Terres de Ciel

Présentation de la ferme
Jérôme KELLER
- 87300, Peyrat de Bellac
- Brebis laitières & transformation fromagère, maraichage et production de semences, chevaux d’élevage, cultures de céréales autoconsommés, chambres d’hôtes
- SAU : 50ha
- 1,3 UTH + 0,5 UTH pour les chambres d’hôtes
- Vente directe (Chevaux, légumes et fromages), Agrosemens et Germinance (semences potagères)
- En bio depuis 1992
- Bocage limousin
Les bonnes pratiques mises en place
Les infrastructures agroécologiques présentes sur la ferme
Les IAE ligneuses
- Présence de nombreuses haies plus ou moins anciennes (5,25 km de haies) et de bosquets (1,93 ha) sans parler des alignements d’arbres (des pommiers sont notamment présents sur la zone de maraichage) qui font que les surfaces en IAE représentent en définitive 20% des surfaces de l’exploitation.
Les IAE herbagères
- Prairies naturelles : 36 hectares de prairies naturelles diversifiées dont 10,5 ha de zones humides
Les IAE aquatiques
- 1 petit étang pour l’abreuvement
- 2 ruisseaux
Eléments notables sur leur composition, leur gestion
- Sur la ferme, la priorité est donnée à la préservation des espaces sauvages et à l’adoption de pratiques agricoles qui respectent la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes. Dans cette optique, l’entretien des haies est minimal, afin de laisser ces zones naturelles se développer, tout en offrant un refuge à la faune locale. Les haies sont ainsi très fournies et peuvent mesurer jusqu’à une dizaine de mètres de large.
- Les zones humides ne sont broyées qu’une fois tous les deux ans.
Les pratiques agronomiques favorables à la biodiversité
Limitation du travail du sol
- En maraîchage, l’objectif est de limiter l’impact sur le sol, avec l’utilisation de traction animale pour le travail du sol. Cette méthode préserve sa structure et sa fertilité.
- Le pâturage des porcs avant la mise en culture est une méthode complémentaire pour préparer le sol en maraîchage, alliant fertilisation naturelle et aération du terrain.
- De plus, le choix de travailler en non labour pour les cultures céréalières, avec simplement des outils à dents comme la herse étrille, permet de maintenir la vie du sol.
Taille des parcelles réduites
- Des parcelles jugées trop grandes sont redécoupées ; une taille de 2 à 3 hectares maximum est en général visée.
Diversité des cultures
- En céréales, mélanges seigle/pois et avoine/féverole ;
- En maraichage et en semences, culture d’une quinzaine d’espèces pour une vingtaine de variétés pour chaque atelier.
Alternatives aux avermectines
- Aucune utilisation de traitement chimique. Les traitements sont effectués principalement avec des teintures mères mais aussi avec des huiles essentielles.
- La gestion du pâturage est primordiale pour lutter contre le parasitisme.
- Un vide sanitaire d’au moins quatre mois est observé sur prairies.
- La génétique du troupeau est également travaillée afin qu’elle soit propre à la ferme. A cette fin, quasiment aucun animal n’est acheté à l’extérieur pour garder des animaux adaptés à l’environnement de la ferme.
Semences CMS
- Pas d’utilisation de semences CMS
Gestion de la fertilité des sols
- La gestion de la fertilité repose sur une rotation des cultures adaptée, où les légumineuses, les prairies apportent naturellement des nutriments au sol. L’objectif à long terme est de développer des prairies permanentes, avec des sursemis de légumineuses pour enrichir encore davantage les sols.
- Enfin, l’utilisation d’un semoir combiné à la herse étrille permettra d’optimiser les semis et de favoriser une couverture végétale saine et durable.
- Le fumier de l’exploitation est quant à lui utilisé sur l’atelier maraichage pour fertiliser les cultures.
Races / variétés locales
- Merens, Manech, variétés anciennes pour le maraichage et les semences (biodiversité cultivée)
Sensibilisation / Accompagnement
- Pas de liens à ce jour avec des associations naturalistes locales, mais un rapprochement avec le CEN pourrait être initié pour travailler sur les parcelles humides.
- Participation au groupe prairie diversifiées CAPFLOR issu d’un GIEE. Ces prairies sont densément semées d’une quinzaine d’espèces fourragères. Elles ont vocation à produire beaucoup de ressources pour l’alimentation du troupeau dans le temps (longue durée de vie des prairies couplée à une forte productivité)
- Jérôme est mandaté FNAB pour la biodiversité ; veille informationnelle auprès de l’ITAB.
FOCUS
LA TRACTION ANIMALE sur le jardin maraicher
Dans le cadre de la gestion du travail du sol en traction animale, l’objectif principal est d’améliorer la fertilité en augmentant la vie du sol. Pour cela, il est essentiel de ne pas tasser le sol et de favoriser l’intégration de la matière organique en surface. Un sol bien entretenu, sans tassement, peut ainsi devenir autosuffisant en termes de fertilité.
Aujourd’hui, il existe des outils modernes adaptés à la traction animale qui offrent davantage d’efficacité pour maintenir un sol vivant et fertile. Par exemple, en ce qui concerne la formation des billons pour mes cultures, j’utilise une buteuse à disques, qui limite le tassement par rapport à un simple butoir, permettant ainsi une meilleure aération du sol.
Le dressage des chevaux et le travail avec les animaux nécessitent un temps d’adaptation, mais cela représente un choix agronomique réfléchi. Selon moi, le rapport productivité/efficacité penche en faveur de l’animal, car les outils utilisés sont très polyvalents et permettent une large gamme de travaux, y compris sur des terrains plus humides dans lesquelles les machines ne pourraient opérer. Comme je fais peu d’intervention, il n’y a pas de différence selon moi entre l’utilisation de l’animal et celle de moteurs car une partie du travail ne serait de toute façon pas faisable avec des machines. Il faudrait faire ces travaux à la main, or le cheval est capable de faire ce qui nécessite d’être fait à la main dans d’autres cas, si bien que je m’affranchi presque du travail à la main et fait quasiment tous les travaux au cheval.
De plus, le rapport surface/investissement nécessaire pour travailler avec des animaux est bien plus favorable que celui des machines, qui demandent un investissement beaucoup plus élevé. En termes de coût, un animal reste relativement peu onéreux, avec un prix d’environ 12 000 euros pour couvrir l’ensemble des tâches nécessaires (outils compris).
Pistes d’amélioration à travailler sur la ferme
- La couverture du sol n’est pas possible en maraichage dans ce système car il est très difficile, voire impossible, de détruire ces couverts de manière efficace avec la traction animale.
- Sur la partie céréales, Jérôme réfléchit à intégrer des prairies temporaires de courte durée entre les cultures de céréales en guise de « couverts ».
- Jérôme est en attente des échanges avec des associations naturalistes type LPO, pour voir ce qu’on trouve concrètement et réellement sur la ferme en termes de biodiversité afin d’en dégager des pistes d’amélioration.