S’installer en porc bio plein air

Publié le : 20 décembre 2024

Les 5 et 12 février dernier se déroulait en Haute-Vienne et dans le Lot une formation organisée par BioNA  à propos de la création et gestion d’un atelier de naissage en plein air. Cet article reprend le contenu technique et pratique de ces deux journées suivies par 10 éleveurs porteurs de projets ou déjà en activité d’élevage.

 

Le parcours administratif

Le premier volet se proposait de défricher le parcours administratif obligatoire en amont de toute création d’un élevage de porc de plein air. Les voici listés.

  • Formation référent BEA et biosécurité.
  • Déclaration BD porc,identification,registre
  • Demande ARS selon règlement sanitaire dptl si -49 animaux simultané
  • Dossier préfecture ICPE si + 49 animaux.
  • Permis de construire pour cabanes.
  • Permis transport animaux 4C
  • Déclaration des établissements préparant, transformant, manipulant, exposant, mettant en vente, entreposant ou transportant des denrées animales ou d’origine animale
  • (CERFA 13984*03) (DDPP)
  • Déclaration agrément ou dispense (DDPP) pour abattage en ferme
  • Notification Agence Bio.

Des techniques d’élevage spécifiques

Les principaux éléments de la réglementation AB en vigueur :

  • Seules la monte naturelle et l’insémination artificielle sont autorisé La synchronisation des chaleurs et le transfert d’embryon sont interdits.
  • Anneau sous dérogation
  • Conduite en bande et 8 jours autorisés en cage allaitement.
  • Castration – 7jours sous anesthésie-analgésie et sous dérogation
  • Sevrage 42 jours
  • Parcours pas plus de 24 mois et vide sanitaire de 7 semaines.
  • Chargement de 6.5 truie/ha/an

La conduite en bande obligatoire

Selon la date de sevrage choisie et allant de 42 à 49 jours la conduite va se différencier car plus il y a de bandes plus l’intervalle entre bande va diminuer.

Dans un atelier de naissage, le travail est rythmé par la succession de trois activités régulières : le sevrage, les inséminations ou lutte naturelle et les mises bas. L’organisation du travail autour de ces trois activités dépend du choix de la conduite en bandes.

La conduite en bandes permet d’avoir des groupes d’animaux de taille identique au même stade physiologique. Cette pratique permet donc une synchronisation des chaleurs et des mises-bas des truies ce qui facilite grandement la surveillance, les pratiques d’adoption. Un autre objectif est d’avoir des sevrages groupés pour constituer des lots de porcelets d’âge identique.

Le cycle de reproduction

Le cycle de reproduction de la truie est composé de 3 éléments : durée de lactation / intervalle sevrage-insémination / durée de gestation. La durée de gestation est de 114 jours, et l’intervalle sevrage-insémination est relativement constant autour de 5 jours. C’est donc la durée de lactation (choisie par l’éleveur) qui peut faire varier la durée du cycle reproduction.

En production biologique, bien que l’âge minimum au sevrage soit de 40 jours, le sevrage est plutôt réalisé à 42 jours ou à 49 jours, c’est un dire un multiple de 7 jours, pour que le sevrage soit toujours réalisé le même jour de la semaine.

Ainsi la durée du cycle complet de reproduction d’une truie biologique est de :

  • 23 semaines (161 jours) avec 42 jours de lactation
  • 24 semaines (168 jours) avec 49 jours de lactation

Choix de l'âge au sevrage

Avec un sevrage à 42 jours, les intervalles entre bandes seront toujours irréguliers, car le nombre 23 est un nombre premier (il n’est pas divisible par 3 ou par 6 par exemple). À l’inverse, avec un âge au sevrage de 49 jours, les intervalles entre bandes seront réguliers dans la majorité des cas car le nombre 24 est divisible par 3 (3 x 8) ou par 6 (6 x 4).

Le logement est la priorité

C’est la manière dont sont logées les truies qui va en grande partie influencer sur les performances d’un élevage de plein air. Le nombre de porcelet sevré qui doit à minima être de 10 par mise bas dépend en priorité de l’environnement de vie de la truie. Ainsi le lieu d’établissement des cabanes doit être choisi avec soin afin d’éviter les zones argileuses, trop pentues ou mal orientées par rapport au soleil et aux vents.

La nature du terrain

La nature du terrain va ainsi permettre ou non l’alimentation en extérieur des animaux. Dans certains contexte il est possible sans trop de gaspillage d’alimenter les animaux au sol alors qu’en situation plus fraiche et profonde il faut soit avoir des auges fixes et couvertes ou mieux nourrir les animaux à l’intérieur des cabanes. Cette option oblige à redessiner en entier le logement avec des hauteurs de construction permettant à l’éleveur de se tenir debout ce qui offre également de meilleures conditions de travail lors des sevrages ou interventions diverses telles que la castration. De même un sol de type causse permet de ne pas plancher les cabanes alors qu’ailleurs il est conseillé de le faire.

L’aménagement des cabanes

Pour la truie se sera l’endroit où se déroulera la mise bas moment crucial pour la réussite ou non du projet. Un apport de paille restreint est conseillé afin d’éviter les écrasements surtout avec des cochettes inexpérimentées. Un nid à porcelet qui peut être chauffé si les cabanes ne sont pas isolées est obligatoire puis cet espace évoluera en parc ou les porcelets seront nourris (avec l’aliment de la mère) ce qui facilitera grandement les sevrages.

Pour le choix des cabanes, l’essentiel est d’adapter la cabane au gabarit de la truie.

Elle doit pouvoir avoir l’espace suffisant pour se retourner. En maternité, elle doit pouvoir également façonner le nid pour elle et ses porcelets. Sur le parc, positionner l’entrée de la cabane à l’opposé des vents dominants.

Le parcours a deux fins

Il est en effet possible de considérer le parcours comme une aire d’exercice minimaliste exigée par le cahier des charges  ou comme un apport nourricier permettant une économie d’aliment concentré. Quoi qu’il en soit le parcours doit toujours être végétalisé afin d’éviter l’érosion et la pollution des sols.

Les parcours végétalisés sont vitaux pour le BEA par l’apport d’une alimentation diversifié,fibreuse qui calme et occupe les animaux.

CAS DAR Valorage

Le CASDAR Valorage piloté par la CAPL et l’ITAB a montré qu’une économie de 10% du volume de concentré environ peut être économisé en proposant des parcs enherbés riches en légumineuses aux truies conduites alors comme des vaches laitières avec accès limité dans la journée et avec respect des hauteurs d’entrée et de sortie des animaux.

La biosécurité

Incontournable ce volet oblige après le suivi d’une formation ciblée à la mise en place de clôtures sécurisées et clairement réglementées,de SAS d’accès et de 3 zones délimitant les activités publics,professionnelle et d’élevage.De plus il faut prévoir une zone d’équarissage,de quarantaine  et de chargement des animaux.

Article inspiré d’une publication de Profil Bio, par Fabrice Roche – Bio Nouvelle Aquitaine