Philippe Sfiligoï – Arboriculture – Lot-et-Garonne

Retrouver le plaisir de son métier et en vivre mieux

Mes grands-parents, originaires de Yougoslavie, sont arrivés en France dans l’entredeux-guerres. Ils étaient pruniculteurs dans leur pays et ils se sont donc installés comme fermiers dans le Lot-et-Garonne, près d’Aiguillon au Nord-Ouest d’Agen, pour continuer à cultiver des pruniers d’Ente. Leur ferme était très diversifiée comme beaucoup d’entre elles à l’époque : la vigne, le tabac ou le maïs faisaient aussi partie des productions issues de leur agriculture familiale. Par la suite, mes parents ont repris l’exploitation et l’ont spécialisée vers l’arboriculture, en pommes et prunes notamment. J’ai pris leur suite dans les années 1980 et engagé la conversion en 2005.

Comment s’est passé le passage en bio ?

Je suis passé à la bio il y a 10 ans car j’avais l’impression d’avoir fait le tour, je ne prenais plus de plaisir dans mon métier. Je l’ai retrouvé par les approches de l’agriculture biologique, les notions de gestion du sol, de préservation de la biodiversité. Et puis, il y avait des problèmes de prix sur la filière conventionnelle : ils n’étaient plus rémunérateurs. On nous poussait à toujours produire plus pour compenser la baisse des marchés. On en arrivait à rechercher des rendements de plus de 80 tonnes/ha en pomme ! Ca n’était plus tenable. J’ai d’abord commencé par convertir les vergers de pommes, puis les pruniers d’Ente. Mon objectif à terme est d’arriver à des surfaces 100 % bio. Il me reste encore des surfaces de pommiers conventionnels sur certaines variétés comme la Golden, la Fuji ou la Chanteclerc, mais celles-ci seront probablement en conversion avant la fin de l’année !

Au début de ma conversion, j’ai eu la chance d’être parrainé par Yves GUIBERT, un arboriculteur très expérimenté dans la bio. Cela a été très rassurant d’avoir un référent, un collègue, qui puisse répondre à mes questions et à mes angoisses ! Cette période de conversion est une étape difficile et c’est important d’être épaulé. Le CIVAM Bio 47 m’a aussi aidé sur le volet technique, les dossiers administratifs. Ils m’ont permis de rencontrer d’autres producteurs inscrits dans la même démarche.

 

L'exploitation en bref :

  • Vergers des Pruneraies à Aiguillon (47)
  • 1 associé
  • Les salariés: 4 permanents et de 5 à 40 saisonniers
  • Surfaces: 70 ha dont:
    • 25 ha de pruniers d’ente
    • 40 ha de pommiers
    • 3-4 ha de noyers
    • 1 ha de poiriers
  • Commercialisation:
    • par la COFRA pour les pommes
    • les prunes avec la coopérative UPF-Coufidou
    • Unicoque pour les noix

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur la commercialisation ?

Système filaire Darwin

Je vends mes pommes par la COFRA et j’en suis actuellement le président. La COFRA a été créée en 1961 et elle regroupe 70 producteurs de différentes coopératives. Cette structure basée à Aiguillon dans le Lot-et-Garonne assure le conditionnement et la commercialisation de pommes. Elle stocke 13 000 tonnes de fruits en chambres froides (ordinaire et atmosphère contrôlée). En 2009, la COFRA a stocké pour la première fois des pommes issues de l’agriculture biologique. Les principales variétés bio sont l’Ariane et la Dalinette pour les bicolores, et Goldrush et Delisdor pour les autres. Le fait d’être l’un des premiers à être passé en bio dans notre structure a créé une émulation. Petit à petit nous avons pu monter le projet d’une filière bio dans notre coopérative. Partis de 150 tonnes de pommes, nous avons aujourd’hui largement dépassé les 2 000 tonnes en pommes et poires biologiques.

Pour les prunes, je suis adhérent de l’Union de Coop UPF-Coufidou, une coopérative de commercialisation du pruneau d’Agen. Elle regroupe 55 producteurs réunis en 5 coopératives, soit près de 3 000 tonnes de pruneaux d’Agen par an (dont 300 T environ  en bio). En fait, ces deux structures sont des coopératives mixtes qui, petit à petit, ont accepté de commercialiser des fruits biologiques. Elles ont une réelle volonté de développer ce marché.

 

« Pour moi le maître mot pour notre filière, c’est la structuration des arboriculteurs biologiques. »

Philippe SFILIGOÏ