Le syndicat « simples », présentation de son cahier des charges

Publié le : 12 mai 2021

Ayant son propre cahier des charges depuis plus de trente ans, le syndicat « simples » travaille en permanence à sa révision ainsi qu’à sa reconnaissance. Vous trouverez dans cet article, une présentation de ce cahier des charges et de ses évolutions notables de ces dernières années.

 

Depuis bientôt quarante ans le syndicat « simples » regroupe en France des dizaines de producteurs/cueilleurs à travers une façon de travailler et un état d’esprit commun. A l’origine, il ne s’agissait que d’une poignée d’hommes et de femmes, résidant en zone de montagne, cultivant et cueillant des « simples », autre nom donné aux plantes aromatiques et médicinales, d’où l’acronyme « Syndicat Inter-Massif pour la Production et L’Economie des Simples ».

Dans les années quatre-vingt, le syndicat « simples » fut l’un des pionniers des mouvements structurés de l’agriculture biologique, avec un cahier des charges reconnu par l’état qui fut même un temps contrôlé par les organismes de certification bio, à l’instar ce que fait encore aujourd’hui l’agriculture biodynamique avec « Demeter ». Aujourd’hui la marque « simples » est une SPG (Système Participatif de Garantie) (comme Nature & Progrès) avec un mode de contrôle par ses pairs qui garantit le respect du cahier des charges. Le cahier des charges est écrit et révisé par les producteurs eux-mêmes, ce qui lui permet de rester totalement indépendant.

 

Évidemment, dans ce cahier des charges, il ne s’agit que d’agrobiologie, mais il va au-delà d’une simple interdiction d’usage des produits de synthèse. Dans un souci de cultiver des plantes au plus proche des conditions qu’elles trouvent à l’état sauvage, et d’obtenir un maximum d’arômes et de principes actifs, les « simples » n’autorisent pas la culture sous serre ou sur bâche plastique par exemple. On ne peut pas mécaniser les récoltes, et n’utiliser que de l’outillage manuel pour nos cueillettes. Ces aspects font de ce cahier des charges, un gage de qualité pour le consommateur mais également un garde-fou contre l’agriculture intensive qui sévit désormais même en bio.

 

Le séchage, (préconisé entre 26 et 33° C et ne pouvant dépasser 38°C) et la distillation sont également encadrés. Les cueillettes se doivent de préserver la ressource naturelle, et l’achat/revente est très limité.

 

Le fait d’être maître de son cahier des charges assure aux simples de ne pas être soumis à des orientations extérieures non-voulues mais aussi cela leur permet de s’adapter à l’évolution du syndicat et des filières avoisinantes.

 

Par exemple, le syndicat depuis quelques années maintenant, n’est plus réservé qu’aux producteurs/cueilleurs des montagnes, et émergent ainsi des nouveaux « massifs » (nom originel donné à nos entités géographiques) tels que Bretagne, Normandie, Aquitaine… Partant du constat qu’une zone de montagne n’était pas forcément plus préservée de la pollution globale qu’ailleurs (on trouve du lindane dans l’air jusqu’au sommet du mont blanc…), il ne fallait pas pour autant que les nouveaux producteurs de « plaine » soient voisins et donc soumis aux pollutions locales directes plus nombreuses (routes et agriculture conventionnelle par exemple). C’est pour cela que depuis quelques années s’est mise en place une grille d’évaluation de l’environnement de la ferme, ainsi qu’un diagnostic par les plantes bio-indicatrices des terrains de culture, pour accorder la marque « simples » à tout nouveau producteur si son environnement le permet.

 

Composés principalement de petits producteurs en vente directe, dont beaucoup élaborent des produits à base des plantes qu’ils cultivent et cueillent, les « simples » se devaient d’être plus conséquents et plus précis concernant ces transformations alimentaires et cosmétiques.

 

Là encore, au-delà du cahier des charges de l’agriculture biologique, celui des « simples » oblige ces transformations à être composées uniquement de plantes issues de sa ferme (matière première auto-produite), et à être élaborées par le producteur sur sa ferme. Même si depuis le début, les intrants « Nature & Progrès » ou « Déméter » étaient privilégiés, on cherche à utiliser des intrants bio mais pas seulement : des huiles végétales bios issues de petits mouliniers le plus proche possible, des vinaigres bio non fabriqués par la méthode immergée etc…

 

Ce cahier des charges est en perpétuelle révision, il se confronte et s’adapte également aux réalités économiques et à l’état de certaines filières, il tolère encore un usage limité de terreau avec tourbe, il n’impose pas une origine française pour l’huile d’olive (car trop onéreuse encore) pour donner quelques exemples, et le syndicat est toujours en attente d’une filière pour l’alcool bio digne de ce nom.

 

En élevant le niveau d’exigence sur nos intrants utilisés, les produits transformés « simples » trouvent une cohérence qu’il n’y a pas ailleurs, et cette démarche sur les achats extérieurs s’inscrit également dans une volonté de sortir d’un système mondialisé et de défendre une autre vision de l’agrobiologie que pratiquent également les petits producteurs de ces intrants.

 

A notre connaissance, notre cahier des charges reste ce qui se fait de mieux concernant la production de ppam. Même si la grande majorité des producteurs « simples » est également certifiée en AB, en plus du réseau, de l’entraide, de la défense face aux législations contraignantes, les « simples » trouvent aussi une façon de s’engager plus loin dans l’agrobiologie à travers ce cahier des charges et la reconnaissance des SPG.

 

Ainsi le syndicat « simples » espère toujours être un acteur majeur des ppam bio, et d’être moteur pour tirer l’agriculture biologique des ppam vers le haut.

 

Article rédigé par Vincent Riquet

producteur simples et adhérent à bio15

 

Pour consulter le cahier des charges « simples » : https://www.syndicat-simples.org/le-cahier-des-charges/