Désherbage : Paillage en Viticulture

Publié le : 29 avril 2021

Le paillage des plantations : maîtrise de l’herbe, gage de réussite face au changement climatique et aux étés secs.

Jute et chanvre en Haute Savoie :

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Villaz, Haute-Savoie, en 2016-2017, Francis Rousset a planté 2,8 ha de vignes sur paillage biodégradable Sotextho. Il choisit le paillage jute et chanvre le plus épais (1400g/m²), donné pour durer 3 ans. Il choisit une largeur de 55 cm et il l’installe en rouleaux pré-percé avec une dérouleuse qui permet de butter les bords. Cela représentait 12650 m de paillage à dérouler. Il aura fallu 15 jours à deux à l’installer. Le coût matière de ce paillage est de 1€ le mètre linéaire, donc dans la configuration de Francis, planté à 2m, 2200€ HT l’hectare.

En 2019 après deux campagnes, le paillage est déjà bien dégradé. « C’est l’inconvénient quand on a un sol trop vivant,” plaisante le vigneron.” Au final, avec le bord que l’on perd en bordant le paillage, il aurait fallu partir sur une bande de feutre plus large. » Néanmoins, malgré le fait de s’attaquer au travail du sol plus tôt, le paillage a permis une très bonne reprise des plants grâce au maintien de l’humidité du sol. « Il m’a aussi permis de bien repérer les lignes de jeunes plants quand j’ai voulu broyer l’inter-rang et que je m’étais laissé prendre de vitesse par la pousse de l’herbe la première année », poursuit Francis. Sur une partie de vigne en échalas, le vigneron utilise ses chutes de paillage, sur une partie. Il s’avère que posé à plat, en couvrant une surface plus importante que lorsqu’il est butté, il dure un peu plus longtemps.

Francis reprend contact avec la société Sotextho fin 2019 pour pailler la partie de vigne de Roussane, en échalas, non paillée à la plantation, qui a beaucoup plus de mal à démarrer que le reste du vignoble. Il fait faire, sur mesure, des plaques de 1,3 m fendues de chaque côté à déposer entre deux échalas distant d’1m. Ainsi, avec la zone de recouvrement obtenue, au plus près de chaque cep, avec un doublement d’épaisseur, il peut espérer une tenue dans le temps plus importante. Sur cette parcelle, un essai comparatif est fait avec un nouveau produit de paillage à base de laine de mouton, qui est deux fois moins épais (600g/m²) que le paillage jute chanvre précédemment utilisé.

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

 

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

 

 

 

 

 

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

Miscanthus en Crozes Hermitage :

La problématique des fortes pentes non mécanisables est prégnante sur le secteur des Crozes. Une nouvelle technique est testée sur le domaine Habrard depuis 2 ans : le paillage au miscanthus.

L’idée, est, sur des plantations, en secteur en forte pente, d’avoir un paillage qui empêche la concurrence des adventices et maintient l’humidité adéquate au sol. Sur sol propre après plantation, une couche de broyat de miscanthus sur une épaisseur de 10 à 15 cm est déposée. La première année en 2018, le travail a été fait par les vignerons du domaine à la main. L’année suivante, le broyat a été déposé par une pompe, du type de celles utilisées pour l’isolation des combles avec de la ouate de cellulose. « Pour l’instant, en phase test, le coût est élevé : plus de 30 000€ /ha. Et si l’on prend en compte juste le côté gestion de l’herbe, cela revient à 1200 fois le coût d’un Round up, reconnaît le vigneron. Ou pour la pratique courante en bio : 10 fois le coût de piochage, la fatigue en moins. C’est pourquoi, je pense qu’il faut insister sur le double objectif : gestion de l’herbe et maintien de l’humidité pour une bonne reprise des plants ce qui dans les contextes climatiques actuels est non négligeable. Il faudrait que la technique soit vulgarisée voire aidée. Pourquoi pas par la taxe sur les phyto, une baisse de la TVA… Il faut que les politiques s’emparent du sujet et soutiennent son développement. » Néanmoins les essais réalisés au domaine permettent d’affiner la technique. « Nous avions fait le paillage au printemps puis nous avons pris des vents à plus de 40km/h. Une grande partie du broyat s’est retrouvée dans la forêt voisine. Nous pensons donc qu’il serait préférable de faire le paillage à l’automne, afin que la neige et la pluie appuie ce dernier et le rendent solidaire du sol, ce qui lui permettrait de bien rester en place au printemps, » estime Laurent Habrard.

Paillage à la paille en Pays de Loire:

L’AREXHOR et l’IFV Anjou travaillent sur les paillages à base de paille sur vignes mères de porte-greffe et sur vignes en place.

Suite à la lecture de « Révolution d’un seul brin de paille » de Masanobu Fukuoka », l’AREXHOR Pays de Loire / Astredhor Loire-Bretagne a mis divers essais en place sur diverses cultures ornementales, PPAM et vignes mères de porte-greffes. La paille s’est montrée, dans de nombreux cas, très intéressante, tant pour limiter des adventices que pour le développement des cultures grâce à une meilleure rétention de l’eau et un sol plus vivant.

Essais sur des vignes en place :

Comparaison de deux paillages : miscanthus et paille sur parcelle conventionnelle (désherbage chimique sous le rang pour le témoin et inter-rang enherbé).

Au niveau de la gestion des adventices, le miscanthus se maintient dans le temps et il n’y a pas de différence avec le témoin chimique (hormis quelques liserons localisés). La paille a disparu à 80 % au bout de deux ans mais les cavaillons se sont peu « resalis », du fait, sans doute, de propriétés allopathiques de la paille. Le vigneron en a remis grâce à un épandeur autoconstruit.

Au niveau sanitaire, sur l’année test (2018) avec forte attaque de mildiou, il n’y a pas de différence entre le paillage miscanthus et le témoin en désherbage chimique. En revanche, la modalité paille est saine et a obtenu des poids de vendanges significativement plus élevés. 12,6 kg pour 5 ceps dans la modalité paille contre 6 en moyenne sur l’ensemble des autres modalités testées.

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

 

© Arnaud Furet, Laurent Habrard et Alain Ferre, AREXHOR PdL

 

Rédigé par :
Arnaud Furet, ADABIO

Crédits photos : Arnaud FURET,Laurent HABRARD, Alain FERRE, AREXHOR PdL

Article initialement publié dans La luciole n°29