GAEC Le Jardin Burgonde – Maraîchage et Champignons – Saône-et-Loire

Aurélie Jones, Aymeric Jones et Hervé Girod se sont installés en 2019 dans la Bresse bourguignonne en maraîchage et production de champignons.

Une reconversion professionnelle à trois

Après avoir été éducatrice spécialisée, Aurélie a travaillé chez un traiteur, pendant que son mari Aymeric, anciennement professeur d’anglais, cherchait à se reconvertir dans la vigne. C’est là qu’ils ont rencontré Hervé, dans les vignes jurassiennes. « On était tous les trois pas très satisfaits de nos vies professionnelles, on avait envie d’être nos propres patrons ».

Très concerné·es par l’environnement, passionné·es de nature depuis longtemps, tous les trois faisaient déjà leur potager. Aurélie a saisi l’occasion d’un congé individuel de formation pour passer son BPREA au CFPPA de Montmorot et faire des stages. « Inspiré·es par de nombreux documentaires et bouquins, ainsi que par la permaculture qui se développait beaucoup : tout ça nous a emmené vers le maraîchage ! »

Pendant sa formation, ils ont commencé à chercher du terrain : « on voulait deux habitations sur un terrain, mais c’était trop compliqué ». Ils ont fini par trouver 1,7 hectare de terrain. « On a toujours eu le projet de se diversifier, pendant ma formation j’ai eu l’occasion de me former en production de champignons, c’était passionnant ! On s’est dit que ça rendrait le projet un peu spécial. »

Du maraîchage dans la Bresse bourguignonne

Le GAEC Le Jardin Burgonde se trouve sur la commune du Fay, à la frontière entre la Saône et Loire et le Jura. Le village essaie de rester dynamique et un marché de producteurs débute en ce début 2021. « La Bresse bourguignonne c’était avant tout un paysage de bocage, humide, mais beaucoup de haies ont été arrachées. Sur notre parcelle quelques vieux chênes ont été gardés mais on veut réintroduire de la diversité ». La parcelle est située en point haut et est plutôt bien exposée.

Le GAEC ne visait pas spécialement des ventes en ultra local : « à trois personnes, il y a besoin de volumes importants et la ferme n’est pas disposée pour accueillir la vente directe ». Un système avec Cagette s’est mis en place pendant le premier confinement devant la boulangerie du village et le GAEC participe à d’autres points Cagette du secteur. Cependant, la part la plus importante de leur marchandise est vendue sur des marchés un peu plus urbains (Bourg-en-Bresse).

Leur première commercialisation de champignons en février 2020 a été grandement impactée par la crise sanitaire « on comptait pas mal sur les restaurateurs, on a tout chamboulé et on a fait de la vente directe sur les marchés, sachant qu’on n’avait pas forcément de place pour nous : c’était l’occasion de tester d’autres marchés différents et puis le travail avec d’autres producteurs sur cagette était sympa. »

Pourquoi la bio ?

« L’Agriculture Biologique c’était carrément une évidence, ça ne nous ait jamais venu à l’esprit d’utiliser des produits de synthèse ! On se sent concerné par les problèmes écologiques, on avait envie d’agir à notre façon, en s’intégrant à la vie locale, ça nous correspond plus que le militantisme ». La région étant fortement agricole, il leur semble primordial de protéger la terre, le sol et la vie du sol.

Quel accompagnement ?

Leur installation a été accompagnée par la Chambre d’Agriculture et la conseillère technique du GAB. « C’était vraiment de précieux conseils techniques et elle nous a aidés à voir si notre projet était réaliste ».

Ils ont aussi eu accès à beaucoup de conseils de copains maraîchers, d’anciens maîtres de stage, « c’est important de ne pas être isolé, c’est un projet que chacun·e de notre côté on ne se sentait pas de faire ça seul·e, quand on est nombreux·euses on peut s’épauler, quand quelqu’un n’a pas le moral, un·e autre peut prendre le relai ».

Aujourd’hui, il y a encore pas mal de choses à faire : « on a été dans un mauvais timing depuis le début », la première année il avait fait très sec pendant longtemps et puis il ne s’est pas arrêté de pleuvoir, la première production de légumes n’a donc pu débuter qu’au printemps suivant. Heureusement la production de champignons a pu être lancée dès le début.

Leur installation a été en grande partie autonome : l’étude marché, la comptabilité, les constructions, etc. « On a fait le choix d’investir dans du matériel neuf, mais c’est nous qui installons et construisons tout ». Aujourd’hui, la serre pépinière est en train d’être montée, « on va prendre encore un peu de retard mais on arrive sur la fin de nos installations, on est encore un peu dans l’urgence mais on voit le bout, on va commencer à rentrer un peu dans une routine. On a hâte ! On est content du travail accompli ! On ne vit pas encore de notre métier mais on s’en rapproche. »

Quelle organisation du travail ?

Le GAEC a fait le choix d’être très peu mécanisé : pas de tracteur, juste un motoculteur. Ils ont ainsi organisé leur système de production pour qu’il soit très ergonomique avec des petites planches de légumes de 75 cm pour ne pas se plier trop le dos. Cela demande un grand travail d’organisation des zones d’activité en amont, inspirées de la permaculture.

Tous les trois travaillent sur tous les ateliers de la ferme : « on voulait que chacun soit capable de remplacer les autres, même s’il y a des choses qu’on préfère ».

« On a envie de planter des arbres, d’avoir des fruits, peut être des œufs… on veut être le plus autonome possible pour nous et développer peut-être d’autres ateliers. C’est aussi ce qui nous a attiré : on touche à plein de métiers différents et c’est hyper créatif ! Le terrain : c’était une page blanche, à nous d’en faire ce qu’on veut aussi ! »

En savoir plus sur la production de champignons

La production de champignons c’est vraiment un atelier spécifique. Le GAEC Le Jardin Burgonde produit uniquement des pleurotes, car chaque champignon a besoin de conditions spécifiques et donc de salles différentes. La saison s’étale entre octobre et début juin, ce qui s’articule bien avec leur production de légumes.

Ils fabriquent eux-mêmes leur substrat sur lequel poussent les champignons, à base de céréales et pailles bio. Il faut commencer par une semaine d’incubation dans le noir puis passer à une salle avec un peu de lumière. Ce qui est important c’est le taux d’humidité : ils utilisent un système de brumisation de quelques secondes toutes les heures. Il y a aussi un petit chauffage qui permet de remonter la température en cas de grand froid mais les champignons aiment généralement bien les situations irrégulières et globalement des températures assez fraîches vers 10-15°C.

Un mois après la fabrication du substrat on peut récolter les premiers champignons et faire 3-4 récoltes sur chaque sac de substrat, ce qui leur permet de récolter 60-70kg par semaine.