Témoignage : produire du colza bio en Hauts de France

Publié le : 19 mars 2019

La ferme en quelques mots

Le producteur : Sylvain Deraeve – EARL Plaine de Vie

  • 2 UTH
  • 42 ha et 30 brebis
  • Système agroforestier
  • Transformation en farine et pain
  • Vente directe de légumes secs, farine, huile

L’EARL Plaine de Vie s’étend sur 42 ha dans les plaines du Santerre à 30 minutes d’Amiens.

La conversion de l’exploitation par Dominique Deraeve commence en 2007 avec l’installation de sa fille, Inès, sur un atelier de transformation de pain.

Sylvain s’installe en grandes cultures sur la ferme familiale suite au départ à la retraite de son père en 2015 et y introduit un troupeau d’une trentaine de brebis allaitantes.

L’exploitation comporte aujourd’hui 2 UTH et valorise ses produits en partie en vente directe (pain, farine, légumes secs, huile, caissettes de viande…) et le reste en circuit long via la coopérative BIOCER.

Se lancer dans la production de colza bio

Sylvain a décidé cette année de produire du colza bio. En Hauts de France, la demande est importante (on estime que près de 800 ha pourraient être valorisés immédiatement pour l’huile et les fabricants d’aliments du bétail) alors que la production représente seulement 60 ha en 2018.

Les prix sont attractifs (entre 750 et 800 €/ha) mais peu de producteurs bio se lancent considérant cette culture difficile notamment l’implantation, la maîtrise de l’enherbement et des attaques d’insectes.

Pourtant des solutions existent ! Sylvain a participé à un programme d’essai en 2018 qui l’a conforté dans son idée de produire du colza. La recherche et l’expérimentation menées en région par les techniciens et les agriculteurs proposent aujourd’hui des pratiques culturales pour mieux sécuriser la production.

« 80% de la réussite du colza se joue sur le semis »

Après une préparation soignée du lit de semence, « comme pour une betterave », Sylvain a semé son colza le 17 août 2018 au semoir de précision (14,5cm) muni de roues plombeuses. Cela permet une levée homogène et un démarrage rapide de la culture.

Le colza a des besoins élevés en azote, l’idéal est donc de semer après un précédent de légumineuses ou prairie temporaire comme chez Sylvain. Couplé au semis précoce, les plants seront plus développés et vigoureux pour faire face aux limaces ou attaques d’altises du début de l’automne. Sylvain vise un peuplement entre 15 et 30 pieds au m², l’objectif est d’avoir de gros colzas en entrée d’hiver pour assurer un bon démarrage au printemps.

Variétés

Il convient d’utiliser des variétés vigoureuses au départ, peu sensibles à l’élongation (repos hivernal marqué) avec un profil de résistance aux maladies élevé. Mélanger les variétés s’avère efficace pour atténuer le risque méligèthe. On incorpore une variété très précoce pour détourner l’attention de la variété principale, mais il est également intéressant de mélanger d’autres variétés productives entre elles.

« Je pense mélanger 2 ou 3 variétés l’an prochain pour accentuer le phénomène et atteindre une meilleur résilience. »

Les plantes compagnes

Le colza a été semé avec des plantes compagnes : du sarrasin (10kg/ha) permettant d’aider à la couverture du sol et accélère la fermeture des inter-rangs (10aines de jours) et du trèfle blanc (3kg/ha). Le trèfle blanc n’a pas d’effet significatif avant l’hiver. C’est à partir du mois de juin (chute des feuilles du colza) que le trèfle montre son potentiel de production, préparant ainsi l’interculture post moisson. Le couvert se met rapidement en place et a la capacité de restituer 50 à 80 unités d’azote pour la culture suivante « ce qui permet de faire un bon blé panifiable». De plus, les fauches successives permettront de gérer les repousses de colza.

Sylvain vise un rendement entre 20 et 30 quintaux.