Du foin de luzerne bio pour les éleveurs locaux

Publié le : 16 avril 2024

En mai dernier, Fabien Housez, polyculteur et producteur de luzerne sur la commune d’Abscon (59), a accueilli un groupe d’éleveurs des Parcs naturels régionaux de l’Avesnois et Scarpe-Escaut dans le cadre du plan d’actions « Plan bio en Scarpe-Escaut », que Bio en Hauts-de-France accompagne.

A son installation en 2012, la ferme de 200ha était plutôt orientée vers la production de pommes de terre et de cultures industrielles. Après quelques mauvaises années, Fabien décide d’arrêter la pomme de terre et de passer la ferme en agriculture biologique. En 2021, la ferme est certifiée et 1/3 de son assolement est destiné à la culture de la luzerne. Le reste de l’assolement est réparti entre maïs, blé, triticale, pois et une petite surface en courgettes pour une coopérative.

Ses objectifs :

• Simplifier son système
• Ramener de l’azote dans le sol
• Nettoyer les terres des adventices
• Ramener de la valeur ajoutée en produisant un fourrage de qualité pour les éleveurs
• Produire de la protéine

Pour aller plus loin sur l’intérêt de la luzerne, on vous renvoie à l’article : Luzerne : une plante à bénéfices multiples

L’itinéraire technique pour un foin de qualité

La luzerne est semée à 25 kg/ha au semoir en ligne (pour les semences en bio il faut compter 8€/kg contre 6€/kg en conventionnel). Fabien mélange les variétés disponibles pour se garantir une levée au vu des conditions climatiques très changeantes d’une année sur l’autre et choisit celles à tige fine pour faciliter le séchage. Les éleveurs qu’il fournit préfèrent un fourrage 100% luzerne, en recherche de la protéine dans leur ration.

La luzerne reste implantée 3 ans. A la première coupe il laisse fleurir 30 % de son champ avant de récolter pour qu’elle dure un peu plus longtemps et 4 à 5 coupes sont réalisées par an :
– la première en avril, valorisée en enrubanné
– la dernière aux alentours de septembre/octobre selon la météo

Il ne coupe pas en dessous de 10 cm (une hauteur de main) pour pouvoir revenir sur la parcelle 35 à 40 jours après. La plante fourragère est récoltée par tranche de 20 ha, généralement la nuit jusqu’à 10h en fin de rosée pour éviter que la feuille sèche et se détache de la tige : c’est dans les feuilles que la luzerne détient toute la protéine. Cette année, les analyses de luzerne allaient de 220 à 240 de MAT (g/kg de MS).

Le matériel de récolte est classique, le conditionnement se fait à l’aide d’une presse cubique, afin d’optimiser la place dans le séchoir. Fabien implante toujours un blé derrière luzerne pour assurer la valorisation en meunerie.

Pour aller plus loin, notre article sur la sécurisation de son système fourrager dans un contexte de renforcement du réchauffement climatique

Le fonctionnement du séchoir

Le séchoir a été aménagé dans l’ancien bâtiment à pommes de terre. Il dispose d’une double toiture avec un écartement de 20 cm permettant de réchauffer et d’assécher l’air. C’est cet air brassé par le ventilateur qui va venir sécher les balles cubiques. Il peut sécher de la luzerne mais aussi du maïs, du tournesol…

Toujours dans cette optique de valorisation en circuit courts auprès d’éleveurs, Fabien a un nouveau projet en tête dont il a réalisé les tests cette année : produire un granulé composé de maïs et de luzerne afin d’allier dans un seul et même aliment un équilibre entre énergie et azote.

Si l’échange de fourrages bio vous intéresse et que vous voulez en savoir plus sur les outils qui existent, on vous renvoie vers notre article

D’après un article de Lucille Lutun pour Bio en Hauts-de-France paru en janvier 2024 dans le Labienvenue n°95