Estelle et Pascal Vuillaume – Bovins viande – Meurthe-et-Moselle

Les filières, un gage de stabilité pour l’éleveur

5 ans, c’est le temps qu’ont pris Estelle et Pascal VUILLAUME, EARL de Cousin Pré à Andilly (54) pour passer en bio. Et de concert, ils affirment qu’ils « ne retourneraient en arrière pour rien au monde ». En entrant dans cet autre mode de production, ils ont aussi découvert une organisation différente de la commercialisation. Interview croisée sur le rôle des filières.

La ferme en quelques mots

EARL de Cousin Pré

  • 2 associés
  • Passage en bio en mai 2015
  • 146 ha de SAU dont 90 en PP
  • 50 mères Charolaises
  • Vente de vaches, génisses, broutards.

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à convertir votre exploitation en bio ?

Si cela n’avait tenu qu’à Estelle, nous serions passé en bio depuis bien longtemps ! Mais la crainte du regard des voisins peut peser lourd dans la balance… Aujourd’hui, il est plus curieux que critique ! Notre objectif premier en passant en bio était de ne plus faire de traitements. C’était même le point essentiel pour nous. De plus, nous avons un nombre important de parcelles en zone Natura 2000 et en zones vulnérables ce qui a apporté un argument supplémentaire à notre volonté de se convertir en bio.

Par quelles filières valorisez-vous vos productions ?

Nous vendons le blé à Probiolor, coopérative céréalière 100% bio. Le triticale et le pois que nous produisons sont consommés par le troupeau. En terme de production animale, les vaches et génisses sont vendues à UNEBIO. Les broutards continuent à être vendus dans le circuit conventionnel. En effet, pour le moment, il n’y a pas de marché bio pour ces animaux même si le sujet est travaillé par la filière actuellement.

Quels changements cela a-t-il apporté dans votre commercialisation ?

En fin de compte, assez peu. Nous continuons à travailler avec la CAL Élevage. UNEBIO travaille avec la coopérative. Ce travail en commun se passe très bien. Je suis d’ailleurs impressionnée par la coordination entre les deux structures ! Il faut à mon sens garder des liens entre conventionnel et bio. Le clivage n’est jamais bon et nous gagnons tous à échanger les uns les autres. Le fait de vendre des animaux par UNEBIO implique une planification, permettant de bénéficier d’une prime. Cette planification doit être faite à 3 mois pour les animaux allaitants. Or, la majorité du temps, nous savons quelle vache ou génisse nous allons faire partir 3 mois plus tard. Il y a de plus toujours la possibilité de discuter avec les acheteurs d’UNEBIO en cas d’imprévu.

 

Estelle, tu es maire, membre au GDS, au GAB, au GFR, à la Chambre d’Agriculture. Pascal, tu es impliqué dans une CUMA. Comment vous impliquez vous dans la filière viande et pourquoi ?

Avec nos différentes implications par ailleurs, le temps pouvant être imparti à la filière viande est réduit comme peau de chagrin. Nous participons à des journées d’animation organisées par UNEBIO au sein des grandes surfaces afin d’aller au-devant des consommateurs et de pouvoir les informer sur la bio voire parfois leur ôter de fausses idées. Nous avons la partie amont. Il est bien de pouvoir rencontrer le consommateur et d’échanger avec lui sur ses attentes. Ce dernier a d’ailleurs énormément de questions. Ces journées servent également à promouvoir notre filière. C’est notre rôle si l’on veut que celle-ci évolue. Ces journées sont très intéressantes. Certaines personnes peuvent être hyper convaincues, d’autres absolument pas. On sait qu’on va ramer avec ces derniers mais c’est aussi un challenge !

Qu’apportent les filières à votre commercialisation ?

En passant par les outils collectifs (coopérative, UNEBIO), quand il y a une marge, celle-ci est redistribuée. Il est plus facile également de remonter les soucis qu’il peut y avoir. Le système est bien rôdé. Ça nous apporte une stabilité physique et morale.

Que diriez-vous aux nouveaux bios et à ceux qui se posent la question de la bio?

Il faut garder en tête que le bio ce n’est pas un conte de fées. Nous aussi, nous avons des mauvaises années avec des baisses de rendement. Mais le fait d’être en filière permet d’avoir une stabilité  que nous n’avions pas avant. Ainsi, il est nécessaire de s’impliquer pour voir comment ça se passe. Certes, on ne peut pas s’impliquer partout mais il faut s’impliquer un peu dans les filières. Cela nous permet de prendre du recul sur le métier et de comprendre ou au moins d’avoir un éclairage sur les problèmes qui peuvent exister. De plus ça nous motive et ça motive les gens qui travaillent avec nous (chargés de mission, technicien) !

Unébio

1er outil de commercialisation de viandes 100% bio (bovine, ovine, vitelline, porcine et volaille) en France, gouverné par les éleveurs. Les valeurs défendues par les 2500 éleveurs du réseau sont : des prix stables, de la solidarité (gouvernance par les éleveurs), de l’anticipation (planification), de l’expertise (100% bio, équilibre matière,…) et de la réactivité (adaptation et développement dans tous les circuits de commercialisation).