Réussir une culture après un couvert végétal hivernal développé en bio

Publié le : 1 août 2019

Les Groupes Innovent en Bio !

Une démarche agro-écologique dans le Gers

Les collectifs sont des lieux propices à l’innovation et aux transferts de pratiques entre agriculteurs conventionnels et bio. Plusieurs groupes ont répondu à un appel à communication de la FNAB avec le soutien d’Ecophyto pour valoriser les démarches innovantes qu’ils mènent sur des thématiques liées à la réduction d’usage des produits phytosanitaires et du désherbage chimique, ou en vue d’innover sur des techniques compatibles avec la réglementation de l’agriculture biologique.

Territoire | Gers
Bassins versants concernés | bassin versant de la Garonne
Date de constitution du groupe | 09/2016
Taille du groupe | Nombre de producteurs : 12 | dont en non bio : 0 | en conversion bio : 0 | en bio : 12
Dispositif : DEPHY
Structure animatrice : Les Bios du Gers – Gabb32 – 93, route de Pessan – 32 000 AUCH | Contact : Anne PERREIN – 09 72 55 41 22 – 07 68 52 86 99 – animatech@gabb32.org
Producteurs du groupe qui peuvent être contactés pour plus d’informations
Jean-Jacques GARBAY | 06 75 70 60 44 – garbay.jj@wanadoo.fr
Georges JOYA | 06 28 32 40 88 – gjoya@hotmail.fr
Bernard SOLON | 06 24 41 08 96 – bernard.solon@orange.fr
Alain CARTIER | 06 44 27 27 22 – earl.cartier@alsatis.net

Un groupe pour sécuriser et fiabiliser les pratiques des couverts végétaux utilisables en AB.

L’objectif est de pouvoir pérenniser cette pratique sur les fermes grâce à des résultats économiques satisfaisants.

L’implantation des couverts végétaux hivernaux est globalement assez bien maîtrisée. La principale problématique reste la maîtrise de la destruction ou restitution mécanique des couverts végétaux hivernaux au printemps. Afin de trouver pour chacun le meilleur compromis entre un couvert végétal qui apporte un maximum d’effets bénéfiques sur le sol, donc au moins avec 4-5 T de matière sèche /ha (matière organique, vie et structure du sol, sa fertilité) et en même temps ne pas compromettre la réussite de la culture qui suit. Le groupe d’agriculteurs en grandes cultures s’est donc constitué pour suivre différents essais et trouver ensemble les meilleures alternatives pour travailler le plus superficiellement possible (voire en semis direct) la gestion des couverts végétaux et le semis de la culture suivante.

S’approcher au plus près de l’agriculture biologique de conservation (ABC)

Les objectifs du groupe d’agriculteurs sont doubles :

  1. Préserver au mieux le sol (structure, activité biologique, matière organique, infiltration de l’eau, limitation de l’érosion, réserve hydrique…) voire (pour le semis direct ou très simplifié) limiter le nombre et le coût des passages sur les parcelles

  2. maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique

Cette innovation concerne une majorité des agriculteurs du groupe mais pas tous. Ils en sont à des stades différents par rapport à la simplification du travail du sol

Mise en place d’essais et d’échanges

Le groupe réalise régulièrement des visites de parcelles et des présentations de matériel des agriculteurs les plus avancés sur la simplification du travail du sol.
L’animatrice suit des essais réalisés spontanément par les agriculteurs du groupe (semis direct en particulier) avec photos, itinéraires, commentaires et enseignements de l’expérience partagés aux autres membres du groupe. Enfin, lorsque des besoins de formation/d’échanges sont identifiés, le groupe fait appel à des interventions extérieurs (rencontre avec Jean-Pierre SARTHOU, chercheur à l’INRA de Toulouse sur l’agriculture de conservation, rencontre avec le groupe DEPHY « Agriculture de conservation » du Tarn).

A partir d’éléments strictes de l’Agriculture de Conversation, le groupe essaye de mettre en place des pratiques similaires, comme par exemple :

[AGRICULTURE DE CONSERVATION] Une diversité des espèces cultivées dans le temps (rotation) et/ou dans l’espace (association d’espèces) : au minimum 3 espèces appartenant à 3 familles différentes, en privilégiant les associations d’espèces, au moins en ce qui concerne les couverts végétaux. Intégration si possible de légumineuses.

[PRATIQUES DU GROUPE]  Cela est le cas pour tous les membres du groupe.

[AGRICULTURE DE CONSERVATION] Une couverture organique permanente du sol : par du mulch ou par une plante en développement (culture principale, couvert végétal). La couverture du sol par le mulch doit être au minimum de 30 % de la surface, et ce dès le semis.

[PRATIQUES DU GROUPE]  Cela est compliqué en bio. Le semis direct, qui le permettrait, est encore très exploratoire en bio. Les différents passages pour la destruction/restitution du couvert ne permettent pas toujours d’avoir 30 % de couverture du sol par le mulch au moment du semis. En outre, trop de mulch peut impacter négativement le désherbage mécanique de la culture suivante. Tous les agriculteurs du groupe réalisent des couverts végétaux hivernaux (semis septembre-octobre et restitution généralement en avril). Certains implantent des couverts de trèfle dans les céréales au printemps (en mars-avril), ce qui permet notamment une couverture estivale. Les couverts estivaux (semés juste après moisson) sont difficiles à réussir en bio dans le secteur (très souvent des échecs). Avant une culture de printemps (lin, lentille, pois chiche), il est difficile de couvrir le sol (couvert végétal peu développé encore juste en sortie d’hiver et conditions difficiles pour le restituer début d’année). Entre une céréale et un lin par exemple, le sol peut être nu pendant 8 mois !

Semoir de semis direct à dents pointues

[AGRICULTURE DE CONSERVATION] Une perturbation mécanique minimum du sol de façon continue dans le temps. La définition de ce 3ème principe est actuellement interprétée de différentes manières dans le monde. On peut comprendre que le travail du sol soit autorisé, ou bien que cette perturbation minimum correspond uniquement au travail du semoir (il s’agit alors de semis direct dans ce cas).

Herse étrille rotative

[PRATIQUES DU GROUPE] Quelques agriculteurs du groupe ne travaillent plus que très superficiellement le sol (5-7 cm de profondeur), dont un avec du matériel spécifique adapté (déchaumeur à disques à pas variable qui permet de scalper très superficiellement ainsi qu’une herse étrille rotative, moins gênée qu’une herse étrille classique pour le désherbage mécanique en plein avec présence importante de résidus de couverts.)
Un essai a été réalisé par un agriculteur du groupe en 2017 et un second par un autre agriculteur du groupe en 2018 avec un semoir de semis direct à dents pointes JAMET, semis direct de culture d’été dans un couvert hivernal, pas de réussite pour le moment.

Les investissements financiers nécessaires pour le projet :

En amont de la mise en œuvre opérationnelle :

  • collecte des pratiques et résultats des différents agriculteurs
  • prise de photos
  • pesées de couverts végétaux

Des indicateurs de résultats techniques et économiques ont été définis :

Indicateurs techniques :

  • Maintien des rendements (sauf semis direct)
  • Durée de couverture des sols maximale
  • Profondeur de travail du sol minimale
  • Enrichissement des sols en carbone (bilan humique positif)

Indicateurs économiques :

  • Maintien ou amélioration des marges

Pour aller plus loin

Pierre SARTHOU – INRA : jean-pierre.sarthou@inra.fr (intervention à notre colloque annuel sur l’ABC en 2016, échanges avec le groupe)