Des producteurs bio solidaires face aux difficultés climatiques

Publié le : 5 mars 2019

Face aux difficultés d’alimentation des animaux suite aux épisodes de sécheresse de 2018, les producteurs et productrices bio s’organisent pour faciliter les échanges de fourrages bio, y compris entre des régions différentes. Tous les leviers possibles doivent être mis en œuvre avant d’envisager une demande de dérogation, notamment de rechercher du fourrage bio dans un périmètre élargi.

Face au manque de fourrages bio, des demandes de dérogations plus fréquentes ?

Suite à la sécheresse de 2018, le manque de fourrages sur les fermes bio peut se faire sentir au cours de l’hiver. Dans ces situations extrêmes et exceptionnelles de manque de nourriture bio pour les animaux, il est possible de se voir accorder une dérogation – à titre exceptionnel – par l’INAO, afin d’utiliser ponctuellement du fourrage issu de fermes conventionnelles. Ces demandes sont bien évidement très réglementées. Cependant, les situations exceptionnelles le sont de moins en moins. Et les perspectives offertes par les simulations faites sur les évolutions climatiques à moyen et long termes laissent présager que les difficultés engendrées par les aléas climatiques seront à l’avenir de plus en plus fréquentes.

C’est pourquoi le sujet des « dérogations fourrages » fait autant parler de lui dans les campagnes. Une occasion pour les détracteurs de la bio de pointer du doigt les prétendues insuffisances de ce label. Cependant, il est indispensable de rester critique et d’étudier les faits : ce n’est en aucun cas parce que des dérogations sont demandées qu’elles sont systématiquement accordées et qu’elles deviennent la norme !

Un outil FNAB pour mieux identifier les fourrages bio disponibles sur les territoires

Les dérogations fourrages sont gérées au cas par cas. Rappelons les étapes d’une demande classique. Lorsqu’une demande de dérogation est effectuée par un producteur, elle est soumise à l’avis de son organisme certificateur, puis transmise à l’INAO. La première règle de décision appliquée par l’INAO est simple. Si du fourrage biologique est disponible, la demande de dérogation est automatiquement refusée. Toutefois, il est indispensable que ce fourrage biologique soit rendu visible, qu’il soit identifié, sans quoi l’INAO n’a d’autre choix que d’accepter la demande de dérogation, en priorisant les fourrages non traités ou en conversion (avec des volumes précis et orientés en priorité vers les animaux non productifs de l’élevage concerné).

Afin de répondre à cette problématique, le réseau FNAB a mis en place un outil national de recensement des disponibilités en fourrages bio. Ce formulaire en ligne, facile à remplir, vient compléter les autres outils régionaux (bourses aux fourrages, petites annonces…) qui existent déjà et permettent de recenser les offres sur leur propre territoire. Un outil qui doit d’ailleurs bientôt évoluer pour encore plus de facilité d’usage, pour fluidifier les échanges de fourrages bio et permettre à des producteurs en recherche de fourrages bio d’en trouver dans d’autres régions.

La dérogation, une démarche exceptionnelle qui ne doit pas remplacer le travail sur l’autonomie

L’enjeu est de faire en sorte que ces demandes de dérogations restent exceptionnelles malgré les difficultés climatiques et qu’elles ne soient effectivement accordées qu’en dernier recours pour des producteurs n’ayant pas d’autre choix. En aucun cas cet outil de « sauvetage » d’élevages bio en difficulté ne doit devenir un outil d’ajustement pour des systèmes qui n’auraient pas suffisamment travaillé sur leur autonomie alimentaire. Systématiser ce type de dérogations pourrait en effet dévoyer l’esprit de la bio, et ainsi dégrader la confiance légitime que lui accorde aujourd’hui les consommateurs. Et ce serait préjudiciable pour tous les producteurs, qui sont tous dans le même bateau… car tous sous le même logo !

Nous avons donc tout à gagner à mettre en place, à l’échelle des élevages bio comme à celle des territoires, toutes les stratégies possibles pour éviter de recourir à des fourrages non bio dans l’alimentation animale. A l’échelle des élevages, raisonner son système pour le rendre le plus autonome possible permet à la fois de mieux faire face aux aléas climatiques mais aussi d’améliorer sa résistance à la fluctuation des prix des aliments. En cas de sécheresse comme celle de l’an dernier, différents leviers d’action à court terme peuvent aussi être activés avant d’envisager une dérogation. Pour étudier les différentes adaptations et solutions techniques à mettre en place sur la ferme pour faire face à un manque de fourrages, les conseillers de GAB et de Biolait sont là pour vous épauler !

A l’échelle des territoires, c’est la solidarité entre producteurs qui doit primer. Dans ce contexte, le référencement des stocks existants en ferme est primordial. Le formulaire national vous permettant de faire connaître aux autres éleveurs vos disponibilités en fourrages bio est accessible en cliquant sur ce lien. Vous pouvez également recopier dans la barre d’adresse URL de votre navigateur l’adresse suivante : cpc.cx/nSe

Rédaction : Niels Bize (FRAB Bretagne) en lien avec la FNAB

Stratégies d’adaptation en cas de sécheresse

Quelles sont les stratégies d’adaptation possibles à l’échelle de l’élevage en cas de sécheresse ?

La fiche technique de la CAB Pays-de-la-Loire, à télécharger à ce lien, récapitule les options possibles : adaptation du chargement, ensilage de céréales initialement prévues pour la moisson, implantation de cultures fourragères qui ont un potentiel de production en condition séchante, achat de fourrages notamment de fourrages sur pied…

Cette fiche est aussi disponible en téléchargement direct.