Thomas Perseval – Vigneron – Marne

J’ai une formation viticole. En 2002, j’ai travaillé chez d’autres vignerons. Je souhaitais découvrir un domaine en bio et en 2003, j’ai pu faire un stage passionnant chez un viticulteur biodynamique de Bourgogne. Lorsque je suis revenu à la maison, nous avons progressivement changé nos pratiques. Mes parents étaient ouverts pour travailler autrement, ce qui m’a permis d’avancer. Je me suis installé avec eux en 2005 pour travailler les vignes et le vin dans un savoir-faire artisanal et familial. Le domaine est certifié AB depuis 2012, j’ai proposé mes premières cuvées certifiées bio en 2015.

 

La ferme en quelques mots

  • SAU Vignes : 2,5 ha
  • SAU Cultures : 55 ha
  • Passage en bio :
    • 2009 pour les vignes
    • 2012 pour les cultures
  • Installation de Thomas : 2005
  • UTH : 2

Pouvez-vous nous présenter votre domaine et son histoire ?

Mes grands-parents étaient agriculteurs-éleveurs (vaches laitières et charolaises) et vignerons. En 1978, mes parents ont, en partie, repris la ferme. En 1986, ils ont arrêté l’élevage pour se consacrer au vin. Ils ont entrepris des travaux sur la ferme pour créer leur cuverie et cellier afin d’élaborer leur champagne sous la marque PERSEVAL HARTEEL. En 1994, ils investissent dans un pressoir traditionnel (ce qui m’a aidé lors de mon passage en bio).

Le domaine est constitué d’une activité céréalière et viti-vinicole. Il se situe à Chamery, une jolie commune traversée par la route touristique du Champagne au cœur du Parc naturel de la Montagne de Reims.”

Pourquoi avoir fait le choix de l’AB ?

Pour le respect de l’environnement et ma santé: En pleine saison, nous sommes chaque jour en contact avec la vigne. J’ai aussi beaucoup d’intérêt pour l’Agriculture Alternative : c’est un sujet qui me passionne et sur lequel nous échangeons beaucoup avec des amis. Plus qu’une simple démarche, le choix du passage en agriculture biologique correspond à ma conception de l’agriculture et de la viticulture à venir et d’avenir.

Comment fonctionne votre domaine sur le plan humain ?

J’ai travaillé avec mes parents jusqu’en 2014 : avec mon papa pour le travail de la vigne, du vin et des champs et avec ma maman qui assurait le développement de la vente directe. En effet, avant la certification nous produisions 25 000 bouteilles par an. Depuis le passage en bio, je fais 13 000 bouteilles. L’objectif est d’augmenter la qualité de mes productions. Le style de vin a changé, il s’est amélioré avec une concentration du fruit et une meilleure expression du terroir.

Maintenant, je travaille avec un salarié saisonnier à mi-temps, et mon papa qui est toujours présent pour le travail des cultures céréalières. Pour les vendanges, c’est un peu particulier, nous avons une équipe de 10 personnes pour 2 exploitations. Ainsi je cueille une journée sur deux, cela nous permet d’étaler la vendange et coller au plus près de la maturité.

Et sur le plan technique?

J’ai un tiers de chaque cépage (pinot noir, pinot meunier, chardonnay) répartis sur six parcelles en bas-coteaux et mi-coteaux sur des sols limons sableux, argilo-sableux et argilo-calcaire, cela me permet de créer des cuvées expressives en vinification parcellaire. La moyenne des parcelles est de 43 ares, ce qui me facilite le travail mécanique (surtout en année pluvieuse!). Les assemblages sont enrichis avec des cépages anciens (petit meslier, arbanne et pinot blanc), qui apportent complexité et authenticité à mes champagnes. Pour l’itinéraire technique viticole et agricole, j’ai suivi des formations avec la FRAB, et le GDV qui m’ont beaucoup aidé. J’applique des tisanes d’orties entre autres et des décoctions de prêle sur les vignes.

Depuis 2 ans, à l’automne, je fais des semis de plantes entre les rangs qui aèrent, fertilisent et augmentent la stabilité des sols. Nous appliquons aussi des extraits fermentés, en préventif, en début de saison. C’est un peu plus de passages, donc de travail, mais j’ai beaucoup de plaisir à travailler de cette façon.

Côté cave, je limite les opérations afin de préserver le fruit et l’aromatique du vin. Tous mes vins sont élevés sur lies et en barrique pendant huit à dix mois. Mes interventions sont minimes et j’essaie de réduire les sulfites afin de ne pas interférer dans le processus de vinification naturel. Je cherche à élaborer avant tout un vin de terroir tout en préservant le caractère et le fruit d’une année.

J’essaie d’alterner au mieux mon travail entre les deux activités, agriculture et viticulture, ce qui n’est pas toujours facile. En effet, bien souvent, quand c’est plus calme dans les vignes, il faut s’occuper des champs.

Qu’apporte l’activité céréalière à votre domaine?

Je suis attaché à la culture, j’ai un esprit vraiment paysan, respectueux de la terre. Je suis passionné par les techniques agricoles sans labour et de conservation des sols que j’aimerais transposer à la vigne. Les techniques agricoles alternatives évoluent vite et il faut s’en inspirer.

Quels sont vos débouchés ?

Pour la partie céréales, tout est livré à la coopérative Remoise Acolyance. Une partie des raisins produits est vendue au kilo à la maison de Champagne Leclerc-Briant.

Pour le champagne, je travaille avec des professionnels (cavistes, importateurs, restaurants) et des particuliers en vente directe. J’aime la relation directe avec les consommateurs amateurs, dialoguer sur leurs attentes, leurs impressions, etc… . Les gens sont très intéressés par cet aspect du terroir et de l’écologie. Avec le passage en bio, la clientèle est en phase de transition. Je développe de plus en plus de l’export.

J’ai participé à plusieurs salons : Bulles Bio en Champagne 2014 et 2015, les Champagnes Bio à Rome 2015, au Printemps des Champagnes 2016 avec le groupe «Des pieds et des vins » et au salon Bulles Bio à Copenhague fin octobre 2016. J’ai senti les effets de ces salons : j’ai eu beaucoup de contacts, je les laisse revenir vers moi, la distribution de mes champagnes débute bien. Le bon esprit entre vignerons est également présent, le partage de contacts se fait aussi dans ce sens.

Quels sont vos projets ?

Quand on est passionné les projets peuvent être multiples … J’aimerai vinifier tous les raisins produits sur l’exploitation et à moyen long terme transformer une partie des céréales en farine.

Se projeter c’est aussi voir l’avenir avec la nouvelle génération. J’ai donc aussi à cœur de passer du temps avec mes enfants.