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Christian GUEMENE, éleveur bovin laitier bio à Saint Just (35), a un assolement diversifié sur 52 ha, majoritairement composé de prairies consacrées au système pâturant de ses 48 vaches laitières. Son but est d’être autonome tant sur l’alimentation que sur le matériel et l’énergie.
« Gagner en autonomie alimentaire, matérielle et énergétique »
Christian vise l’autosuffisance et la bonne santé de ses animaux. Affranchi du maïs et des intrants protéiques et céréaliers, il produit ses propres aliments (céréales, luzerne, betterave, avoine-féverole) et mise sur l’herbe pour nourrir ses animaux, au pâturage, comme en stabulation.
Seuls du foin (50 tonnes de MS, soit 14 % de l’herbe consommée) et de la paille sont achetés en complément à un agriculteur voisin. Une partie de ce foin est issue d’un échange contre du fumier composté avec un maraîcher voisin.
L’autonomie est aussi recherchée à travers le matériel, pour majorité en CUMA. Christian dispose ainsi de plus de souplesse en étant moins tenu par les investissements lourds.
Le hangar à foin est couvert de 300 m² de panneaux solaires. La ferme est donc productrice d’énergie renouvelable qui concourt à son indépendance énergétique.
Installé depuis 1994 et converti à l’agriculture biologique en 2000, l’élevage regroupe 48 vaches pour 44,25 ha de surfaces en herbe. Les autres surfaces sont consacrées à 5 cultures pour l’alimentation des animaux. Le maïs a été supprimé de l’assolement : ses rendements n’étaient pas suffisants et son effet sur la santé des animaux pas satisfaisant.
Le système est pensé pour être le plus autonome possible.
Le système est pâturant. Les vaches tournent sur les surfaces en herbe durant les 9,5 mois au cours desquels elles sont à l’extérieur. De mi-décembre à mi-février, elles restent en bâtiment.
L’achat d’intrants pour la ferme concerne les semences pour les semis, du foin et de la paille de blé. Les cultures sont auto-consommées. Les ventes concernent le lait (206 400 L/an), le compost (80 m3) et des animaux (35 veaux, 1 bœuf, 8 vaches).
Une parcelle agroforestière en complément du bocage.
2,2 ha de prairies ont été plantés de 110 arbres (châtaignier, frêne, tilleul, cormier, noyer, merisier), à raison de 18-19 plants par espèce. Les arbres ont été plantés en 3 rangées avec une densité de 50 arbres/ha. Leur plantation a nécessité la fissuration en profondeur du sol par le passage d’une sous-soleuse, et chaque année, ils doivent être taillés 2 fois à raison de 2h par passage.
La plantation a vocation à apporter un revenu complémentaire à la ferme, par la vente de bois d’œuvre à maturité sylvicole des arbres.
Comme en pré-verger, l’usage du sol est double. La sylviculture et le pâturage vont de pair.
« La diversification des systèmes de production en AB est une clé pour innover et trouver des solutions acceptables pour des systèmes plus performants des points de vue économique, environnemental, social et agronomique. Parmi les voies identifiées, l’agroforesterie représente un levier d’action intéressant. » Cadillon A, ITAB, 2015.
L’agroforesterie est bénéfique sur le plan environnemental (infiltration de l’eau dans les sols, valorisation des excédents de fertilisant, apport de matière organique au sol, habitat pour la faune, abris du bétail…) et est économiquement rentable. Les arbres plantés n’apportent toutefois qu’un gain modeste en termes de stockage du carbone, par rapport à une prairie non plantée.
Des charges en plus :
Un gain financier :
Total pour la ferme : 10,6GJ/ha soit 265,3 litres de fioul/ha
La consommation d’énergie comprend pour 34 % le fioul destiné aux travaux agricoles et 26 % l’électricité principalement pour la salle de traite. L’achat d’aliments compte toujours pour 20%. Le restant concerne les consommations d’énergies indirectes du matériel et des bâtiments notamment.
Total net pour la ferme : 185t de CO2 soit 3,04 t de CO2/ha
La fermentation entérique des vaches émet 67% des gaz à effet de serre (GES bruts) de la ferme.
Les émissions de CO2 de la ferme sont en partie compensées par le stockage du carbone dans les haies et les arbres (3 % des GES bruts) et par les surfaces en herbe notamment les prairies permanentes (97 % des GES bruts).
A l’échelle de la prairie en agroforesterie, la plantation d’arbres compense les émissions de GES supplémentaires occasionnées par son entretien. En agroforesterie, la capacité de stockage d’un hectare augmente de 400 kg/an par rapport à une parcelle sans agroforesterie. Le bilan GES net comparatif montre un stockage effectif de 240 kg éq CO2/ha, lorsque l’on a retiré les opérations mécaniques supplémentaires (taille, fissuration) ainsi que l’amortissement énergétique du matériel.
Ce retour d’expériences est extrait du recueil « L’agriculture biologique s’engage pour le climat » : retrouvez les autres à ce lien. Les enquêtes ont été réalisées en 2017.
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