Les plantes de service au cœur des recherches en production légumière et maraîchage

Publié le : 5 juillet 2018

Une rencontre technique Légumes en AB organisée par l’ITAB et le Ctifl présentait des travaux de recherche-expérimentation sur les plantes de service, notion qui recouvre différentes fonctions dont la gestion des bioagresseurs. On parle alors de plantes répulsives (empêchent le ravageur d’atteindre sa plante hôte), de plantes ressources (hébergent des adultes des ennemis naturels), de plantes banques (lieux de ponte des ennemis naturels), de plantes écrans (barrières mécaniques) et de plantes pièges (attirent et sont toxiques pour le ravageur).

Pour réguler les populations de thrips du poireau (Thrips tabaci) le projet AGATH a d’abord mobilisé des plantes répulsives : la coriandre semble la plus efficace. Installées en pourtour des parcelles, les plantes répulsives ont permis de diminuer la présence des thrips mais pas leurs dégâts. Installées au sein des cultures, elles ont permis de diminuer les dégâts, mais le rendement a été atteint plus tard.

Une parcelle aménagée avec des plantes ressources et des plantes banques a augmenté l’activité des prédateurs de T. tabaci par rapport à une parcelle témoin. Elle a aussi augmenté la densité d’activité de T. tabaci et les dégâts ont souvent été plus importants dans la parcelle aménagée. L’une des perspective à l’issue du projet est la mise en place de stratégies push-pull expérimentales associant des plantes ressources ne favorisant pas T. tabaci, des plantes-banques, et des plantes répulsives et pièges

Macrolophus pygmaeus est un prédateur de nombreux ravageurs des cultures légumières : aleurodes, acariens, pucerons, œufs et larves de noctuelles, Tuta absoluta… Il est très sensible aux insecticides. Le projet MACROPLUS visait à aménager les espaces de production en utilisant des plantes pour renforcer sa présence et réduire le coût de la lutte biologique (0.15 € / individu).

Parmi les plantes hôtes identifiées, le souci, Calendula officinalis, semble être une des plus efficaces. Sous-abri, la présence de bandes fleuries pérennes renforce la présence de Macrolophus, qui migrent sur les cultures surtout à proximité immédiate : plus on s’en éloigne, moins les punaises migrent dans la culture. Elles migrent moins si la bande fleurie est encore présente en même temps que la culture. D’où l’idée du transfert actif : la bande fleurie est détruite au moment où le transfert est attendu ; puis réimplantée avant la fin de la culture pour assurer la continuité du gîte. Dans cet objectif, le souci cultivé en caisse présente l’avantage d’être déplacé au sein des cultures, y compris d’un tunnel à l’autre. Ces stratégies ont fait leur preuve et ont été déployées dans des exploitations de plusieurs régions.

Dans le projet GEDUBAT, le sorgho fourrager a été utilisé comme engrais vert biofumigant sous abris pour contrôler les populations de nématodes à galles. Il agit de deux manières : les nématodes qui colonisent les racines sont tuées au moment de la destruction du sorgho. Lorsque celui-ci se décompose, il libère du cyanure d’hydrogène (HCN) qui tue les nématodes et empêche la contamination des racines.

L’effet est positif sur la réduction des populations mais nécessite une pratique précise : détruire le sorgho alors qu’il est jeune, choisir la bonne variété, répéter l’opération dans le temps. Le travail va se poursuivre pour affiner les choix variétaux, les stratégies d’utilisation et s’assurer de la faisabilité économique.

Focus sur le GIEE Phytobiomar (66)

Le GIEE Phytobiomar a pour objectif la mise en place d’une lutte biologique autonome et collective dans les exploitations maraîchères par

  • la production en commun de plantes réservoirs d’auxiliaires
  • la création d’un réseau d’échanges d’auxiliaires
  • et un réseau collectif d’alertes phytosanitaires

15 maraîchers biologiques de la plaine du Roussillon se sont regroupés en GIEE afin d’organiser une lutte biologique autonome sur leurs cultures afin d’optimiser la date d’introduction des auxiliaires sous les abris et garantir leur vivacité pour une régulation biologique plus efficace.

La réussite du projet s’appuie sur un partenariat solide entre

  • le GIEE,
  • l’INRA d’Alénya (partenaire technique),
  • le Lycée Agricole de Rivesaltes – Théza (partenaire technique et pédagogique)
  • et le CIVAM Bio 66 et sa station expérimentale (animation et expérimentation).

Plus d’informations sur ce projet sur le site Osaé. Contact : Célia Dayraud (Civam bio 66) – celia.dayraud@bio66.com

Article rédigé par G.DELAUNAY / EPLEFPA Les Sillons de Haute Alsace et  initialement paru dans Les Lettres AB de Bio en Grand Est. Focus sur le GIEE Phytobiomar tiré de l’article du site Osaé.