent à 110 € par brebis, avec une consommation moyenne de concentré de 4,5 Kg par kilo de carcasse. Les élevages conventionnels ayant la même marge ont une moyenne de consommation de concentré de 7 Kg. Ainsi les éleveurs conventionnels peuvent utiliser davantage de concentré sans pénaliser leur marge brute.

A l’opposé, les marges brutes les plus basses sont celles des élevages bio qui cumulent une faible productivité numérique et une forte consommation de concentré. En effet, ces élevages consomment en moyenne 11 Kg de concentré par kilo de carcasse produits pour une marge de 40 € en moyenne. Les élevages conventionnels ayant le même niveau de consommation de concentré ont une marge brute autour du double, en moyenne de 80 € par brebis.

La consommation de concentré impacte donc beaucoup plus fortement la marge brute des éleveurs bio que celle des conventionnels.

Suivi d’élevages du CASDAR Agneaux Bio

Les résultats observés dans la cinquantaine de fermes suivies dans le CASDAR Agneaux Bio confortent les précédents :

  • le revenu par UMO augmente en même temps que la productivité pondérale autonome
  • il existe une faible corrélation entre la productivité numérique et le revenu par UMO.

Donc en élevage ovin bio, il est particulièrement important de veiller à la consommation de concentré, qui impacte davantage le revenu que la productivité numérique.

Il est possible de dégager un revenu en élevage ovin viande (autour de 25 000 € / UTH) avec un cheptel ayant un minimum de productivité numérique (1 à 1,1) et surtout une autonomie alimentaire basée sur la valorisation des fourrages et une faible consommation de concentré (80 Kg de concentré par brebis), la consommation de concentré ayant un fort impact sur le résultat économique. Utiliser au mieux l’herbe et les fourrages et maitriser la consommation de concentré, au même titre que gérer l’usage des antiparasitaires et des antibiotiques, font partie des challenges des éleveurs ovins bio.