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En Pays de la Loire, le réseau CAB a souhaité en savoir plus sur la transmission des fermes bovines bio dans la région, grâce à une enquête menée courant de l’année 2019 à destination des éleveur·se·s ayant plus de 55 ans en bovin bio. Voici les résultats de cette étude.
La France a perdu un quart de ses exploitant·e·s en 15 ans (en 2016 : 430 700 exploitant·e·s et co-exploitant·e·s) avec une augmentation forte du travail externe à l’exploitation (CUMA, ETA…). En 2016, la part des 60 ans et plus est de 17 % (contre 10 % en 2010).
L’âge moyen est de 52 ans en 2016 (plutôt 40 ans pour la moyenne des actifs). Un·e paysan·ne sur trois n’est pas remplacé·e, le secteur bovin lait est le plus touché.
Les départs précoces (avant 55 ans) sont de plus en plus importants : en 2015, ils représentaient 40 % des sorties totales (8 015 personnes). La majorité quitte l’agriculture pour diverses raisons (conflits familiaux, conditions de travail…), certains départs se font pour devenir salarié (7 % d’entre eux).
Le renouvellement des générations se fait de plus en plus par le biais des hors cadres familiaux avec des personnes en reconversion professionnelle, tardive, qui viennent avec leur projet. Face à ces nouveaux profils, les cédants changent de positionnement, ont envie que ça fonctionne… La socialisation professionnelle des repreneurs se confronte aux pratiques avant la transmission via du salariat notamment. Le temps de transmission inclut des temps de collaboration. Les cédants et cédantes recréent une situation de parenté avec les repreneur·se·s.
D’un point vue général, les producteurs et productrices ligérien·ne·s sont moins exposé·e·s à la transmission même si les plus de 55 ans en bio représentent 26 %.
En 2019, l’élevage est une production très concernée par la transmission : en bovin lait 38 % des élevages cherchent une reprise, avec une proportion importante de transmission globale d’un site.
Il est intéressant de comparer les transmissions aux installations. On constate davantage d’installations en élevage laitier et en maraichage.
En l’absence de données plus précises, le camembert ci-dessous présente la répartition des installations aidées (ne figurent pas les installations non aidées) dans les différentes productions.
Les installations bio en Pays de la Loire représentaient 20 % de l’ensemble des installations en 2017.
L’étude réalisée a traité des enjeux du maintien des élevages bio et du maintien des volumes produits ainsi que du dynamisme territorial. Cette enquête avait ainsi pour objectifs de se questionner sur les moyens de faciliter la transmission et la reprise, ainsi que les moyens de maintenir les élevages bovins en bio. Elle a permis de caractériser les fermes à transmettre, de connaître l’avancement des cédants et cédantes dans leur réflexion, d’identifier leurs besoins d’accompagnement et d’information, et de les sensibiliser aux enjeux pour la filière lait bio.
Plus de 100 personnes âgées de 55 à 65 ans ont répondu à l’enquête : 37 exploitant·e·s en élevage bovin allaitant, 61 en élevage bovin lait et 4 en élevage mixte bovin allaitant et bovin lait. On constate une surreprésentation des élevages laitiers. Le taux de réponses calculé à partir du nombre total d’exploitations concernées par la transmission est de 27 % pour les exploitations ayant des bovins laitiers.
La SAU des élevages laitiers bio à transmettre est en moyenne de 91 ha, ils ont en moyenne 78 UGB et 2,3 UTH. 56 % des élevages sont concernés par la transmission totale du site.
Le parcours de transmission touche une multitude de dimensions : foncière, juridique, financière, patrimoniale, mais également humaine et affective. Il est donc primordial d’anticiper ce projet.
Selon les centres de gestion, le parcours de transmission peut durer entre 5 et 10 ans. Dans le cadre de l’enquête, la CAB Pays de la Loire a situé les différentes étapes de la transmission :
71 % des personnes ayant répondu vont cesser leur activité dans les 4 ans à venir. Mais 67 % des 55-60 ans n’ont pas commencé à s’y préparer ou à y réfléchir (cf. graphique ci-dessous). Parmi le tiers restants, plus avancé dans les réflexions, 8 % en sont à l’étape de la concrétisation.
En moyenne, les répondant·e·s ont commencé leur réflexion sur la transmission à 57 ans ± 2 ans. On ne note pas de corrélation entre le pourcentage de parts à transmettre ou la transmission en totalité de la ferme et l’âge de début de réflexion. Il en est de même avec l’atelier bovin ou la présence de craintes.
Une très grande majorité des cédant·e·s souhaitent un maintien des fermes en bio. En effet, la plupart souhaite que leur ferme reste en agriculture biologique et cherche un repreneur ou une repreneuse souhaitant s’installer en bio. 90 % d’entre eux pensent que transmettre une ferme biologique n’est pas plus compliqué que de transmettre une exploitation conventionnelle. Certains (n=13) évoquent une sensibilité à la bio des jeunes et des « NIMA » (Non Issus du Milieu Agricole) plus importante, d’autres (n=14) parlent d’une meilleure rentabilité de l’exploitation.
Les principales craintes exprimées par les cédants sont les suivantes :
62 % des répondant·e·s n’accordent pas d’importance à l’origine du potentiel repreneur.
Cependant, plusieurs évoquent le manque de compétences pratiques de certains porteurs de projet NIMA rendant la transmission plus complexe.
Aucun des cédants interrogés n’a mentionné son souhait de transmettre à un salarié de l’exploitation.
Parmi les 16 exploitations ayant trouvé un repreneur, pratiquement un tiers des porteurs de projet sont d’origine familiale et un tiers n’a aucune relation avec le cédant.
Le premier organisme contacté par les cédants est le centre de gestion, afin de chiffrer les montants de la reprise. 34 % des éleveurs et éleveuses interrogé·e·s estiment manquer d’accompagnement ou d’information, concernant les démarches administratives, les dispositifs et évènements d’accompagnement à la transmission, l’aspect humain de la transmission, la recherche du repreneur ou encore les négociations avec les porteurs de projet.
En fonction de leur expérience dans le parcours de transmission, les éleveurs et éleveuses interrogé·e·s ont fait part de leurs suggestions concernant les dispositifs qui pourraient être mis en place pour mieux les accompagner dans cette étape.
En moyenne, les éleveur·e·s débutent leur parcours de transmission cinq ans avant leur cessation d’activité, un laps de temps minimal pour bien anticiper tous les aspects. L’anticipation est d’autant plus importante lorsque l’intégralité de la ferme est concernée par la transmission. C’est le cas de 56 % des fermes en bovin lait.
92 % des répondant·e·s souhaitent que leur structure reste en agriculture biologique après leur départ. Cette volonté se retrouve dans la principale crainte qu’ils expriment : ne pas trouver de repreneur pour leur exploitation et que la ferme soit déconvertie.
L’étude relève également trois leviers pour lesquels des actions peuvent être mises en place pour faciliter la cession des fermes : la recherche d’un repreneur, le chiffrage de l’exploitation ainsi que la formation des porteur·se·s de projet. La démarche d’installation doit être accompagnée parallèlement à celle de la transmission, en commençant par des actions de sensibilisation pour intéresser au métier d’éleveur.
Article rédigé par Lucille Guyard – stagiaire CAB Pays de la Loire, et Anne UZUREAU – CAB Pays de la Loire
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