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Resté longtemps confidentiel, l’élevage d’ovin bio est en plein développement en Lorraine. L’un des freins, la commercialisation en circuit long, est levé. Une vraie dynamique de conversion s’opère sur cette filière. La commercialisation et donc la valorisation de la production est un des éléments à étudier et à prendre en compte pour son passage en bio. Exemple du parcours d’Olivier Schmitt et de Stéphanie Masson.
Le GAEC du berger
Les cultures étaient déjà en bio, il ne manquait plus que cet atelier à convertir. Le but était bien de passer entièrement la ferme en bio. Faire une conversion non simultanée, c’était d’abord pour maîtriser la culture des céréales en bio et avoir une idée du volume d’herbe produit avec l’introduction de prairies temporaires dans la rotation. Ce temps a permis de réfléchir à l’alimentation en bio des moutons. Nous avons pu tester des rations sur la troupe conventionnelle avec les céréales en conversion. Les moutons ont été convertis en 6 mois, une fois les céréales certifiées bio. Une simulation économique sur la conversion bio des deux ateliers (animal et végétal), tout en prévoyant une faible valorisation en bio des moutons, a conforté nos motivations.
Il y a 5 ans la filière longue bio en ovin était très peu organisée en Lorraine. En passant en bio, il fallait s’orienter vers les circuits courts pour avoir des débouchés bio. Aujourd’hui, Unébio ramasse une bonne partie de mes agneaux, donc je bénéficie pour cet atelier d’une valorisation en circuit long en bio.
Notre conversion a tout de même soulevé des craintes liées à l’alimentation et au déparasitisme. Pour l’alimentation, il fallait avoir une ration équilibrée sans soja, c’est-à-dire trouver une autre source de protéines. La solution avec la rotation en bio des céréales a été de faire davantage de foin de luzerne et d’enrubannés, et d’utiliser le pois et la féverole produits.
En fait, il n’y a pas eu de gros changements dans la ration des moutons, je donne toujours du grain fermier, du foin et de l’enrubanné sauf que tout est bio. Pour ce qui est du parasitisme, avec des analyses coprologiques préventives qui attestent ou non de la présence de parasites, il est toujours possible de faire quelques traitements contrôlés, donc je n’ai pas eu plus de problème qu’avant.
J’ai augmenté mon troupeau pour valoriser les surfaces fourragères plus importantes.
Je fais maintenant de l’enrubanné de luzerne, trèfle et ray-grass, alors qu’avant je ne faisais que du foin. L’enrubanné permet d’échelonner la fenaison et d’avoir des fourrages de qualité pour les derniers agneaux tout comme pendant la période principale de lactation des brebis.
Je fais mon aliment fermier, grâce à mes céréales bio produites sur l’exploitation.
Avec la conversion, il faut aussi se remettre en question et ne plus envisager de faire des agneaux de 3 mois d’âge mais de 4 à 5 mois avec une croissance plus lente. Cette croissance ne signifie pas forcément une production de gras en plus, ni des charges d’alimentation plus importantes.
Les conseils sont dispensés au cas par cas.
C’est bien de faire de l’agneau d’herbe si on a de belles prairies, mais il faut bien maîtriser le parasitisme. Avec un système herbager, il ne faut pas hésiter à passer en bio.
Je conseillerais la conversion en bio pour des éleveurs d’agneaux de bergerie, s’ils ont du parcellaire autour des bâtiments et produisent des céréales, car aujourd’hui la filière longue bio permet une bonne valorisation de ces animaux.
J’ajouterais de préférer une conversion totale de la ferme, de ne pas avoir de mixité s’il y a des ateliers ovins et céréales, pour être complètement autonome. De plus avec l’atelier céréales en bio, il y a possibilité de faire des dérobés derrière, bien utiles en élevage.
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