Savoir-faire : Couverts de plein champ mis en place sur la saison

Publié le : 19 décembre 2024

À côté de travaux en station expérimentale, la question des couverts est présente aussi au sein du réseau FNAB, avec des démonstrations par et pour les producteurs et productrices. L’usage des couverts en bio est fortement recommandé, et nécessite des essais et du savoir-faire, car c’est l’un des piliers de la fertilité des sols. C’est ce type d’essais paysans qu’a développé le GRAB Bio Hauts-de-France, sur la région picarde. En effet, depuis 6 ans, Valentin Dubois, technicien du GAB sur la région picarde et nord, met en place des essais paysans autour de l’usage des couverts en mono-espèce et en multi-espèces, sur des fermes volontaires.

Couvert sorgho-vesce-phacélie le 16 aout (78 jours)

Objectif : biomasse !

Une des expérimentations concerne un couvert de saison, mis en place fin mai après les cultures d’hiver ; le souhait est de faire un couvert multi-espèces pour produire de la biomasse en été, puis le laisser se décomposer pour couvrir le sol en hiver, avant une culture de printemps l’année suivante.

Le choix des espèces s’est porté sur :

  • du sorgho : forte biomasse et capacité de croissance, avec une capacité de production de matière verte de 30T/ha (sous abri),
  • de la vesce velue : légumineuse à vrilles, moins rapide à lever mais produisant davantage de biomasse que la vesce commune,
  • de la phacélie : pour son rôle de comblement dans la strate inférieure.

Sur une dose totale de 140kg/ha, le mélange semé est composé de sorgho à 65% (90kg/ha), de vesce à 27% (37kg/ha) et de phacélie à 10% (13kg/ha). Pour gagner du temps, l’objectif est de semer en un seul passage, à une profondeur de 2-4 cm, après une simple préparation à la herse rotative.

Afin de rester sur la gamme de matériel de maraicher, le semis du couvert a été fait avec un semoir Ebra, sur 12 rangs par planche de 75m². Sur une surface de 3 planches (225m²), 2h30 de travail au total ont été nécessaires. Le mélange comportant des grosses graines (vesce) et des petites graines (sorgho, phacélie), le semis a été effectué avec le disque (code 10M8) pour les grosses graines, avec un poquet tous les 12 cm.

Après une levée et une première phase de croissance, le couvert se développe bien, avec la phacélie en bouche trou : seules des amarantes dépassent du couvert.

Ce couvert est broyé une première fois au bout de 2 mois. Ce broyage n’est pas supporté par la phacélie, qui ne repousse pas, au contraire de la vesce, dans la mesure où le broyage n’est pas trop agressif et au-dessus de 10 cm. Néanmoins, d’autres phacèlie germent de nouveau après broyage.

Après broyage, dans l’idée de concurrencer davantage l’amaranthe, un sur-semis de sorgho et de vesce est effectué rapidement à la volée, portant ainsi les doses apportées à 140kg/ha de sorgho et 76kg/ha de vesce, des doses fortes mais habituelles pour les couverts en grandes cultures.

Semoir manuel Ebra, ou semoir à céréales (Nodet)

Une mobilisation estimée à 85 unités d’azote

Au bout de 78 jours, le 16 août, le couvert est broyé une deuxième fois, il atteint 1,10 à 1,30m, avec une biomasse verte de 34T/ha. Après ce deuxième broyage, réalisé par un broyeur à couteaux, seul le sorgho a pu repousser ; la hauteur du broyage pose question, passer les couteaux au-dessus de 10 cm aurait pu laisser repousser la vesce. En novembre, sur un couvert de 1,50m de haut, il est couché par un passage au double rouleau ; très gélif, le sorgho ne se relève pas (gelée même légère à -2°C).

L’évaluation du gain est approchée via la méthode MERCI, appliquée uniquement sur le sorgho ; ce couvert piège 85 unités d’azote total dans 3T/ha de matière sèche, soit une restitution de 35 unités d’azote, 10 unités de phosphore et 85 unités de potassium. À ces chiffres devraient s’ajouter les apports non estimés de la phacélie et de la vesce.

8 novembre : couchage du couvert (hauteur 1,50m)

Fort de cette expérimentation-démonstration, plusieurs perspectives apparaissent :

  • augmenter les dosages, et améliorer la répartition entre les espèces dans le mélange (davantage de sorgho et de vesce, moindre dosage de phacélie)
  • tester le broyage au-dessus de 10 cm, afin de préserver vesce et phacélie
  • tester d’autres modalités de semis : changer de disques de semoirs, et jouer sur les réglages

D’autres essais en cours

En 2024, un essai très ambitieux a été mise en place, sur un bloc de 7000m² divisé en 3 blocs. Sur un mélange semé en mai-juin de sorgho, phacélie, vesce velue, l’objectif de cet essai est là encore la production de biomasse, en regardant aussi l’effet sur la structure du sol et sur la réserve utile en eau.

Trois modalités différentes de destruction sont prévues :

  • fauchage en été, puis couchage automnal, puis reprise au printemps ;
  • broyage fin aout, incorporation puis re-semis d’un couvert automnal à base d’avoine rude, féverole, phacélie, pour une destruction en décembre ;
  • broyage sans incorporation, puis reprise au printemps.

Afin de comparer ces modalités, des mesures de reliquats (via Nitracheck) sont à réaliser, avant implantation puis après destruction (au bout de 6 semaines).

A suivre…

 

Rédaction : Valentin DUBOIS, Bio Hauts de France ; mise en forme Manu Bué, GAB29