Christian et Marie-Laure Daniellou – Pomme – Finistère

Nous souhaitions proposer un produit sain à nos clients

Marie-Laure et Christian Daniellou sont  propriétaires de la cidrerie artisanale Séhédic à La Foret Fouesnant dans le Finistère. En 1997, Marie- Laure reprend, avec son mari Christian, l’entreprise familiale créée en 1950 par son père François Séhédic. En 2005, ils ont fait le choix de certifier les vergers en agriculture biologique puis la cidrerie.

Crédit : Matthieu CHANEL, Agrobio 35

Pourquoi avoir fait le choix de la conversion bio ?

Crédit : Matthieu CHANEL, Agrobio 35

Nous n’avons pas fait le choix de la bio pour des questions de débouchés : l’alimentation bio nous intéressait déjà en tant que consommateurs. Par ailleurs, nous avons toujours exploité nos vergers de manière responsable. Par exemple, nous n’utilisions pas d’engrais chimique, ni ne traitions avec des pesticides, car nous souhaitions proposer un produit sain à nos clients. Nous avons entamé notre démarche de certification en 2005. Lorsque nous avons pris connaissance du cahier des charges bio, nous nous sommes rendu compte que, dans la pratique, nous remplissions déjà les conditions. En trois ans, nos vergers ont donc été convertis en bio, puis nous avons également converti la production. Quant au pommeau AOC, nous ne l’avons pas certifié, les délais pour le produire (vieillissement) nous amenant à un premier produit commercialisable en bio vers 2016.

La ferme en quelques mots

Ferme de Kertoban «Cidrerie Séhédic»  – La Forêt-Fouesnant (29)

Effectifs sur la ferme : 5 UTH + 1 saisonnier

Surfaces et productions :

  • 18 hectares de verger, 35 variétés de pommes,
  • 6 cidres différents, 3 types jus de pommes, confit, vinaigre, eau de vie et pommeau AOC,
  • 200 à 300 000 bouteilles par an

Débouchés :

  • 1 magasin de vente directe et commercialisation en restauration,
  • grande et moyenne distribution, cavistes, magasins spécialisés bio, exportation

Quelques dates :

  • 1997 : Installation sur la ferme des parents de Marie-Laure
  • 2005 : Conversion engagée

Comment ont évolué vos résultats techniques et économiques ?

Nos résultats techniques et économiques ont très peu varié. Nous avons toujours bien vendu nos produits : actuellement, entre 2 et 3€ la bouteille de cidre. En revanche, la conversion a été un bon moyen de sortir du débat sur les prix pour le recentrer sur la qualité. La production de cidre et de ses dérivés est coûteuse et demande de multiples équipements. Les normes alimentaires actuelles nécessitent un suivi rigoureux intégrant un procédé structuré et des contrôles réguliers de la production (analyses). La course aux prix les plus bas n’a plus lieu d’être : nous avons fait le choix de la qualité et de l’originalité des produits. Nous n’avons pas augmenté nos tarifs parce que nous sommes passés en bio. Ce qui a changé, c’est plutôt la relation avec les consommateurs.

 » Il ne faut pas passer en bio uniquement pour gagner plus  »

Christian DANIELLOU

Un conseil pour les candidats à la conversion ?

Il est toujours complique de donner un conseil car chaque cas est un unique. Je crois qu’il faut d’abord être fier de ce que l’on fait et de ce que l’on produit et de la façon dont on le fait. Il est nécessaire d’être sensible à la question du naturel dès le départ. Il faut commencer, avant la conversion, par arrêter d’emblée d’utiliser certains produits qui ne sont pas autorisés en bio. Et il ne faut pas passer en bio uniquement pour gagner plus. Concernant la production de pommes, je ne pense pas qu’il soit possible de convertir un verger qui est boosté avec des produits depuis 15 ans et qui a été implanté sur une terre amendée de substances chimiques pour augmenter les rendements. Le sevrage serait catastrophique.

Quel impact la conversion a-t-elle eu sur votre temps de travail ?

Récolte des pommes sur la ferme. Crédit : Mattieu CHANEL, Agrobio 35

Notre temps de travail n’a pas vraiment augmenté. Je passe un peu plus de temps à faire des papiers administratifs ou à tenir le cahier de culture et de cave. Mais nous étions déjà habitués à cela du fait de notre activité de production de boissons alcoolisées et de la labellisation en AOC du pommeau.

Comment vous êtes-vous armé pour la maîtrise des maladies ou des ravageurs ?

Nous avons toujours laisse les vergers vivre un peu par eux-mêmes. Nous fonctionnons avec un technicien privé qui vient deux fois par an faire un contrôle et préconiser des solutions, des traitements à suivre. Néanmoins, j’ai un souci récurrent : l’anthonome, qui revient tous les ans en mars. Il pond ses larves dans les bourgeons. La larve mange alors la fleur depuis l’intérieur, ce qui nous cause toujours de nombreuses pertes. Il n’existe à ce jour quasiment aucune solution de traitement autorisée en bio pour les pommiers attaqués par l’anthonome. Nous essayons maintenant d’orienter nos choix vers des variétés de pommes qui sont moins sensibles à ces problèmes. Les vergers de pommes à cidre demandent un suivi moins rigoureux que pour des vergers de pommes à couteau ou le calibre et l’aspect sont très importants.

 

Témoignage extrait du cahier « Itinéraires de conversion en Agriculture Biologique » édité en 2010, une publication du réseau FRAB et GAB de Bretagne