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J’ai d’abord eu un cursus universitaire que j’ai terminé par un Master en économie sociale et solidaire.
J’ai un peu travaillé sur la ferme de mon père. Alors je me suis lancée et j’ai repris des études pour obtenir un BPREA afin d’avoir un diplôme agricole. Durant cette période de 2 ans, j’étais en stage chez Mathilde et Nicolas Ferri à Pontfaverger-Moronvilliers.
Ensuite, je me suis installée sur une partie de la ferme de mes parents. Cette année [2016], c’est la 3ème saison depuis mon installation, en bio directement. Mon père avait cultivé de la luzerne bio sur les parcelles où je me suis installé, mes premières productions étaient ainsi certifiées. J’ai également des surfaces en conversion.
Je n’ai pas fait le choix des grandes cultures car je ne voulais pas passer mon temps dans un tracteur. Je préfère le travail de maraîcher au contact direct avec la nature et des consommateurs. C’est très polyvalent et il y a beaucoup de possibilités pour diversifier le travail. J’essaie de motiver ma petite sœur pour venir travailler sur la ferme mais pour le moment ça ne l’intéresse pas.
D’abord par conviction, je ne me vois pas proposer des produits que je ne consommerai pas moi-même. Le label bio est un vrai repère pour les consommateurs qui souhaitent consommer des produits sains. C’est pour eux un gage de qualité. J’ai fait ce choix aussi pour la protection de l’environnement et de la biodiversité. A ce titre, j’accueille parfois des animations de la LPO. D’un point de vue économique, ça permet de générer un prix parfois un peu plus élevé mais plus juste et de mieux valoriser mon travail.
Toute seule mais mon mari, qui est mécanicien agricole m’aide beaucoup : pour le montage des serres, l’entretien du matériel, la création de nouveaux outils…Mes parents m’aident également au moment des récoltes et pour le désherbage. J’accueille des stagiaires (trois à quatre par an), plutôt en printemps/été et ça aide aussi. Actuellement, j’ai un projet d’accueil de woofeurs avec bungalow installé récemment qui est presque prêt.
Ce travail est une passion avant tout et j’y suis en permanence. Je travaille environ 50 à 60 heures par semaine. Je suis au jardin le week-end si nous n’avons rien de prévu. En hiver, c’est un peu plus calme mais il y a quand même beaucoup choses à faire. J’ai aussi une petite fille, elle vient souvent avec moi au jardin, pour l’instant ça lui plaît. J’espère que ça va durer (Rires).
Mon projet c’est vraiment l’AMAP, il faut pouvoir produire les légumes de base (pommes de terre, carottes, …) même si les gens sont curieux avec les légumes anciens, je suis restée dans la simplicité. Je programme mon assolement en fonction du nombre de paniers que je veux pouvoir fournir. Je divise la surface en micros parcelles et au sein de ces micros parcelles, je tourne entre légumes feuilles, légumes racines, légumes fruits. J’installe des engrais verts dans la rotation (ex: avoine féverole avant les poireaux). J’utilise un peu d’engrais organiques provenant du commerce mais le but est d’utiliser uniquement du fumier composté issu d’un centre équestre voisin. Je fais tous mes plants sauf pour les poireaux et tout ce qui est bulbeux. J’ai une serre de semis (non chauffée mais câbles chauffés).
J’ai des parcelles à deux endroits différents : une parcelle principale, avec de la terre blanche, pas très riche, facile à travailler, mais elle sèche très rapidement donc pour l’irrigation j’ai un puits et une pompe. J’ai une autre parcelle au bord de la rivière qui ne nécessite pas d’irrigation. J’adapte donc les cultures en fonction des parcelles.
Techniquement, j’ai principalement appris chez Mathilde et Nicolas. Mais j’apprends aussi en visitant d’autres exploitations (on s’échange des idées entre producteurs) et en accueillant des jeunes en BPREA.”
Je vends 20% de mes produits directement à la ferme, tout le reste est vendu en AMAP. C’est Mickaël DIDON et moi qui sommes à l’initiative de l’”Amap du Mau bio” mais notre but est de laisser les consommateurs s’approprier l’outil et que progressivement, les producteurs s’effacent dans la gestion. Il y a une soixantaine d’adhérents. L’AMAP ne propose que des productions bio.
Je fournis 35 à 40 paniers 1 fois par semaine ou tous les 15 jours. Mon objectif, c’est d’arriver à 70. Il faut développer la communication mais le plus efficace c’est le bouche à oreille. Le lieu de rendez-vous de l’AMAP est dans la cour de l’église Saint Antoine à Châlons-en Champagne, les jeudis soir.
Pour l’instant, j’ai la tête dans le guidon, je n’ai pas le temps de m’intéresser aux problématiques actuelles. Mes clients sont en général déjà convaincus, certains sont contre le bio en grande surface, d’autres pensent que c’est mieux que rien. Avec le groupe de maraîchers bio de la Marne, nous parlons surtout technique, il y a une bonne dynamique et c’est motivant. Souvent en maraîchage, on manque de temps pour prendre du recul, pour se former. Enfin, globalement, je constate que ça progresse, que nous sommes plus nombreux à produire bio même si je suis un peu seule dans mon secteur.
Je ne me suis pas versée de revenus les deux premières années de mon installation, en ce moment ça commence un peu. Mon objectif principal reste les 70 paniers que je souhaite fournir, ils me permettront de me dégager un SMIC. Je pense aussi monter d’autres serres d’ici un ou 2 ans. La transformation des produits m’intéresse mais c’est pour plus tard, dans plusieurs années.
Témoignage initialement paru dans l’Abrégé n° 72 de l’été 2016, le magazine de la FRAB Champagne-Ardenne.
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