Bonnes pratiques d’échantillonnage pour l’analyse des lots en herboristerie de gros

Publié le : 18 décembre 2017

Sous la pression du marché et des normes, le client demande bien souvent au producteur de PPAM de présenter des analyses, notamment sur les résidus de pesticides. Les analyses sont très chères (compter autour de 300 € par échantillon pour une analyse multi-résidus*), et seule une  petite fraction de la production part au laboratoire : l’échantillon. Il ne sert à rien de dépenser de l’argent pour analyser un « spécimen » pris au hasard par grappillage dans le tas de plantes.  Le prélèvement  de l’échantillon qui va représenter le lot doit se faire selon une méthode rigoureuse, afin de pouvoir accorder toute confiance aux résultats de l’analyse.

La CAB des Pays de Loire a recueilli le témoignage de  François Duveau, gérant associé de la société Adatris, sur la méthode d’échantillonnage mise en place depuis plusieurs années au sein de son entreprise, accompagné pour cela par l’association Phytolia.

« Un échantillonnage sérieux repose sur  trois piliers : 1/ définition d’un lot homogène 2/définition de la  méthode d’échantillonnage 3/ formation du personnel et enregistrement des opérations d’échantillonnage »

Une parcelle, une récolte = un lot

Par définition, un lot homogène rassemble les plantes d’une parcelle et d’une récolte (cette récolte pouvant s’étaler sur plusieurs jours). Si la taille du lot dépasse la capacité du séchoir,  celui-ci est séché en plusieurs fois.

Pour assurer une prise d’échantillon représentative du lot, un certain nombre de bonnes pratiques sont à respecter.

L’échantillon doit être représentatif : tous les éléments constitutifs du lot doivent avoir la même probabilité d’être sélectionnés (feuilles, tiges, feuilles brisées).

Quand échantillonner ?

On effectue des prélèvements  au cours de la production, par exemple en sortie de séchoir. En effet, il est beaucoup plus difficile voire impossible d’échantillonner correctement une grande quantité de plantes déjà conditionnées. Les prélèvements peuvent être réalisés au hasard, ou systématiquement avec un début au hasard, ou encore au hasard dans des intervalles constants définis.

Quel nombre de prises effectuer ?

Pour la représentativité, il est préférable d’effectuer un grand nombre de petits prélèvements plutôt qu’un petit nombre de gros prélèvements. Des textes officiels font consensus pour les engrais et amendements organiques ; on peut s’en inspirer pour les plantes séchées.  Par exemple, la norme NF 12579 recommande un nombre de points d’échantillonnage (N) défini comme suit : N = 0,5 x √ (volume du lot en m3 ou nombre de sacs), avec un minimum de 12 et un maximum de 30. L’arrêté du 8 décembre 1982** préconise un nombre de prises  élémentaires plus élevé : pour un lot de moins de 2,5 tonnes, il faut réaliser 7 prises élémentaires. Au-delà de 2,5 tonnes, le nombre de prises élémentaires (N) se calcule comme suit : N = √ (20 x masse du lot en tonnes), avec un maximum de 40 prises élémentaires au-delà de 80 tonnes. Par exemple pour un lot de 4 tonnes, il faut réaliser √(20 x 4) = 9 prises élémentaires.

La réunion de ces prélèvements constitue l’échantillon primaire.

L’étape suivante  consiste à diviser l’échantillon primaire en  un échantillon de taille facilement manipulable : l’échantillon secondaire.

Pour la réduction de l’échantillon primaire, il est recommandé de partager celui-ci, en utilisant par exemple la méthode des quartages : regrouper les prises élémentaires en les entassant en pyramide les unes sur les autres ; diviser en 4 ; éliminer les 2 quarts opposés ; former une nouvelle pyramide avec les 2  quarts restants, couper en 4 ; recommencer jusqu’à obtention d’une quantité manipulable, en général de 2 à 12 litres.

Au cours de la réduction, on veillera particulièrement à ne pas altérer les propriétés de l’échantillon et rester représentatif (présence de tous les morceaux, feuilles, tiges, brisures).

Les erreurs possibles lors de l’échantillonnage

  • la contamination par addition de matières étrangères (poussières) ;
  • la soustraction d’éléments  (envol de poussières) ;
  • l’altération de la composition chimique (oxydation) ;
  • l’altération de la composition physique (perte d’eau) ;
  • des fautes involontaires (chute d’échantillon, récupération approximative).

Enregistrer les opérations

L’étape de constitution de l’échantillon primaire est cruciale. Elle doit être accomplie selon une procédure écrite, par du personnel formé. Enregistrer les opérations fait partie des bonnes pratiques de la démarche qualité, et peut se révéler très utile en cas de problèmes avec les assurances.

Conservation des échantillons

Comme pour tous les produits alimentaires, la conservation d’un échantillon est obligatoire jusqu’à la DLC, éventuellement après une nouvelle réduction. Attention aux bonnes conditions de conservation : une petite quantité ne se conserve pas comme une grande, le risque d’oxydation ou de reprise d’humidité est accru. Prévoir une échantillothèque dans un lieu où les conditions d’humidité et de température sont maîtrisées.

Si le stockage du produit se prolonge plus de six mois, il faut prélever un nouvel échantillon.

Il revient à chaque entreprise de définir sa méthode d’échantillonnage et d’écrire la  procédure à mettre en œuvre. Garantir des échantillons représentatifs permet d’évaluer précisément les lots, donc de d’améliorer la confiance entre les différents acteurs de la filière.

* Lors d’une analyse multi-résidus, on recherche des traces de pesticides ou des molécules issues de leur dégradation ; en général plus de 500 matières actives peuvent être détectées et quantifiées

** Arrêté du 8 décembre 1982 « Modalités techniques du contrôle officiel des matières fertilisantes et supports de culture et vérifications auxquelles le responsable de la mise sur le marché doit procéder »