De quelle manière sont élevées les chevrettes de renouvellement lorsqu’elles sont allaitées par leur mère ?

Publié le : 17 août 2023

Une enquête a été conduite en 2021 par l’Anses, en collaboration avec le Civam Haut-Bocage et l’OMACAP, pour identifier des éleveurs caprins élevant les chevrettes de renouvellement sous les mères, afin de comprendre leurs motivations, de décrire leur pratique et d’identifier les bénéfices et inconvénients ressentis liés à la pratique. 40 éleveurs ont été enquêtés. Suite à la description des élevages ayant mis en place cette pratique, et des motivations des éleveurs pour la mettre en place, ce deuxième article se propose de décrire les différentes pratiques mises en œuvre pour élever les chevrettes sous la mère.

Chevrettes renouvellement

Les chevrettes élevées sous les mères sont majoritairement laissées avec tout le troupeau, au minimum pendant 45 jours. Dans quelques élevages, les chevrettes n’ont accès qu’à leurs mères ; dans un autre élevage, les chevrettes avaient d’abord accès à toutes les chèvres, et ensuite uniquement aux chèvres venant de mettre-bas ou ayant des cellules. Un seul éleveur sépare les chevrettes des mères pour les sevrer 3 semaines après.

Temps passé avec les mères

chevrette mereTrois situations générales ont été identifiées vis-à-vis du temps que les chevrettes passent avec les mères, avec une grande variabilité de contact quotidien mères-chevrettes dans chacune de ces situations :

→ Les chevrettes restent avec les mères entre 45 et 150 jours maximum, et la séparation correspond au sevrage (n=18). Au sein de ce groupe, le temps journalier que les chevrettes passent avec les mères diffère entre les élevages et peut évoluer au cours du temps :

  • de 24h/24 à moins de 2h par jour

Chevrette bio

  • de 24h/24 à la journée ou la nuit uniquement

chevrette bio

  • 24h24 jusqu’au sevrage ou avant

chevrette bio

Les chevrettes restent longtemps avec les mères, entre 180 et 240 jours, et la séparation est en lien avec la mise à la reproduction (n=6). Dans ce groupe, un mors à cabri peut être utilisé pour le sevrage. Le temps quotidien passé avec les chèvres évolue dans le temps et les pratiques sont différentes entre les élevages.

Les chevrettes ne sont jamais complétement séparées des mères (n=16), un mors à cabri peut être utilisé pour le sevrage. Dans certains de ces élevages, les chevrettes peuvent être amenées à être séparées la journée ou la nuit des chèvres, ou avoir un accès restreint (<2h/jour).

Âge au sevrage

La durée d’allaitement des chevrettes sous les mères est variable selon les élevages et ne correspond pas toujours au temps total passé avec les mères, certains éleveurs utilisant des mors à cabri pour sevrer les chevrettes tout en les laissant avec leurs mères. Les éleveurs sèvrent :

  • à 75 jours ou avant (13/40 éleveurs)
  • entre 75 et 150 jours (13/40 éleveurs)
  • après 150 jours, le sevrage est spontané, par les mères (14/40 éleveurs)

chevrette paturage

Accès au pâturage  

Les chevrettes sortent au pâturage avec les mères dans 72,5 % des élevages enquêtés.

L’âge médian de sortie des chevrettes dans les élevages concernés est de 28 jours (0-120).

Gestion de la traite

La quasi-totalité des éleveurs (97,5 %) traient les chèvres qui élèvent les chevrettes de renouvellement. Le nombre de traites réalisées sur la période de lactation pour les chèvres allaitant les chevrettes est indiqué sur la figure 1.

chevrettes nombres

Dans la majorité des cas (82,5 %), ces chèvres sont traites comme les autres (lorsque ce n’est pas le cas, cela signifie que les chèvres qui allaitent les chevrettes commencent à être traites plus tard après la mise-bas que celles qui n’ont pas de chevreaux). Les chevrettes accompagnent les chèvres à la traite pendant tout ou partie de la phase lactée chez moins de la moitié des éleveurs.

Selon ¾ des éleveurs, la tétée n’abîme pas les mamelles. Cependant, les autres éleveurs ont déjà pu observer sur les mamelles des blessures, des plaies, des crevasses, des mamelles sèches, des morsures, des gerçures…

Cet article, rédigé par Marianne Berthelot, est le 2ème d’une série de 3 articles. Il permet de mieux comprendre comment les éleveurs élèvent les chevrettes de renouvellement lorsqu’elles sont allaitées par leur mère. Les pratiques sont très diverses et peuvent évoluer d’année en année selon les expériences des éleveurs.

Nouvelle AquitaineRemerciements : Nous remercions tous les éleveurs d’avoir accepté de participer à cette enquête, les professionnels agricoles qui ont contribué au bon déroulement de cette étude et la Région Nouvelle-Aquitaine pour le financement de cette étude.

Contact pour plus d’informations : marianne.berthelot[at]anses.fr