Une nouvelle filière pour un sucre de betterave bio équitable en région Hauts-de-France

Publié le : 18 mars 2019

Depuis plus de deux ans, Bio en Hauts-de-France travaille au développement de la filière betterave sucrière bio suite aux interpellations de producteurs bio mais aussi à la forte motivation de nombreuses entreprises agroalimentaires pour relocaliser leurs approvisionnements. Le point sur l’avancement de cette filière alternative.

Acquisition de références technicoéconomiques pour déterminer le juste prix

En 2017, des essais aux champs ont été réalisés par 7 producteurs dans les régions partenaires du projet (Ile-de -France, Normandie, Champagne-Ardenne et Hauts-de-France).

Différents itinéraires ont été étudiés avec comme objectif principal de définir collectivement le coût de production de la betterave sucrière bio. Les résultats sont hétérogènes avec des rendements variant de 30t/ha à 85t/ha en fonction des secteurs et des itinéraires techniques choisis. La compilation de ces essais ainsi que d’autres références technico-économiques permettent d’avancer aujourd’hui un coût de production de la betterave sucrière moyen à 62 €/t pour un rendement moyen à 50 t/ha et un temps de désherbage manuel minimum estimé à 100h/ha (contre 200h/ha en moyenne en Allemagne).

Ces résultats permettent d’identifier un prix minimum d’achat de la betterave sucrière bio à 100 €/t à 16% (richesse en sucre). A titre de comparaison, en Allemagne, la production et la transformation de la betterave sucrière bio, qui a démarré il y a plus de 10 ans, est cultivée sur environ 1 500 ha. En octobre 2018, le prix d’achat des betteraves bio s’élevait à 118 €/t à 17,5% (départ bout de champ).

En 2018, le GAB Ile de France, l’Association Bio Normandie et Bio en Hauts de France ont poursuivi les essais avec les producteurs afin d’acquérir de nouvelles références (résultats prochainement disponibles).

Les groupes sucriers tels que Tereos et Cristal Union ont annoncé leur volonté de se lancer dans la production de betteraves bio. Plusieurs centaines d’hectares bio sont ainsi recherchés en région et alentours. Leur objectif est de lancer une production de sucre bio pour 2019.

Si cette production vous intéresse, les groupements du réseau FNAB sont disponibles en région pour vous accompagner dans votre conversion. En effet, il est important de bien se préparer car c’est un changement de système qui doit se prévoir, s’anticiper : période de conversion, nouvelles techniques, aides financières possibles… Il conviendra de rester vigilant quant au prix proposé par les groupes sucriers car pour un développement équitable, harmonieux et rémunérateur des filières bio.

Expérimentations de procédés d’extractions alternatifs pour la production d’un sucre « complet »

Le projet porté par le réseau FNAB cherche à mettre au point des méthodes alternatives de transformation de betterave sucrière, moins énergivores, plus accessibles et dans la perspective de créer des sucreries de plus petites tailles. Ce projet de recherche, réunissant polyculteurs, chercheurs, coopératives, distributeurs et transformateurs, a validé l’hypothèse de départ : la création d’un sucre simple, issu d’outils de transformation économes, accessibles, territorialisés à moyen terme. En fin d’année 2018, 25 tonnes de betteraves bio ont été transformées en sucre et des recettes de gâteaux, bières et autres produits seront testées ces prochains mois.

Une gouvernance réunissant l’amont et l’aval pour une filière équitable

Une labellisation « commerce équitable Nord-Nord » est envisagée pour mettre en avant l’équitabilité, la recherche d’un juste partage de la valeur ajoutée et la transparence entre les acteurs de ce projet novateur. Pour matérialiser cette coopération, une association de préfiguration (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) réunissant l’amont et l’aval de la filière va être créée en 2019. Cette gouvernance partagée permettra d’envisager à court terme les investissements pour créer la première micro-sucrerie bio de France.

Si vous souhaitez prendre part à cette aventure ou en savoir plus sur son développement, contactez Loïc Tridon (Bio en Hauts de France) au 03 20 32 25 35 ou à l.tridon[at]bio-hdf.fr.

Article rédigé par Loïc Tridon, Bio en Hauts de France